L’UE et l’Arabie saoudite «d’accord sur la voie à suivre» dans la Corne de l’Afrique, affirme Annette Weber à Arab News

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Publié le Jeudi 25 novembre 2021

L’UE et l’Arabie saoudite «d’accord sur la voie à suivre» dans la Corne de l’Afrique, affirme Annette Weber à Arab News

  • Annette Weber, représentante spéciale de l’UE, qualifie de «très fructueux» les entretiens avec les ministres et les responsables humanitaires saoudiens
  • Sa visite à Riyad avait pour but de mieux comprendre la position saoudienne sur la mer Rouge et d’échanger sur la situation au Soudan et en Éthiopie

RIYAD: Avec ses ressources naturelles, ses marchés de consommation lucratifs et sa situation maritime stratégique, la Corne de l’Afrique est un lieu attrayant pour les investissements et un espace géostratégique important. En même temps, la région, y compris la mer Rouge, est confrontée à des défis qui dépassent les frontières nationales, notamment les conflits, l’extrémisme violent, la traite des êtres humains, les déplacements forcés, la pandémie de Covid-19 et les contraintes environnementales. 

En tant que représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique, la mission d’Annette Weber est de promouvoir les politiques et les intérêts européens dans la région, dont la mer Rouge, et dans les différents pays qui en font partie. Les représentants spéciaux jouent un rôle actif dans les efforts de consolidation de la paix, de la stabilité et de l’Etat de droit, et soutiennent le travail du bureau du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. 

Lors de sa visite en Arabie saoudite cette semaine, sa première dans le pays depuis qu’elle a pris ses fonctions le 1er juillet, Mme Weber a eu des «entretiens très fructueux» avec le ministre d’État aux Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, le ministre d’État aux Affaires africaines, Ahmed ben Abdelaziz Kattan, le superviseur général du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSrelief), Abdallah al-Rabeeah, et le PDG du Fonds saoudien pour le développement, Sultan al-Marshad. 

«La raison de ma venue dans le pays est de mieux comprendre la position saoudienne sur la mer Rouge et d’échanger des points de vue sur la situation actuelle au Soudan et en Éthiopie», précise Mme Weber lors d’une interview exclusive accordée à Arab News

«Je pense que nous sommes alignés sur quasiment tout. Nous partageons les mêmes préoccupations, sommes  d’accord sur la voie à suivre et sur la manière de nous impliquer. Nous avons eu des entretiens très fructueux, très positifs», explique-t-elle. 

Mais l’Arabie saoudite, pilier du Conseil de coopération du Golfe (CCG), joue-t-elle un rôle dans la poursuite des objectifs de l’UE en mer Rouge et dans la Corne de l’Afrique? 

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Lors de sa visite en Arabie saoudite cette semaine, sa première dans le pays depuis qu’elle a pris ses fonctions le 1er juillet, Mme Weber a eu des «entretiens très fructueux» avec le ministre d’État aux Affaires étrangères, Adel al-Joubeir. (Photo, Ministère saoudien des Affaires étrangères) 

«Absolument», répond Mme Weber, citant le Conseil des États arabes et africains bordant la mer Rouge et le Golfe d’Aden, fondé en janvier 2020 avec pour objectif de protéger les voies navigables. Le Conseil, qui comprend, outre l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, l’Érythrée, le Yémen, le Soudan, Djibouti et la Somalie, vise à renforcer la coopération entre les pays dans la lutte contre la piraterie, la contrebande et les autres menaces auxquelles sont exposées les routes maritimes internationales. 

«Le Conseil est un organe essentiel et j’espère que nous pourrons y trouver un intérêt commun», déclare Mme Weber. «Pour nous, en Europe, il s’agit de la principale route commerciale vers l’Asie, qui achemine 23 à 30% de nos échanges commerciaux. Nous avons un intérêt commun à assurer la sécurité maritime, à contrôler la piraterie et à combattre les djihadistes qui mènent leurs opérations depuis les côtes.» 

«Nous avons plus d’un intérêt commun. La mer Rouge nous connecte beaucoup plus qu’elle ne divise. Il est très intéressant de le constater dans les relations entre les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, et la Corne de l’Afrique», assure-t-elle. 

Avant de se rendre à Riyad, Mme Weber s’est arrêtée à Bahreïn pour participer au dialogue de Manama organisé par l’Institut international d’études stratégiques (IISS), un forum annuel de haut niveau où sont discutés les défis les plus pressants en matière de sécurité au Moyen-Orient. 

