Présidentielle: quand Zemmour «dédiabolise» Le Pen

Une pancarte "Arrêtez de répandre la haine, Monsieur Zemmour !" brandie lors d'un rassemblement contre la visite à Genève du journaliste français d'extrême droite Eric Zemmour le 24 novembre 2021. (Fabrice Coffrini / AFP)
Une pancarte "Arrêtez de répandre la haine, Monsieur Zemmour !" brandie lors d'un rassemblement contre la visite à Genève du journaliste français d'extrême droite Eric Zemmour le 24 novembre 2021. (Fabrice Coffrini / AFP)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Présidentielle: quand Zemmour «dédiabolise» Le Pen

  • Marine Le Pen a concédé samedi que le polémiste, avec la "brutalité" de ses propositions lui rendait "service", notamment en la recentrant politiquement
  • Outre des sondages en berne, des salles refusent Zemmopur, comme à Londres ou à Genève, et l'organisation fragile de sa campagne suscite des critiques en interne

PARIS : Marine Le Pen, désireuse de "rassurer" les Français en 2022 pourrait paradoxalement bénéficier de la diabolisation et des difficultés rencontrées par son rival Eric Zemmour sur le point d'officialiser sa candidature à la présidentielle.

"Elle me plaît ! Zemmour est trop violent, trop clash et trop raciste. Marine, elle n'est pas raciste", s'exclame Karine Poulain, mère au foyer de 50 ans, venue saluer la candidate du Rassemblement national jeudi à la foire de Vesoul.

Marine Le Pen a elle-même concédé samedi que le polémiste, avec la "brutalité" de ses propositions lui rendait "service", notamment en la recentrant politiquement.

"La brutalité qui émane des propositions d'Eric Zemmour et son côté mono-thématique (NDLR: sur l'immigration) démontre que nous avons, en ce qui nous concerne, un projet complet, travaillé (...) avec des équipes pour le porter", soutient la responsable d'extrême droite, qui progresse un peu désormais dans les sondages quand Eric Zemmour semble stagner, après avoir été donné au second tour à sa place.

Marine Le Pen, qui veut "rassurer" les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir, malgré son débat raté de 2017 et son échec aux régionales, admet que son futur adversaire la "recentre" et peut représenter "une réserve de voix (pour le second tour) plus importante que celle de Nicolas Dupont-Aignan", avec qui elle s'était alliée entre les deux tours en 2017, en lui promettant d'être son Premier ministre.

- «Expérience» -

Après un démarrage fulgurant, le putatif prétendant à l'Élysée, qui doit annoncer dans les prochains jours sa candidature, butte sur des difficultés. Outre des sondages en berne, des salles le refusent, comme à Londres ou à Genève, et l'organisation fragile de sa campagne suscite des critiques en interne.

Jusqu'au retrait cette semaine du soutien du financier Charles Gave, tandis que l'ex LR Jean-Frédéric Poisson, qui était prêt à s'occuper des législatives, n'a toujours pas renoncé à sa propre candidature en 2022.

Son point presse devant le Bataclan le jour anniversaire des attentats a fait tousser jusqu'au sein de la rédaction de l'hebdomadaire ultraconservateur Valeurs actuelles.

Quant à l'ami Philippe de Villiers, il ne viendra pas au Zénith à Paris le 5 décembre pour son premier meeting de campagne.

Eric Zemmour "est classé extrême-extrême droite et dans ce cas là Marine est reportée vers le centre. Elle bénéficie somme toute de la persécution dont Zemmour est la victime", a admis jeudi l'ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Le Pen, exclu lui-même de son parti en 2015 pour ses propos polémiques sur la Shoah.

Le cofondateur du FN soutiendra le mieux placé des deux mais il considère aujourd'hui que le polémiste n'a pas "l'expérience" de sa fille et lui prédit une campagne "douloureuse".

