«27 morts mais combien ont réussi ?»: à Calais, le rêve anglais plus fort que la tragédie

Des membres d'associations d'aide aux migrants se rassemblent à côté d'une pancarte indiquant le nombre de morts (303) et les noms des disparus, place Richelieu à Calais, le 25 novembre 2021. Au moins 27 migrants sont morts le 24 novembre en traversant la France vers l'Angleterre lorsque leur bateau a coulé au large du port de Calais, ont déclaré les autorités françaises, la catastrophe la plus meurtrière depuis que la Manche est devenue une partie importante de la route des migrants. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Des membres d'associations d'aide aux migrants se rassemblent à côté d'une pancarte indiquant le nombre de morts (303) et les noms des disparus, place Richelieu à Calais, le 25 novembre 2021. Au moins 27 migrants sont morts le 24 novembre en traversant la France vers l'Angleterre lorsque leur bateau a coulé au large du port de Calais, ont déclaré les autorités françaises, la catastrophe la plus meurtrière depuis que la Manche est devenue une partie importante de la route des migrants. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

«27 morts mais combien ont réussi ?»: à Calais, le rêve anglais plus fort que la tragédie

  • «On sait que c'est vraiment risqué de traverser sur des bateaux, tout le monde le sait ici, mais c'est le risque, ça ne me décourage pas»
  • «C'est très triste mais c'est la vie ici à Calais, des personnes meurent en traversant, des personnes ratent et des personnes passent»

CALAIS : Emmanuel D'Mulbah hausse les épaules. Le Libérien a bien le "cœur brisé" par le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants mercredi dans la Manche. Mais dès que la mer se calmera, il la prendra à son tour: "C'est mon rêve" de rallier l'Angleterre.


"C'est démoralisant, je suis effrayé, mais je continuerai" à tenter cette traversée risquée en "small boat", explique-t-il à l'AFP, planté en ce jeudi matin avec ses baskets en toile dans la boue de Calais, où il vit dans l'espoir de passer côté anglais.


Il y a deux jours, il avait tenté une première fois sa chance, mais les passeurs avaient entassé 23 personnes dans son bateau pneumatique prévu pour 12 et l'équipée a été appréhendée par la police avant même d'avoir pu prendre le large.


"On sait que c'est vraiment risqué de traverser sur des bateaux, tout le monde le sait ici, mais c'est le risque, ça ne me décourage pas", raconte-t-il, lors d'une distribution alimentaire dans cette ville-frontière avec le Royaume-Uni.


De là, comme du reste du littoral nord, les tentatives de traversée vers la Grande-Bretagne à bord de petites embarcations ont explosé depuis 2019. 

«Ils étaient avec moi»
Les migrants morts dans un naufrage mercredi seraient partis, plus au nord, de Dunkerque. Leur embarcation s'est-elle dégonflée ? Ont-ils été percutés ?


Les circonstances du drame, qui secoue l'Europe, ne sont pas encore éclaircies, mais Mohamed, un Syrien de 22 ans, affirme être l'un des derniers à les avoir côtoyés: "Ils étaient avec moi ici à Calais il y a trois jours encore".


"Ils étaient Kurdes irakiens, Iraniens et Afghans. On a vécu dans les campements, dans la rue, on a même dormi dans la gare de Calais. Il y a trois jours, le groupe nous a dit +on part en Angleterre+, et ils sont partis", assure-t-il, entouré de plusieurs compatriotes qui opinent du chef.


"Hier, c'était très dangereux" de traverser, regrette-t-il. "Moi je n'essaierais pas dans ces conditions. En plus ils ont pris la mer sans équipement", dit-il.

(Photo, AFP)


A Grande-Synthe, ville du littoral proche du lieu de départ possible des naufragés, Armat vit dans un camp sous une route départementale. C'est ici, affirme cet Irakien de 28 ans, que certaines des victimes ont passé leurs dernières nuits, près d'un canal.


Lui aussi a déjà tenté plusieurs fois la traversée, souvent au départ de Loon Plage. Lui aussi continuera d'essayer, car il n'a "nulle part ailleurs où aller". 

«Destin»

Il a déjà payé 3.500 euros aux "boss", comprendre aux passeurs, qui lui ont dit qu'ils allaient faire profil bas "quelques jours", après la tragédie. 