Elle s’est exprimée lors d’une conférence intitulée «Dynamique de la sécurité en mer Rouge et en Méditerranée», un sujet d’une importance considérable maintenant que le Conseil de l’UE entend renforcer son partenariat avec la Corne de l’Afrique et établir une nouvelle stratégie pour la région. «Ma mission comme représentante spéciale de l’UE est d’établir des liens entre les pays de la Corne de l’Afrique et de la région de la mer Rouge», indique Mme Weber. «Il ne s’agit pas seulement de diplomatie de crise, mais plutôt de développer le potentiel de la région et de réunir les principaux pays de la Corne et ceux du Golfe.» 

«Cela dépend du type de questions que nous traitons. Lorsqu’il s’agit de négocier un cessez-le-feu, par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec les Américains, mais aussi avec les États du Golfe, l’Union africaine et l’ONU. Le multilatéralisme est donc dynamique dans cette région.» 

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Des manifestants soudanais passent devant des pneus enflammés lors d’une manifestation réclamant le retour à un régime civil dans la 40ᵉ rue d’Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (Photo, AFP) 

Depuis 2011, l’UE est l’un des plus grands fournisseurs d’aide humanitaire au monde dans la Corne de l’Afrique, versant des millions d’euros dans des projets dans cinq pays, outre le Soudan. Selon Mme Weber, les Européens préfèrent cependant passer de l’humanitaire aux projets de développement. «En ce qui concerne l’Éthiopie, il n’y a aucune raison pour qu’elle bénéficie d’une aide humanitaire, car elle dispose d’un secteur éducatif de qualité», dit-elle. «Le pays a un fort potentiel. Nous avons investi dans les réformes. S’il n’y avait pas de guerre,  de conflit, nous serions extrêmement heureux de passer de l’aide humanitaire à l’investissement et d’offrir un avenir à la population.» 

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Annette Weber pose pour une photo avec l’équipe du Fonds saoudien pour le développement. (Photo fournie) 

«Nous ne sommes pas heureux qu’il y ait autant de personnes ayant besoin d’aide humanitaire. Mais nous constatons, par exemple en Somalie, voire dans toute la région de la Corne de l’Afrique, un changement climatique, une invasion de criquets et plusieurs autres facteurs qui qui ne sont pas dus à l’homme, mais spécifiquement liés à un conflit.» 

«C’est à ce niveau que nous ne sommes pas satisfaits. Il s’agit d’une famine créée par l’homme, de besoins créés par l’homme qui ne devraient pas exister et pour lesquels nous serions heureux d’investir. Nous sommes heureux que l’argent soit utilisé, mais nous serions vraiment heureux qu’il serve à quelque chose pour l’avenir. À la lumière des entretiens que j’ai eus aujourd’hui, je constate que mes homologues saoudiens partagent ce sentiment: nous aimerions tous investir dans l’énergie verte et dans une meilleure économie», affirme Mme Weber. 

«À l’avenir, l’économie reposera sur les technologies intelligentes et sur la gestion efficace de l’eau, plutôt que sur l’aide humanitaire. Mais nous ne pouvons pas juger les personnes qui ont été déplacées par la guerre. C’est donc à ce niveau que nous devons intervenir et apporter notre aide.» 

EN BREF

  • Au Soudan, plus de 13,4 millions de personnes ont besoin de recevoir une aide humanitaire, dont un million de demandeurs d’asile et de réfugiés enregistrés. 
  • Depuis novembre 2020, le conflit du Tigré en Éthiopie et les tensions frontalières à Al-Fashaga ont entraîné l’arrivée de milliers de nouveaux réfugiés. 

Concernant la guerre en Éthiopie, Mme Weber considère qu’une résolution pacifique est la seule issue souhaitable. «Si cela ne se produit pas, nous assisterons à une guerre civile qui entraînera la chute de toute la région», estime-t-elle. «Il y a un sentiment d’urgence en Éthiopie: si les parties belligérantes ne parviennent pas à négocier un cessez-le-feu, si elles ne cessent pas d’espérer pouvoir gagner militairement, le plus grand pays de la région risque de se désintégrer», déplore-t-elle. «Les répercussions se feront sentir dans toute la région de la mer Rouge, ainsi qu’en Europe et en Arabie saoudite. La dimension politique du dialogue en Éthiopie doit être gérée par les Éthiopiens. Nous devons tous nous engager dans le cessez-le-feu.»  

Sur une note plus positive, Mme Weber se dit «très heureuse que l’Union africaine ait nommé un médiateur en chef» pour faciliter la résolution du conflit et «très optimiste par l’engagement régional». Néanmoins, elle souligne que l’UE, les États-Unis et l’Arabie saoudite devaient rester engagés dans le processus. Si le conflit se poursuit, avertit-elle, «nous observerons une désintégration selon des critères ethniques qui prendra des décennies à guérir». 

