Présidentielle: quand Zemmour «dédiabolise» Le Pen

Une pancarte "Arrêtez de répandre la haine, Monsieur Zemmour !" brandie lors d'un rassemblement contre la visite à Genève du journaliste français d'extrême droite Eric Zemmour le 24 novembre 2021. (Fabrice Coffrini / AFP)
Une pancarte "Arrêtez de répandre la haine, Monsieur Zemmour !" brandie lors d'un rassemblement contre la visite à Genève du journaliste français d'extrême droite Eric Zemmour le 24 novembre 2021. (Fabrice Coffrini / AFP)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Présidentielle: quand Zemmour «dédiabolise» Le Pen

  • Marine Le Pen a concédé samedi que le polémiste, avec la "brutalité" de ses propositions lui rendait "service", notamment en la recentrant politiquement
  • Outre des sondages en berne, des salles refusent Zemmopur, comme à Londres ou à Genève, et l'organisation fragile de sa campagne suscite des critiques en interne

PARIS : Marine Le Pen, désireuse de "rassurer" les Français en 2022 pourrait paradoxalement bénéficier de la diabolisation et des difficultés rencontrées par son rival Eric Zemmour sur le point d'officialiser sa candidature à la présidentielle.

"Elle me plaît ! Zemmour est trop violent, trop clash et trop raciste. Marine, elle n'est pas raciste", s'exclame Karine Poulain, mère au foyer de 50 ans, venue saluer la candidate du Rassemblement national jeudi à la foire de Vesoul.

Marine Le Pen a elle-même concédé samedi que le polémiste, avec la "brutalité" de ses propositions lui rendait "service", notamment en la recentrant politiquement.

"La brutalité qui émane des propositions d'Eric Zemmour et son côté mono-thématique (NDLR: sur l'immigration) démontre que nous avons, en ce qui nous concerne, un projet complet, travaillé (...) avec des équipes pour le porter", soutient la responsable d'extrême droite, qui progresse un peu désormais dans les sondages quand Eric Zemmour semble stagner, après avoir été donné au second tour à sa place.

Marine Le Pen, qui veut "rassurer" les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir, malgré son débat raté de 2017 et son échec aux régionales, admet que son futur adversaire la "recentre" et peut représenter "une réserve de voix (pour le second tour) plus importante que celle de Nicolas Dupont-Aignan", avec qui elle s'était alliée entre les deux tours en 2017, en lui promettant d'être son Premier ministre.

- «Expérience» -

Après un démarrage fulgurant, le putatif prétendant à l'Élysée, qui doit annoncer dans les prochains jours sa candidature, butte sur des difficultés. Outre des sondages en berne, des salles le refusent, comme à Londres ou à Genève, et l'organisation fragile de sa campagne suscite des critiques en interne.

Jusqu'au retrait cette semaine du soutien du financier Charles Gave, tandis que l'ex LR Jean-Frédéric Poisson, qui était prêt à s'occuper des législatives, n'a toujours pas renoncé à sa propre candidature en 2022.

Son point presse devant le Bataclan le jour anniversaire des attentats a fait tousser jusqu'au sein de la rédaction de l'hebdomadaire ultraconservateur Valeurs actuelles.

Quant à l'ami Philippe de Villiers, il ne viendra pas au Zénith à Paris le 5 décembre pour son premier meeting de campagne.

Eric Zemmour "est classé extrême-extrême droite et dans ce cas là Marine est reportée vers le centre. Elle bénéficie somme toute de la persécution dont Zemmour est la victime", a admis jeudi l'ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Le Pen, exclu lui-même de son parti en 2015 pour ses propos polémiques sur la Shoah.

Le cofondateur du FN soutiendra le mieux placé des deux mais il considère aujourd'hui que le polémiste n'a pas "l'expérience" de sa fille et lui prédit une campagne "douloureuse".