En chaussettes dans la boue, Mohamed, 22 ans, est lui aussi prêt à se remettre à l'eau, malgré la peur.


"C'est comme ça, c'est la vie", lâche-t-il.


Des mots qui reviennent comme un refrain, de Calais à Grande-Synthe, où rien ne semble pouvoir briser les rêves de Grande-Bretagne de ces exilés souvent en bout de course, en Europe.


"C'est très triste mais c'est la vie ici à Calais, des personnes meurent en traversant, des personnes ratent et des personnes passent. C'est tous les jours comme ça. Ça ne me décourage pas et je ne suis pas effrayé, parce que c'est mon destin", philosophe même Osman, un Soudanais de 25 ans.


Caché le long d'un terrain broussailleux de la ville limitrophe de Coquelles, Samir, un Tchadien de 17 ans, porte toujours les mêmes vêtements mouillés que la veille: il a tenté sa première traversée mercredi, comme les naufragés. Il a eu la "chance" que le moteur de son zodiac ait pris l'eau, qu'il ait dû faire demi-tour avec ses compagnons d'infortune.


Dans sa tente posée sur une palette en bois, le long d'un grillage barbelé où pullulent les rats, il n'hésite pas une seconde: "j'aurais pu mourir, mais je recommencerai demain. Regarde autour de moi. On a quoi d'autre, ici ?"


"On est tous là avec le même rêve. Que ce soit caché dans un camion, par bateau, ou même à la nage, je passerai", promet Abdo Mohamed, un autre Soudanais de 23 ans. "Et puis, vous nous parlez tous des 27 morts, mais combien ont réussi ? Des milliers !"

Naufrage de la Manche : Paris et Londres plus que jamais dans la tourmente 

PARIS : Le naufrage dramatique d'une embarcation de migrants dans la Manche plombe un peu plus une relation déjà exécrable entre Paris et Londres, plus que jamais au défi de trouver une réponse commune dans la crise migratoire qui les oppose.


Cette tragédie qui s'est soldée mercredi par la mort de 27 hommes, femmes et enfants, "va accroître les tensions puisque chacun se renvoie la balle", estime Antoine Capet, professeur à l'Institut d'études anglophones de l'Université de Rouen (ouest de la France).


Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit, a aussitôt pointé la responsabilité de la France, laissant entendre que son action n'était pas "à la hauteur de la situation".


Le président français Emmanuel Macron a rétorqué attendre des Britanniques "qu'ils coopèrent pleinement et s'abstiennent d'instrumentaliser une situation dramatique à des fins politiques".


Les deux dirigeants ont finalement affiché leur volonté d'intensifier leur coopération pour stopper les traversées illégales qui se multiplient des côtes françaises vers l'Angleterre.


"Ils vont devoir travailler ensemble. Mais peuvent-il y arriver quand les relations sont si mauvaises, avec toujours le risque que l'un dise que l'autre n'en fait pas assez ?", s'interroge John Springford, expert au Center for European Reform (CER) à Londres.


Le gouvernement britannique a réitéré jeudi sa proposition de patrouilles de police communes côté français afin d'empêcher les migrants d'embarquer. Une offre de services déjà rejetée par Paris avant le drame, pour des raisons de souveraineté.

«Taper sur les Français»

"Il y a les électorats aussi derrière. Chacun regarde derrière son épaule", souligne Antoine Capet, en pointant le poids de l'extrême droite en France, particulièrement sur ce sujet, à six mois de la présidentielle.


Boris Johnson se retrouve lui aussi sous pression alors que la côte sud de l'Angleterre est confrontée depuis des mois à des arrivées massives de migrants. Dans un tel contexte, "taper sur les Français et l'UE apparaît pour lui comme la meilleure stratégie politique", renchérit John Springford.


Les tensions se sont accumulées des deux côtés de la Manche depuis le Brexit, en premier lieu sur la pêche. La France agite la menace de sanctions si ses pêcheurs n'obtiennent pas plus de licences pour opérer dans les eaux britanniques.


Paris se montre aussi très insistante sur le respect par Londres de ses autres engagements post-Brexit, y compris la mise en œuvre du protocole nord-irlandais visant à préserver la paix en Irlande.


