PARIS: Visé par de nouvelles accusations d'agression sexuelle et de viol qu'il nie farouchement, le militant écologiste et ancien ministre Nicolas Hulot a annoncé mercredi quitter «définitivement» la vie publique, disant vouloir ainsi protéger ses proches et sa Fondation des retombées du «lynchage».
"Je vais quitter la présidence d'honneur de ma fondation, oeuvre de ma vie (...) pour les protéger des salissures", a-t-il déclaré sur BFMTV.
Il devançait ainsi d'une journée la diffusion d'un reportage télévisé qui donne la parole à des femmes l'accusant "d'"agression sexuelle et même de viol", qu'il a démentis.
"Dans la foulée, pas plus parce que ma conscience ne serait pas tranquille, je quitte définitivement la vie publique tout simplement parce que je suis écoeuré", a ajouté l'ancien animateur TV. "Je quitte mon engagement et je ne m'exprimerai plus. C'est trop lourd payé".
Comme il l'avait fait en 2018 lors de la publication d'un article révélant une plainte pour viol classée sans suite car prescrite, Nicolas Hulot se défend avant même la révélation des accusations émanant de quatre ou cinq femmes selon ses propos.
Une méthode de défense dénoncée par la Fondation des femmes qui réclame "un peu de décence". "C'est à nouveau une campagne de gestion de crise qui consiste à vouloir parler avant qu'on ait pu entendre ces femmes. Laissons-les parler, qu'il se taise pour qu'on puisse les écouter", a déclaré à l'AFP sa présidente Anne-Cécile Mailfert.
«Propos intolérables»
Le reportage en question doit être diffusé dans Envoyé Spécial sur France 2 jeudi soir, a confirmé France Télévisions à l'AFP.
Nicolas Hulot indique avoir été informé d'au moins quatre nouveaux témoignages sur des faits allégués et prescrits, qui remontent jusqu'à 1989.
"Au prétexte que ces affaires sont prescrites, je n'ai plus le droit à une enquête. On va m'accuser de crime et de délit", a-t-il déclaré, critiquant un "système qui est en train de perdre la raison", avec "la justice qui se déplace sur les plateaux de télévision".
Même sans connaître les détails des accusations, "je sais ce que je suis incapable de faire, ce que je n'ai pas fait", a-t-il martelé. "Ces affirmations sont mensongères".
"Je sais que j'ai un physique très ingrat et que donc seule la contrainte me permet de vivre des histoires d'amour... Mais plus sérieusement, je n'ai jamais séduit par contrainte", a-t-il encore dit.
"Ironiser sur un tel sujet ? Sérieusement ?", a réagi sur Twitter la ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno. "Ces propos sont intolérables".
"Nous n'avons pas vu le documentaire mais nous serons toujours du côté des victimes", a réagi sur Twitter le numéro un d'EELV Julien Bayou.
En février 2018, le magazine Ebdo, qui a depuis disparu, avait publié une enquête controversée incluant en particulier une plainte pour viol contre l'ex-animateur télé, classée sans suite car les faits étaient prescrits.
Cette plainte avait été déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand, et les actes dénoncés remonteraient à 1997.
«A l'écart du monde»
Juste avant la parution de l'article, celui qui était alors ministre de l'Environnement avait "pris les devants" en allant démentir, déjà sur BFMTV, tout comportement inapproprié et des rumeurs "ignominieuses".
Et il n'avait pas été affecté politiquement par cet article très critiqué.
Nicolas Hulot avait finalement quitté le gouvernement avec fracas en août 2018, dénonçant le manque d'avancées sur l'environnement. A la question mercredi de savoir si des accusations d'agressions avaient joué un rôle dans cette décision, il a répondu: "Pas une seconde".
Et maintenant, à quoi ressemblera la vie de celui qui a longtemps entretenu son image d'"écologiste préféré des Français" ?
"Me mettre à l'écart de ce monde que je ne reconnais plus", a-t-il répondu. "A partir de demain, tout va s'enflammer et le lynchage commencera".
La Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), se refusant à commenter une affaire qui touche à la "question fondamentale" de la libération de la parole des femmes, s'est de son côté dit "résolue à poursuivre son action pour l'écologie et la justice sociale".