- Femmes -

Eric Zemmour, c'est un retour au FN de 1998 et l'antithèse de la dédiabolisation conçue à partir de 2002 par les cadres du parti, qui visait à "en finir avec les déclarations polémiques", explique l'historien spécialiste de l'ultradroite Nicolas Lebourg.

"L'hostilité des femmes envers le (vote) RN n'est plus", en raison d'une "posture moins guerrière et plus apaisée affichée" par Marine Le Pen, et de la "précarisation accrue des femmes", analyse une note récente de la Fondation Jean-Jaurès.

Or dans le cas d'Eric Zemmour, dont les propos à l'égard des femmes sont régulièrement dénoncés au RN, les femmes voteraient moins pour lui que les hommes.

La candidate du RN a également mis l'accent sur le pouvoir d'achat et le volet social de son programme, un point jugé faible chez son rival.

Reste que les deux prétendants ont beaucoup de points communs. Ils sont hostiles aux quotas pour les femmes et ont des projets similaires sur l'immigration et la "préférence nationale", qui passeraient par une révision en profondeur de la Constitution.

Zemmour, une campagne tout en fracas, en quête d'un nouveau souffle

 

Eric Zemmour boucle vendredi à Marseille une campagne électorale qui n'aura jamais dit son nom, tout en fracas, marquée par une envolée sondagière et des polémiques incessantes, mais qui semble marquer le pas à l'approche d'une annonce de candidature attendue dans les tout prochains jours.

"Peut-être qu'il faut passer à l'action", fait mine de se demander début juin l'éditorialiste du Figaro et animateur d'une émission quotidienne sur CNews, tandis que le malaise grandit à Europe 1, en plein rapprochement avec la chaîne ultra-conservatrice de Vincent Bolloré, grand ami d'Eric Zemmour.

Les signaux d'une possible candidature du polémiste d'extrême droite, mesuré pour la première fois par l'Ifop à 5,5% d'intentions de vote, se multiplient après l'échec du RN aux régionales.

Dès le lendemain du second tour le 27 juin, des affiches "Zemmour président" fleurissent sur les murs de plusieurs villes. Le Journal officiel publie l'agrément de l'association de financement du parti Les Amis d'Eric Zemmour, par la Commission des comptes de campagne.

Premier caillou dans la chaussure du putatif prétendant à l'Elysée, la maison d'édition Albin Michel ne publiera pas son nouvel essai en raison de son projet "de s'engager dans la présidentielle".

Fin août, il n'est toujours pas candidat mais son équipe fait savoir qu'elle a réuni une centaine de promesses de parrainages, alors qu'il n'y en aurait en réalité qu'une dizaine.

Invité dans le Vaucluse par un entrepreneur proche de François Fillon, Rafik Smati, le polémiste assène que Marine Le Pen "ne gagnera jamais" la présidentielle.

Il expose ses obsessions d'une France "en danger de mort" qui sera en 2050 "un pays à moitié islamique", et avance ses propositions controversées: "arrêter" l'immigration et "obliger les gens à donner des prénoms français" parce qu'"appeler son enfant Mohamed, c'est coloniser la France".

- «Ambiguïté» -

Le coup d'envoi de sa pré-campagne est lancé le 17 septembre à Toulon, où Eric Zemmour entame la promotion de son livre "La France n'a pas dit son dernier mot", dans des conférences qui prennent vite l'allure de meetings.

"Zemmour président" scandent à chaque fois ses jeunes soutiens dans des salles souvent pleines, tandis que des manifestants à l'extérieur protestent contre sa venue, comme à Nantes.

Le maire de Béziers Robert Ménard, qui soutient Marine Le Pen et apprécie aussi Eric Zemmour, s'inquiète d'une division du "camp national" mais échoue à les réunir dans sa ville. Eric Zemmour est alors crédité de 7 à 8% dans les sondages.

Considéré par le CSA comme une "personnalité politique", son temps de parole est décompté et il doit quitter son émission phare sur CNews.

Il crie à la "censure" mais est aussitôt invité sur tous les plateaux, tandis que des débats sur la couverture du non candidat agitent les rédactions.