Face à Boris Johnson, déterminé à montrer que le Brexit est un succès, Emmanuel Macron se pose en gardien du temple de la construction européenne, a fortiori à l'approche de la présidence française de l'UE au premier semestre 2022.


"Il est très +vocal+ sur l'Europe et a été très net sur l'exigence de respect du traité post-Brexit par Boris Johnson", relève Sylvie Bermann, ex-ambassadrice de France à Londres.

«Vieilles chamailleries»

La crise de confiance bilatérale s'est en outre aggravée lorsque Paris a découvert en septembre que Washington, Londres et Canberra avaient négocié en secret un accord de partenariat stratégique. 


La France a perdu par ricochet un méga-contrat de vente de sous-marins à l'Australie. Emmanuel Macron s'est expliqué depuis avec son homologue américain Joe Biden. Mais Paris ne décolère pas vis-à-vis de Londres et Canberra.


Les relations franco-britanniques sont, enfin, historiquement pétries de conflits et rivalités.


"Au Moyen-Âge on disait +always blame the French !+ (blâmez toujours les Français). Effectivement quand il y a une difficulté, on est les premiers à être critiqués", rappelle Sylvie Bermann.


"En France, on est un peu au centre de l'Europe. On a plusieurs voisins, on critique les uns, les autres. Les Britanniques sont focalisés sur la France parce qu'on est leur premier grand pays voisin", dit-elle.


Pour l'écrivain britannique Julian Barnes, "la France et la Grande-Bretagne sont retombées dans leurs vieilles chamailleries". "Pourtant, cette fois, la querelle n’est plus anglo-française, mais anglo-européenne", a-t-il lancé jeudi dans le quotidien français Le Monde.

 Les périlleuses traversées migratoires de la Manche

PARIS : Le naufrage meurtrier de migrants survenu mercredi dans la Manche illustre les dangers de ces tentatives de plus en plus nombreuses de rallier l'Angleterre par la mer, entre embarcations fragiles, densité du trafic, et passeurs déterminés.   

Envolée des traversées

Depuis fin 2018, les traversées de la Manche à bord de petits bateaux ont explosé, face à la sécurisation renforcée du port de Calais et du tunnel sous la Manche, que les migrants empruntaient jusque-là pour tenter de gagner le Royaume-Uni cachés dans camions ou voitures. 


Elles se sont encore accélérées cet automne. Ces trois derniers mois, les tentatives ont doublé, selon le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux. 


Dans le détroit du Pas-de-Calais, la proximité des côtes anglaises distantes de quelque 30 kilomètres et visibles à l’œil nu par beau temps constitue "une incitation au départ, parce qu'on n'imagine pas le danger", a-t-il souligné.


Et cette année les températures hivernales ne freinent pas les passages. Entre le 1er janvier et le 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes et 7.800 avaient été sauvés.  


Selon l'agence britannique Press Association, plus de 25.700 migrants ont réussi le passage sur les onze premiers mois de l'année. En 2020, ces traversées et tentatives avaient concerné quelque 9.500 personnes (2.300 en 2019, 600 en 2018).


Embarcations précaires

Les traversées se font le plus souvent sur des canots pneumatiques, avec une utilisation croissante par les passeurs de "long boat", de longues embarcations gonflables au fond souple, ne résistant pas à la surcharge et à une grosse mer. 


"Des embarcations de fortune" qui "font à peu près 10 mètres de long mais malheureusement surchargés, où ils sont 50 à bord", souligne le sauveteur Charles Devos, patron de la vedette SNSM de Calais. Selon les sauveteurs, il n'y a pas toujours de gilets de sauvetage pour tout le monde, parfois remplacés par des bouées de plage. 


Les passeurs tendent aussi à multiplier les départs simultanés, pour déborder les forces de l'ordre.


Les tarifs, eux, "ont tendance à baisser avec une offre importante et très organisée des passeurs, autour de 2.000 euros par passager", selon le président de l'association l'Auberge des migrants, François Guennoc. 


Navigation à haut-risque

Pour les petites embarcations, la navigation est délicate dans une zone maritime parmi les plus fréquentés au monde, où "environ 600 navires  transitent chaque jour, soit 25% du trafic mondial", selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.