- Femmes -

Eric Zemmour, c'est un retour au FN de 1998 et l'antithèse de la dédiabolisation conçue à partir de 2002 par les cadres du parti, qui visait à "en finir avec les déclarations polémiques", explique l'historien spécialiste de l'ultradroite Nicolas Lebourg.

"L'hostilité des femmes envers le (vote) RN n'est plus", en raison d'une "posture moins guerrière et plus apaisée affichée" par Marine Le Pen, et de la "précarisation accrue des femmes", analyse une note récente de la Fondation Jean-Jaurès.

Or dans le cas d'Eric Zemmour, dont les propos à l'égard des femmes sont régulièrement dénoncés au RN, les femmes voteraient moins pour lui que les hommes.

La candidate du RN a également mis l'accent sur le pouvoir d'achat et le volet social de son programme, un point jugé faible chez son rival.

Reste que les deux prétendants ont beaucoup de points communs. Ils sont hostiles aux quotas pour les femmes et ont des projets similaires sur l'immigration et la "préférence nationale", qui passeraient par une révision en profondeur de la Constitution.

Zemmour, une campagne tout en fracas, en quête d'un nouveau souffle

 

Eric Zemmour boucle vendredi à Marseille une campagne électorale qui n'aura jamais dit son nom, tout en fracas, marquée par une envolée sondagière et des polémiques incessantes, mais qui semble marquer le pas à l'approche d'une annonce de candidature attendue dans les tout prochains jours.

"Peut-être qu'il faut passer à l'action", fait mine de se demander début juin l'éditorialiste du Figaro et animateur d'une émission quotidienne sur CNews, tandis que le malaise grandit à Europe 1, en plein rapprochement avec la chaîne ultra-conservatrice de Vincent Bolloré, grand ami d'Eric Zemmour.

Les signaux d'une possible candidature du polémiste d'extrême droite, mesuré pour la première fois par l'Ifop à 5,5% d'intentions de vote, se multiplient après l'échec du RN aux régionales.

Dès le lendemain du second tour le 27 juin, des affiches "Zemmour président" fleurissent sur les murs de plusieurs villes. Le Journal officiel publie l'agrément de l'association de financement du parti Les Amis d'Eric Zemmour, par la Commission des comptes de campagne.

Premier caillou dans la chaussure du putatif prétendant à l'Elysée, la maison d'édition Albin Michel ne publiera pas son nouvel essai en raison de son projet "de s'engager dans la présidentielle".

Fin août, il n'est toujours pas candidat mais son équipe fait savoir qu'elle a réuni une centaine de promesses de parrainages, alors qu'il n'y en aurait en réalité qu'une dizaine.

Invité dans le Vaucluse par un entrepreneur proche de François Fillon, Rafik Smati, le polémiste assène que Marine Le Pen "ne gagnera jamais" la présidentielle.

Il expose ses obsessions d'une France "en danger de mort" qui sera en 2050 "un pays à moitié islamique", et avance ses propositions controversées: "arrêter" l'immigration et "obliger les gens à donner des prénoms français" parce qu'"appeler son enfant Mohamed, c'est coloniser la France".

- «Ambiguïté» -

Le coup d'envoi de sa pré-campagne est lancé le 17 septembre à Toulon, où Eric Zemmour entame la promotion de son livre "La France n'a pas dit son dernier mot", dans des conférences qui prennent vite l'allure de meetings.

"Zemmour président" scandent à chaque fois ses jeunes soutiens dans des salles souvent pleines, tandis que des manifestants à l'extérieur protestent contre sa venue, comme à Nantes.

Le maire de Béziers Robert Ménard, qui soutient Marine Le Pen et apprécie aussi Eric Zemmour, s'inquiète d'une division du "camp national" mais échoue à les réunir dans sa ville. Eric Zemmour est alors crédité de 7 à 8% dans les sondages.

Considéré par le CSA comme une "personnalité politique", son temps de parole est décompté et il doit quitter son émission phare sur CNews.

Il crie à la "censure" mais est aussitôt invité sur tous les plateaux, tandis que des débats sur la couverture du non candidat agitent les rédactions.

