Accélérateurs de start-up en Arabie saoudite : une nouvelle génération d'incubateurs d'entreprises

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Publié le Mercredi 23 septembre 2020

Accélérateurs de start-up en Arabie saoudite : une nouvelle génération d'incubateurs d'entreprises

Accélérateurs de start-up en Arabie saoudite : une nouvelle génération d'incubateurs d'entreprises
  • Des accélérateurs apparaissent dans la plupart des centres urbains d'Arabie saoudite, souvent liés aux universités scientifiques et technologiques. Trente au moins se sont installés dans le pays depuis 2010
  • La tendance actuelle, à savoir la diversité et l’expérimentation dans les programmes d’accélérateurs en Arabie saoudite doit être bien accueillie

Le concept des incubateurs d'entreprises a été introduit par Joseph L. Mancuso dans les années 50. Ce dernier a créé un entrepôt où les startups pouvaient s’installer et bénéficier de services d’encadrement et de formation communs.

Les incubateurs d'entreprises se sont multipliés, et l'International Business Innovation Association estime qu'il en existe entre 7 000 et 9 000 dans le monde.

Les centres d’incubation ne se sont plus limités à de simples bâtiments, mais ils ont connu différentes variantes selon leurs spécialisations. Ils se sont développés au sein de complexes intégrés, et sont basés dans des universités et des parcs scientifiques.

Au début des années 2000, un nouveau type d'incubateur d'entreprises a vu le jour : l'accélérateur d'entreprises. Dans le Royaume et les États du Golfe, ils ont commencé à apparaître environ en 2010, et ont connu depuis une croissance rapide.

Il existe une certaine confusion sur les différences entre les accélérateurs d'entreprises et les incubateurs d'entreprises traditionnels, et les gens peuvent être curieux de savoir comment ils apportent de la valeur ajoutée à des pays comme l'Arabie saoudite, qui entame sa transition vers une économie du savoir.

On peut entendre les critiques de ceux qui disent que les accélérateurs d'entreprises ne sont que des incubateurs traditionnels se présentant sous une nouvelle forme, dans le but d’attirer des subventions et des fonds gouvernementaux, et ne montrant que peu de preuves de leur spécificité et de leur efficacité.

Cependant, il devient de plus en plus clair que le modèle d'accélérateur d'entreprises présente des avantages quand il participe au développement d'entreprises fondées sur l'innovation. C'est un catalyseur plus puissant pour accélérer le processus des startups et de la croissance que les incubateurs traditionnels.

Les multiples avantages des incubateurs de startups

Le concept d’un incubateur de startups part du principe que les nouvelles startups sont fragiles et susceptibles d'échouer si elles sont directement exposées aux lois du marché. Il est inutile de perdre autant de startups prometteuses, alors qu’un peu de soutien et de protection lorsqu'elles sont nouvelles et vulnérables pourrait les aider à survivre et à se développer.

Le regroupement de startups dans les centres d'incubation signifie qu’elles peuvent bénéficier d’un  soutien économique et efficace. Les centres d'incubation peuvent également attirer des capitaux plus larges émanant d'organisations financières et de gouvernements, afin de permettre aux startups de démarrer leurs activités, des financements auxquels aucune startup individuelle ne pourrait sinon prétendre.

L'accélérateur est une sorte d'incubateur à plus grande échelle, qui a pour objectif global d'améliorer les chances d'une startup de survivre et de croître. Mais il cherche aussi à accélérer la croissance d'une startup, pas seulement à en assurer la survie à son propre rythme.

Les accélérateurs fonctionnent mieux sur les startups lorsque le produit ou le service a déjà été suffisamment développé pour bénéficier d'une croissance rapide. Ils sont conçus pour faciliter l’injection de fonds propres, et pas seulement de capitaux de départ prenant la forme de subventions, d’aides ou de prêts. Les investisseurs y voient souvent non seulement un investissement dans l'entreprise, mais aussi un investissement dans le développement professionnel et le potentiel de croissance de l'équipe.

Un accélérateur fournit un soutien d'une manière beaucoup plus structurée et planifiée, généralement via des programmes intensifs et organisés officiellement. L'amélioration des résultats est supposée être visible et rapide. C'est un modèle bien plus compatible avec l’injection de fonds propres, dans la mesure où les investisseurs peuvent observer, et même avoir un certain contrôle sur le développement de l'entreprise et sa capacité à fournir un retour sur investissement.

Des accélérateurs apparaissent dans la plupart des centres urbains d'Arabie saoudite, souvent liés aux universités scientifiques et technologiques. Trente au moins se sont installés dans le pays depuis 2010. Un grand nombre d’entre eux ont été nouvellement créés et n'ont pas encore fait germer leurs premières startups. Les Saoudiens peuvent également se joindre à différents programmes d'accélérateurs de la région, à Dubaï et en Jordanie.

Les accélérateurs actuels présentent une diversité de types et de programmes. Certains sont rattachés à des universités ou des collèges techniques et sont réservés aux diplômés, aux chercheurs et aux étudiants en entrepreneuriat. D'autres sont ouverts à un large éventail d'entrepreneurs et sont soutenus par de grandes compagnies, comme par exemple Ikea Forward, ou par des organisations caritatives nationales comme Misk Growth Accelerator.

Beaucoup de ces accélérateurs, en contrepartie de leurs services, se rémunèrent en equity, c'est-à-dire en prenant une participation au sein du capital des startups, alors que d’autres ne perçoivent que des frais d'adhésion. La plupart des accélérateurs renouvellent leurs programmes et fonctionnent avec une rotation continue de nouvelles startups chaque année. D'autres sont ponctuels.

Des modèles plus appropriés à découvrir

Avec autant de nouveaux accélérateurs créés au cours des deux dernières années, il est trop tôt pour voir à quel point ils ont réussi à soutenir les startups basées sur l'innovation. Plusieurs ont cessé leurs activités. L'Arabie saoudite peut se vanter d'accélérateurs bien installés depuis plus longtemps, qui ont soutenu quantitativement et qualitativement de nombreuses startups.

On doit décerner une mention spéciale à Taqadam, qui compte 75 startups, et Astrolabs à Riyad, qui dispose d'un réseau de partenaires internationaux pour soutenir ses séminaires. La diversité des accélérateurs qui émergent est encourageante, et souligne que les modèles d'accélérateurs les plus appropriés pour soutenir les entreprises émergentes basées sur l'innovation dans le Royaume restent encore à découvrir.

Il semble y avoir davantage d'accélérateurs de startups en phase de démarrage, alors qu’une moindre importance est accordée aux accélérateurs dans une phase plus avancée,  qui permettent de stimuler la croissance des nouvelles entreprises les plus prometteuses afin de les faire passer d’une échelle nationale à une échelle internationale.

Il est peu probable que la simple reproduction de modèles d'accélérateurs qui ont réussi aux États-Unis et en Europe fournisse des solutions complètes, car l'écosystème d'innovation saoudien continue d'évoluer dans un environnement culturel, institutionnel et commercial global très différent de celui de l'Occident.

Compte tenu de ce scénario, la tendance actuelle qu’on observe, à savoir la diversité et l’expérimentation dans les programmes d’accélérateurs doit être bien accueillie. Les plus appropriés et les plus utiles apparaîtront avec le temps.

 

• Le Professeur Dr. Peter Rosa est titulaire de la chaire George David de l'entrepreneuriat et des affaires familiales à l'Université d'Édimbourg.

• Dr Abdullah Alakeel est un spécialiste de la commercialisation de l'innovation au KACST, de l’Université d'Édimbourg.

Clause de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur www.Arabnews.com