Les conditions météorologiques y sont aussi "souvent difficiles (120 jours de vent supérieur ou égal à force 7 en moyenne annuelle par exemple)", soit selon la préfecture un secteur "particulièrement dangereux, notamment en période hivernale où la température de l'eau chute" (12 degrés). 


L'étroit détroit du Pas-de-Calais est en outre traversé de courants importants, avec des bancs de sable changeants et une visibilité souvent réduite par la brume, souligne le Cross Gris Nez, centre du sauvetage dans la zone. 


Passeurs très organisés

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé jeudi que 1.500 personnes liées aux filières de passeurs avaient été arrêtées depuis le 1er janvier.


Ces réseaux fonctionnent selon lui comme des "organisations mafieuses" qui "relèvent du grand banditisme", avec l'utilisation notamment de "téléphones cryptés".


Lundi, l'interpellation d'un réseau de passeurs issus de plusieurs pays a été annoncée de source policière. Ils allaient chercher des migrants dans des camps à Grande-Synthe (Nord) et faisaient passer vers le Royaume-Uni "a minima 250 personnes par mois".


Ces embarcations étaient acheminées sur le littoral français en provenance de Chine, via la Turquie puis l'Allemagne.


France-Palestine: l'Assemblée rejette la transformation du groupe d'étude en « groupe d'amitié »

Un manifestant brandit des fusées tandis que deux autres tiennent une banderole « Solidarité avec la Palestine » lors d'une manifestation pro-palestinienne dans la cour de l'Institut d'études politiques (Sciences Po) à Lyon, dans le centre-est de la France, le 30 avril 2024. (AFP).
Un manifestant brandit des fusées tandis que deux autres tiennent une banderole « Solidarité avec la Palestine » lors d'une manifestation pro-palestinienne dans la cour de l'Institut d'études politiques (Sciences Po) à Lyon, dans le centre-est de la France, le 30 avril 2024. (AFP).
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  • L'Assemblée compte déjà en son sein "un groupe d'étude à vocation internationale" (GEVI) sur la Palestine, présidé par le député MoDem Richard Ramos, et qui réunit en son sein des députés de plusieurs bancs
  • M. Ramos souhaitait qu'il soit transformé en un "groupe d'amitié", comme il en existe pour la plupart des Etats, dont Israël

PARIS: Le Bureau de l'Assemblée nationale, sa plus haute instance collégiale, a rejeté mercredi la demande de transformation d'un groupe d'étude France-Palestine en "groupe d'amitié", estimant que ses critères de création n'étaient pas réunis, au grand dam de la gauche et de son président MoDem.

L'Assemblée compte déjà en son sein "un groupe d'étude à vocation internationale" (GEVI) sur la Palestine, présidé par le député MoDem Richard Ramos, et qui réunit en son sein des députés de plusieurs bancs. M. Ramos souhaitait qu'il soit transformé en un "groupe d'amitié", comme il en existe pour la plupart des Etats, dont Israël.

Ces structures, qui disposent d'un budget, peuvent prendre des initiatives diplomatiques et culturelles, notamment auprès de Parlements et parlementaires étrangers, en effectuant par exemple des déplacements ou en invitant au contraire des représentants et citoyens étrangers en France.

La demande de M. Ramos a été rejetée par 11 voix contre 8, dans un contexte tendu par la guerre entre Israël et le Hamas, et la menace d'une large offensive terrestre à Rafah.

La gauche a voté pour. La droite et l'extrême droite s'y sont opposées selon des sources parlementaires, comme la plupart des élus du camp présidentiel.

M. Ramos a dénoncé une "erreur historique".

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet s'est prononcée contre, les critères présidant à la création d'un groupe d'amitié n'étant pas réunis selon son entourage: l'existence d'un Parlement dans l'Etat, la reconnaissance de l'Etat par l'ONU, et des relations diplomatiques avec la France.

L'Autorité palestinienne dispose d'une représentante en France mais "ça fait plus de 17 ans (2006, NDLR) qu'il n'y a pas eu d'élections législatives, et la Palestine n'est pas reconnue à l'ONU", argue une source parlementaire.