L'hypothèse de sa candidature parasite la rentrée à Fréjus de Marine Le Pen qui multiplie les clins d'oeil à son égard tout en marquant ses différences.

La fascination ou la répulsion qu'il génère réjouissent l'intéressé, interrogé tous les jours sur sa candidature. "C'est mon intérêt de faire durer l'ambiguïté", dit-il.

"Candidat au débat", il affronte en duel sur BFMTV le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon devant quatre millions de téléspectateurs, avant d'être reçu à Budapest par le Premier ministre hongrois ultraconservateur Viktor Orban.

- Nuages -

Coup de tonnerre le 6 octobre: Eric Zemmour est donné au second tour à 17-18% devant Marine Le Pen. La perspective de ne pas se qualifier pour le deuxième tour, une première dans les sondages depuis des années, pousse la candidate du RN à hausser le ton face au polémiste. Elle demande à son rival de se déclarer et met l'accent sur le pouvoir d'achat, point jugé faible chez Eric Zemmour.

Son lieutenant, le président du RN Jordan Bardella, dénonce la "brutalité" d'Eric Zemmour sur les femmes.

Le putatif candidat, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, s'amuse à prendre pour cible des journalistes avec un fusil, après avoir souhaité ôter le pouvoir aux médias. Le jour anniversaire des attentats du 13-Novembre, il accuse François Hollande de n'avoir pas "protégé les Français". Devant le Bataclan.

Pendant que le groupe Lagardère, dans le giron de Bolloré, remanie les directions de Paris-Match et du JDD, il amplifie la mobilisation, affiche ralliements et financements, ainsi qu'un QG rue Goujon, à deux pas de l'Elysée.

Mais au terme de sa fulgurante percée, les nuages s'amoncellent, avec des sondages qui stagnent à 13-15%, des salles qui le refusent comme à Londres et Genève, et une organisation fragile qui suscite des critiques en interne. Jusqu'au retrait cette semaine du soutien du financier Charles Gave, qui lui a accordé un prêt de 300.000 euros.

Dans son entourage, on le conjure de se déclarer vite pour réenclencher une dynamique. L'annonce est imminente, attendue en amont du congrès des Républicains, autre cible pour celui se présentant comme le seul héritier du RPR, qui commence mercredi.

La salle pour son premier meeting de campagne est déjà réservée: ce sera le dimanche 5 décembre au Zénith de Paris.

Zemmour prié par le diocèse de Marseille de ne pas s'exprimer à la «Bonne Mère»

Le diocèse de Marseille a prié Eric Zemmour, en déplacement dans la cité phocéenne, de ne pas s'exprimer dans l'enceinte de la "Bonne Mère", l'emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde, où il avait prévu un point-presse vendredi après-midi.

"Ce qui a été demandé à M. Zemmour c'est que ce point-presse se passe à l'extérieur des grilles du sanctuaire, car il s'agit d'un lieu privé et surtout d'un lieu sacré", a précisé le diocèse à l'AFP, en confirmant l'information initiale du site d'investigation local Marsactu.

"Qu'il visite Notre-Dame est son droit, mais ce n'est pas le lieu pour une déclaration politique", a insisté le diocèse auprès de l'AFP, en précisant que cette demande serait la même quel que soit le parti politique concerné. "Et nous espérons que cette requête sera respectée", a-t-il ajouté.

Le polémiste d'extrême droite, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, avait prévu de s'exprimer devant la presse vendredi, "côté parvis" de Notre-Dame-de-la-Garde, lors d'une visite de deux jours dans la deuxième ville de France.

Avant ce point-presse et sa visite à Notre-Dame-de-la-Garde, M. Zemmour a prévu une "déambulation" dans le quartier du Panier, derrière l'hôtel de ville. Samedi, il doit se rendre sur le Vieux-Port, au marché aux poissons, après un "rendez-vous provençal" vers la cathédrale de la Major.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.