LONDRES: Nouveau coup de chaud entre la monarchie britannique et les médias: la famille royale est sortie de son habituelle réserve pour accuser la BBC de "présenter comme des faits" des informations "infondées" dans un documentaire sur les princes William et Harry.
Le groupe public a diffusé lundi soir le premier épisode sur deux du documentaire "Les princes et la presse", centré sur le rapport à la presse de William, deuxième dans l'ordre de succession à la couronne, et son frère Harry, qui a souvent dénoncé la pression médiatique sur sa famille. Il y est notamment question de la manière dont ces derniers ont pu utiliser les médias dans leurs rivalités, sujet explosif ces dernières années.
Selon des journaux, ces films ont provoqué la colère de la famille royale qui n'y a pas été associée et n'a pu les visionner avant leur diffusion, laissant la reine Elizabeth II "bouleversée" selon le tabloïd The Sun. L'institution aurait menacé de cesser toute collaboration avec la BBC pour des projets futurs.
A la fin du premier volet, la famille royale a cependant pu exercer son droit de réponse, déclarant qu'une "presse libre, responsable et ouverte est d'une importance vitale pour une démocratie saine".
"Cependant, trop souvent, des affirmations exagérées et sans fondement provenant de sources anonymes sont présentées comme des faits et il est décevant que quiconque, y compris la BBC, leur accorde de la crédibilité", ont conjointement déclaré le palais de Buckingham ainsi que les services des princes Charles (Clarence House) et William (palais de Kensington).
Le souvenir Diana
Les relations avec la BBC restent envenimées par la diffusion il y a plus de 25 ans d'une interview de la princesse Diana, où elle affirmait qu'il y avait "trois personnes" dans son mariage - en référence à la relation que Charles entretenait avec Camilla Parker Bowles - et reconnaissait entretenir elle-même une liaison.
Ce mauvais souvenir a été récemment ravivé par les révélations concernant la façon dont le journaliste Martin Bashir avait obtenu cet entretien, à coup de documents falsifiés pour tromper l'entourage de Diana.
Au delà de la BBC, c'est avec la presse dans son ensemble que la famille royale entretient une relation complexe. Harry, 37 ans, a dénoncé à de multiples reprises la pression des médias sur son couple et en a fait la raison principale de sa mise en retrait de la famille royale, effective depuis avril 2020.
Lui et sa femme, Meghan Markle, ont intenté plusieurs procès aux tabloïds britanniques. Ils attendent notamment le jugement du procès en appel qui les a opposé début novembre au Mail on Sunday, à qui la duchesse reproche d'avoir porté atteinte à sa vie privée en diffusant un courrier écrit à son père en 2018.
Pacte tacite
Dans "Les princes et la presse", un détective privé admet que les médias "impitoyables" des années 2000 visaient en particulier le prince Harry.
"Comme me l'ont expliqué des rédacteurs en chef, Harry était devenu le nouveau Diana", a affirmé Gavin Burrows, qui s'est excusé d'avoir contribué à "voler" l'adolescence du prince en piratant le téléphone de son ex-petite amie pour revendre des informations au défunt tabloïd News of the World.
La mère des deux princes est décédée en 1997 dans un accident de voiture à Paris alors qu'elle était poursuivie par des paparazzis.
Même avec le populaire William, la presse n'a pas toujours été tendre. Selon Tim Ewart, journaliste interviewé dans le documentaire, les médias avaient à une époque un certain "ressentiment" à l'égard du duc de Cambridge car celui-ci ne "jouait pas le jeu" tacite: les nourrir en échange d'une couverture favorable.
Lui et son épouse Kate "n'étaient pas aussi amicaux que ce que les médias espéraient, donc la presse a décidé +Renversons les rôles et passons à l'attaque+", explique-t-il.
Le retour de bâton n'a pas tardé à venir: selon une source royale citée par le Sun, William a "très clairement" interdit à ses équipes de "briefer" la presse ou de divulguer des informations sur les autres membres de la famille royale.