"Le Parlement existe", et s'il n'y a pas eu d'élections c'est parce qu'"on n'arrive pas à faire avec nos amis Israéliens de vote à Jérusalem-Est", a rétorqué M. Ramos.

Le MoDem divisé 

Un autre argument de certains opposants à la mesure est que les GEVI permettent de conduire des initiatives diplomatiques similaires aux groupes d'amitié. Mais M. Ramos plaide pour qu'un groupe d'amitié France-Palestine vienne "travailler de façon commune" avec le groupe France-Israël, par exemple pour organiser des voyages à Jérusalem.

"En diplomatie il faut une symétrie des formes", a-t-il insisté.

Il a par ailleurs regretté que deux députées MoDem aient voté contre le groupe d'amitié sur ce vote serré, alors qu'il assure que son groupe politique s'est prononcé hier "à 80% pour" entériner la création d'un groupe d'amitié.

"J'ai pris une décision personnelle mais fondée sur le droit", a répondu Elodie Jacquier-Laforge, vice-présidente MoDem de l'Assemblée. "Nous souhaitons arriver à une situation où la Palestine sera reconnue comme un Etat de plein droit à l'ONU, mais notre volonté n'est malheureusement pas une réalité".

Le président de la commission des Affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges, également MoDem, a regretté dans un communiqué la décision du bureau de l'Assemblée.

"Par la décision de son bureau, l'Assemblée s'est non seulement refusée à s'engager, fût-ce par une décision symbolique, dans une direction salutaire mais elle a de surcroît marqué le pas derrière un gouvernement qui (...) n'a pas hésité à voter au Conseil de sécurité des Nations unies en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien", a-t-il commenté.

 


France: un gendarme tué en Nouvelle-Calédonie à la suite «d'un tir accidentel»

Depuis le début des émeutes lundi, 64 gendarmes et policiers ont été blessés en Nouvelle-Calédonie, a indiqué jeudi le représentant de l'Etat français dans l'archipel, Louis Le Franc. (AFP)
Depuis le début des émeutes lundi, 64 gendarmes et policiers ont été blessés en Nouvelle-Calédonie, a indiqué jeudi le représentant de l'Etat français dans l'archipel, Louis Le Franc. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a proposé aux élus de Nouvelle-Calédonie d'avoir un «échange par visioconférence» jeudi, à l'issue d'un nouveau Conseil de défense
  • Les violentes émeutes qui ont secoué l'île après de premières altercations dans la journée de lundi, ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché à la tête par un tir

NOUMEA: Un gendarme a été tué jeudi matin en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique secoué par des émeutes, à la suite d'un "tir accidentel", a annoncé le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin dans un message à l'AFP.

"Il ne s'agit pas d'un tir ennemi", a-t-on précisé de source proche du dossier. Un premier gendarme de 22 ans avait été tué par balle mercredi en Nouvelle-Calédonie, près de la ville de Nouméa.

Ce nouveau décès porte à cinq le nombre de morts dans l'archipel depuis le début des émeutes lundi.

Dans son message à l'AFP, le ministre explique que selon les "premiers éléments, le décès serait consécutif aux blessures générées par un tir accidentel, alors que les gendarmes s'engageaient pour assurer une mission de sécurisation".

Gérald Darmanin, qui fait part de sa "grande tristesse", a ajouté apporter "tout son soutien à la famille, aux proches et aux camarades" du gendarme tué.

Depuis le début des émeutes lundi, 64 gendarmes et policiers ont été blessés en Nouvelle-Calédonie, a indiqué jeudi le représentant de l'Etat français dans l'archipel, Louis Le Franc.

Les forces de l'ordre y ont procédé à "plus de 206 interpellations", selon M. Darmanin.

La nuit de mercredi à jeudi a été "moins violente" en Nouvelle-Calédonie, placée sous état d'urgence et où le gouvernement français a annoncé le déploiement de l'armée en raison de violentes émeutes.

Après deux nuits d'embrasement meurtrier, celle de mercredi à jeudi "a été moins violente", a déclaré le représentant de l'Etat français sur l'archipel Louis Le Franc, même s'il a déploré des "affrontements très importants" dans ce territoire secoué par une fronde des indépendantistes contre une réforme électorale.