Le Soudan, où une crise a été désamorcée par un accord conclu dimanche, qui ouvre la voie à la formation d’un gouvernement civil de transition, figurait également parmi les priorités de Mme Weber lors de ses entretiens à Riyad. Les militaires ont rétabli le Premier ministre Abdallah Hamdok dans ses fonctions et ont promis de libérer tous les détenus politiques après des semaines de troubles meurtriers déclenchés par un coup d’État en octobre. 

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Mme Weber s’est entretenue avec le KSrelief au sujet des préoccupations mutuelles concernant les effets du conflit dans la Corne de l’Afrique et a discuté des possibilités de poursuivre la coopération entre l’Arabie saoudite et l’UE dans la région. (Photo, @KSRelief_EN) 

«C’est une étape très positive», affirme Mme Weber. «Notre compréhension, en Europe, est claire dès le début: nous avons vu la stabilité dans la coopération entre les deux parties et dans la prise en compte de l’opinion de la rue lors des manifestations de 2019. Nous l’avons vue également dans le fait que la jeune génération soit pour la première fois prise en compte dans l’avenir du pays. Nous avons vu enfin la stabilité dans un gouvernement mixte comprenant Hamdok et les militaires. Que l’armée prenne ses propres décisions sans la société civile ne pouvait pas permettre un avenir stable pour le Soudan, absolument pas», poursuit la représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique. 

«Nous ne devons pas confondre le Soudan avec d’autres pays de la région. Ce n’est pas la première fois que la population descendait dans la rue. Les manifestants ont toujours été très clairs sur leurs positions politiques. Il était absolument inconcevable qu’ils acceptent sans broncher un coup d’État militaire», ajoute Mme Weber. «Maintenant, le travail recommence à zéro, les militaires doivent convaincre les civils dans la rue qu’il ne s’agit pas d’une boucle, où, chaque fois qu’ils estiment qu’ils sont un peu fatigués des civils, ils peuvent simplement avancer sans eux.» 

Les puissances extérieures, telles que l’UE, ont-elles un quelconque pouvoir ou une quelconque influence sur les forces politiques et militaires impliquées au Soudan? «Nous devons avoir une compréhension beaucoup plus consensuelle car les autres pays de la région ont plus de poids. C’est à ce niveau que nous devons avoir une vision commune», répond Mme Weber. 

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L’ONU a mis en garde contre le risque croissant de décès massifs dus à la famine pour les personnes vivant dans les zones de conflit et de sécheresse de la Corne de l’Afrique. (Photo, AFP) 

«Nous avons tous différents canaux et moyens de communication. Si nous ne sommes pas les plus forts lorsque nous nous engageons avec une partie, nous pouvons l’être lorsque nous parlons avec l’autre partie. C’est pourquoi il est important d’avoir une compréhension commune de l’objectif que nous voulons atteindre, et d’utiliser tous nos outils d’engagement». 

Annette Weber, de nationalité allemande, a plus de vingt-cinq ans d’expérience dans la Corne de l’Afrique et la région de la mer Rouge. Elle a facilité les pourparlers de paix aux plus hauts niveaux politiques. Elle a conseillé l’ONU, l’UE et le gouvernement allemand sur la région et s’est exprimée sur les questions régionales lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. 

Compte tenu de son expérience, pense-t-elle que l’UE peut réellement faire la différence, étant donné l’éventail impressionnant de défis auxquels la Corne de l’Afrique est confrontée? 

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Annette Weber avec la rédactrice en chef adjointe d’Arab News, Noor Nugali. (Photo AN) 

«Les pays de la Corne de l'Afrique sont confrontés à de tels défis depuis des décennies, voire des siècles, mais nous ne devons pas oublier que nous avons connu deux transitions dans cette région au cours des deux dernières années», note Mme Weber. «Nous en avons eu un changement au Soudan et une transition très prometteuse en Éthiopie. Donc tout est possible. C’est dans cette hypothèse que nous sommes favorables au changement, lorsque nous voyons un renforcement durable de la coopération, que les personnes ont le sentiment de pouvoir façonner leur avenir et que nous pouvons faire la différence. Mais nous avons également l’obligation de soulager la douleur des personnes qui sont touchées par les conflits», souligne représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique. 

«J’aimerais que nous puissions apporter plus d’engagement positif, d’investissement et d’énergie à ces transitions plutôt que de simplement soulager la douleur des gens. Ce sont les habitants des pays de la Corne de l’Afrique qui ont intérêt à ce que leur avenir soit assuré, à ce que la région soit stabilisée et renforcée et à ce qu’elle soit interconnectée. Il ne s’agit pas de jouer les uns contre les autres, mais de tisser des liens économiques, politiques et culturels. Ce n’est pas à nous de le faire, mais nous pouvons apporter notre soutien. C’est là notre rôle.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.