TEHERAN: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées de nouveau mercredi dans la province de Chahar Mahall-Bakhtiari, dans le sud-ouest de l'Iran, pour exiger une solution à la pénurie d'eau potable, a annoncé la télévision d'Etat.
"Des habitants (...) se sont réunis aujourd'hui à Shahr-e-Kord, (la capitale provinciale), pour faire entendre aux autorités leurs inquiétudes concernant le tarissement de l'eau", a indiqué la télévision qui a diffusé brièvement des images du rassemblement.
Dimanche, plus d'un millier de personnes ont défilé vers le siège du gouvernorat de la même province, pour appeler les responsables à mettre fin à "leurs projets de transfert d'eau de la province vers d'autres régions voisines", selon la télévision.
"Les sécheresses récentes ont anéanti de nombreux glaciers permanents et réduit les niveaux d'eau des rivières au minimum", a indiqué la télévision mercredi.
Selon ce média, environ 300 villages de la province sont approvisionnés en eau potable par camion-citerne.
Chahar Mahall-Bakhtiari se situe à l'ouest d'Ispahan où la population avait protesté la semaine dernière contre l'assèchement du Zayandeh-roud, une rivière emblématique traversant plusieurs provinces dans le centre du pays.
Le président iranien Ebrahim Raïssi avait promis le 11 novembre de résoudre le problème de l'eau à Ispahan, Yazd et Semnan, dans la même région.
Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui qualifié ce sujet comme "le problème du pays", sans faire allusion aux manifestations.
L’Iran a exécuté un homme arrêté pour meurtre à l'âge de 17 ans
L'Iran, deuxième pays au monde après la Chine à recourir à la peine capitale, a exécuté mercredi un lycéen âgé de 17 ans au moment de son arrestation, en dépit des appels d'organisations internationales de défense des droits humains à y renoncer.
L'exécution d'Arman Abdolali, 25 ans, a eu lieu à l'aube dans la prison de Rajai Shahr, près de Téhéran, conformément au "qesas", c'est-à-dire la "loi du talion" demandée par la famille de la victime, a annoncé le site de l'autorité judiciaire Mizan Online.
Pourtant, Amnesty avait exhorté le 11 octobre l'Iran à renoncer à l'exécution de cet homme condamné à mort pour le meurtre en 2015 de son amie, âgée de 19 ans, à l'issue d'un procès qualifié par cette ONG de "grossièrement inéquitable".
Le corps de la victime n'a jamais été retrouvé, l'accusé avait déclaré l'avoir jeté dans une poubelle.
Arman Abdolali avait été reconnu coupable du meurtre de son amie "à l'issue d'un procès basé sur des +aveux+ obtenus sous la torture", avait dénoncé Amnesty.
"Ce jeune homme n'était pas un malfaiteur. Comme la victime, il était issu d'une famille respectable. En prison, Arman a continué ses études pour obtenir un master d'éducation", avait indiqué à la presse en octobre Hadi Sadeghi, un responsable judiciaire.
"Les deux familles se connaissaient et la victime et l'accusé avaient l'intention de se marier", a-t-il ajouté. D'après ses aveux, une dispute avait éclaté quand elle lui avait fait part de son désir de quitter le pays.
Selon Mizan, la mère de la victime avait déclaré dans une interview qu'elle pardonnerait à Arman s'il lui montrerait l'emplacement du corps de sa fille.
L'homme avait de nouveau été condamné à la peine capitale en 2020 lors d'un nouveau procès, mais la cour avait jugé que l'adolescent était responsable de ses actes en l'absence de preuves du contraire, avait relaté Amnesty.
Début 2020, plusieurs artistes iraniens avaient partagé un message sur Instagram, appelant la famille de la victime à "renoncer à l'application de la peine". Selon la loi, il revient à la famille de la victime de pardonner ou pas à l'accusé. Si elle refuse, la peine de mort est appliquée.
L'exécution d'Arman Abdolali avait été reportée à plusieurs reprises, en 2020, puis en octobre et novembre 2021, mais celle-ci avait été stoppée à la suite de mobilisations internationales, selon l'organisation.
En 2020, 246 personnes ont été exécutées en Iran, selon Amnesty. Ce pays est régulièrement condamné par le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme et des ONG occidentales pour des exécutions de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu'elles étaient mineures, en violation de la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par Téhéran.
La République islamique d'Iran "fait de son mieux pour réduire à +zéro+ le nombre d'exécutions de mineurs délinquants", avait affirmé en juillet à l'AFP Majid Tafréchi, adjoint au directeur des affaires internationales de l'Autorité judiciaire, chargé des droits de l'Homme.