Le président français Emmanuel Macron a proposé aux élus de Nouvelle-Calédonie d'avoir un "échange par visioconférence" jeudi, à l'issue d'un nouveau Conseil de défense qui doit se tenir à 11H00 (09H00 GMT), a annoncé l'Elysée. Plus tôt mercredi, il avait prôné "la nécessité d'une reprise du dialogue politique" dans ce territoire colonisé par la France au XIXe.

Les violentes émeutes qui ont secoué l'île après de premières altercations dans la journée de lundi, ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché à la tête par un tir. Plusieurs centaines d'autres personnes ont été blessées, selon le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin.

"Soixante-quatre gendarmes et policiers ont été blessés" et "près de 200 émeutiers ont été interpellés" depuis lundi, a précisé jeudi Louis Le Franc, qui avait qualifié la veille la situation "d'insurrectionnelle".

Face à ces violences, la présidence française a instauré mercredi l'état d'urgence, régime d'exception qui permet notamment d'interdire déplacements ou manifestations, en vigueur depuis 05H00 locales (18H00 GMT). Et le Premier ministre Gabriel Attal un déploiement militaire qui doit permettre, a-t-il précisé, de "sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouméa, fermé depuis lundi.

Louis Le Franc, qui a imposé un couvre-feu et interdit TikTok utilisé par les émeutiers, a ajouté jeudi qu'"un pont aérien" entre l'Hexagone et le territoire allait permettre d'acheminer rapidement des renforts de sécurité  mais aussi du matériel.

Cinq personnes appartenant à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), ont par ailleurs été assignées à résidence, accusées d'être des commanditaires présumés des violences.

Situation « insurrectionnelle »

Si la nuit a été moins violente, l'agglomération de Nouméa a de nouveau été la proie des pillages et des incendies, selon Louis Le Franc.

C'est là que des riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortunes, faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs.

"Il y a aussi des pièges tendus aux forces de l'ordre", qui ont subi des "tirs nourris de carabines de grande chasse", a-t-il déclaré.

Symbole de cette flambée de violence, le quartier pauvre d'Auteuil, où des tirs nourris résonnaient encore au petit matin, se trouve réduit jeudi à l'état de désolation, a constaté un correspondant de l'AFP, avec son supermarché incendié, ses commerces et restaurants brûlés et pillés.


L'ancien patron de M6 Nicolas de Tavernost rejoint la branche médias de CMA CGM

Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
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  • CMA Médias, «holding de tête du pôle média» du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média
  • Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur

PARIS: A peine parti de M6 après 37 ans à sa barre, Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias, a annoncé mercredi l'armateur marseillais.

Nicolas de Tavernost, 73 ans, "assurera en outre la présidence du comité stratégique et mobilisera son expérience pour assister le groupe dans ses activités médias, dans le choix des investissements et la conduite des opérations", précise CMA CGM dans un communiqué.

CMA Médias, "holding de tête du pôle média" du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média (BFMTV, RMC...) annoncée en mars, a indiqué CMA CGM à l'AFP.

Cette structure doit à terme englober WhyNot Media (La Tribune, La Provence...), le pôle presse du groupe dirigé par Jean-Christophe Tortora et dont Véronique Albertini-Saadé, épouse de Rodolphe Saadé, est la présidente non exécutive, ainsi que l'entité audiovisuelle découlant du rachat d'Altice Média, selon la même source.

Elle sera présidée par Mme Albertini-Saadé.

Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur.

Outre le rachat prévu d'Altice Media, M. Saadé a déjà mis la main ces deux dernières années sur le journal La Tribune et le groupe La Provence (quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin), en plus de participations dans M6 et le média vidéo en ligne Brut.

De son côté, M. de Tavernost prouve qu'il n'entend pas prendre sa retraite. Deux jours après son départ officiel de M6, où David Larramendy lui a succédé fin avril, il avait également été nommé vice-président du conseil d'administration de GL Events, entreprise spécialisée dans l'évènementiel, où il était déjà administrateur indépendant.

Cité dans le communiqué, Rodolphe Saadé s'est "réjoui" de son arrivée dans son groupe, où "il apportera ses compétences au sein de l'équipe média pour accompagner notre diversification dans le secteur".