L'hypothèse de sa candidature parasite la rentrée à Fréjus de Marine Le Pen qui multiplie les clins d'oeil à son égard tout en marquant ses différences.

La fascination ou la répulsion qu'il génère réjouissent l'intéressé, interrogé tous les jours sur sa candidature. "C'est mon intérêt de faire durer l'ambiguïté", dit-il.

"Candidat au débat", il affronte en duel sur BFMTV le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon devant quatre millions de téléspectateurs, avant d'être reçu à Budapest par le Premier ministre hongrois ultraconservateur Viktor Orban.

- Nuages -

Coup de tonnerre le 6 octobre: Eric Zemmour est donné au second tour à 17-18% devant Marine Le Pen. La perspective de ne pas se qualifier pour le deuxième tour, une première dans les sondages depuis des années, pousse la candidate du RN à hausser le ton face au polémiste. Elle demande à son rival de se déclarer et met l'accent sur le pouvoir d'achat, point jugé faible chez Eric Zemmour.

Son lieutenant, le président du RN Jordan Bardella, dénonce la "brutalité" d'Eric Zemmour sur les femmes.

Le putatif candidat, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, s'amuse à prendre pour cible des journalistes avec un fusil, après avoir souhaité ôter le pouvoir aux médias. Le jour anniversaire des attentats du 13-Novembre, il accuse François Hollande de n'avoir pas "protégé les Français". Devant le Bataclan.

Pendant que le groupe Lagardère, dans le giron de Bolloré, remanie les directions de Paris-Match et du JDD, il amplifie la mobilisation, affiche ralliements et financements, ainsi qu'un QG rue Goujon, à deux pas de l'Elysée.

Mais au terme de sa fulgurante percée, les nuages s'amoncellent, avec des sondages qui stagnent à 13-15%, des salles qui le refusent comme à Londres et Genève, et une organisation fragile qui suscite des critiques en interne. Jusqu'au retrait cette semaine du soutien du financier Charles Gave, qui lui a accordé un prêt de 300.000 euros.

Dans son entourage, on le conjure de se déclarer vite pour réenclencher une dynamique. L'annonce est imminente, attendue en amont du congrès des Républicains, autre cible pour celui se présentant comme le seul héritier du RPR, qui commence mercredi.

La salle pour son premier meeting de campagne est déjà réservée: ce sera le dimanche 5 décembre au Zénith de Paris.

Zemmour prié par le diocèse de Marseille de ne pas s'exprimer à la «Bonne Mère»

Le diocèse de Marseille a prié Eric Zemmour, en déplacement dans la cité phocéenne, de ne pas s'exprimer dans l'enceinte de la "Bonne Mère", l'emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde, où il avait prévu un point-presse vendredi après-midi.

"Ce qui a été demandé à M. Zemmour c'est que ce point-presse se passe à l'extérieur des grilles du sanctuaire, car il s'agit d'un lieu privé et surtout d'un lieu sacré", a précisé le diocèse à l'AFP, en confirmant l'information initiale du site d'investigation local Marsactu.

"Qu'il visite Notre-Dame est son droit, mais ce n'est pas le lieu pour une déclaration politique", a insisté le diocèse auprès de l'AFP, en précisant que cette demande serait la même quel que soit le parti politique concerné. "Et nous espérons que cette requête sera respectée", a-t-il ajouté.

Le polémiste d'extrême droite, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, avait prévu de s'exprimer devant la presse vendredi, "côté parvis" de Notre-Dame-de-la-Garde, lors d'une visite de deux jours dans la deuxième ville de France.

Avant ce point-presse et sa visite à Notre-Dame-de-la-Garde, M. Zemmour a prévu une "déambulation" dans le quartier du Panier, derrière l'hôtel de ville. Samedi, il doit se rendre sur le Vieux-Port, au marché aux poissons, après un "rendez-vous provençal" vers la cathédrale de la Major.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
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  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.