L'Egypte détourne une aide militaire française, Paris laisse faire

Le président français Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi depuis les escaliers de l'Elysée, le 12 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi depuis les escaliers de l'Elysée, le 12 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 22 novembre 2021

L'Egypte détourne une aide militaire française, Paris laisse faire

Le président français Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi depuis les escaliers de l'Elysée, le 12 novembre 2021. (Photo, AFP)
  • La France fournit des renseignements aux autorités égyptiennes qui sont utilisés par Le Caire pour cibler des trafiquants à la frontière égypto-libyenne
  • «En principe, la mission (...) consiste à scruter le désert occidental pour y détecter d'éventuelles menaces terroristes venues de Libye»

PARIS : La France fournit des renseignements aux autorités égyptiennes qui sont utilisés par Le Caire pour cibler des trafiquants à la frontière égypto-libyenne, et non des jihadistes comme prévu, affirme dimanche le média en ligne d'investigation Disclose, citant des "documents confidentiel défense" témoignant du dévoiement de cette mission.

Selon Disclose, la mission de renseignement française "Sirli", débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, a été détournée par l'Etat égyptien qui se sert des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés.

"En principe, la mission (...) consiste à scruter le désert occidental pour y détecter d'éventuelles menaces terroristes venues de Libye", à l'aide d'un avion léger de surveillance et de reconnaissance (ALSR) loué à la Direction du renseignement militaire (DRM), écrit Disclose, spécialisé dans les révélations embarrassantes pour les armées françaises.

"Théoriquement, les données recueillies devraient faire l'objet de recoupements afin d'évaluer la réalité de la menace et l'identité des suspects. Mais très vite, les membres de l'équipe comprennent que les renseignements fournis aux Egyptiens sont utilisés pour tuer des civils soupçonnés de contrebande. Une dérive dont ils vont alerter leur hiérarchie à intervalles réguliers", en vain, poursuit le média en ligne, et ce malgré plusieurs bavures sur le terrain.

Selon les documents obtenus par Disclose, "les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018".

La DRM et l'armée de l'air s'inquiètent des dérives de l'opération, comme en témoigne une note transmise à la présidence française le 23 novembre 2017, citée par Disclose: "Par manque de moyens de surveillance, l'identification des pick-up ne peut être effectuée sans autre élément d'appréciation que le survol initial dont ils ont fait l'objet. Aussi, l'identification de certains véhicules et les frappes d'interdiction qui en découlent pourraient être soumises à caution".

Une autre note datée du 22 janvier 2019, à l'attention de la ministre des Armées Florence Parly, avant une visite officielle en Egypte avec le président français Emmanuel Macron, signale "des cas avérés de destruction d'objectifs détectés par l'aéronef" français et estime "important de rappeler au partenaire que l'ALSR n’est pas un outil de ciblage".

Pourtant, aucun accord ne sera signé ni la mission remise en cause, assure Disclose, qui affirme que "l'armée française est toujours déployée dans le désert égyptien".

Les députés LFI réclament une commission d'enquête

Les députés LFI vont réclamer l'ouverture d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale après ces révélations.

"Le ministre de la Défense de François Hollande, devenu ministre des Affaires étrangères sous Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, doit de toute urgence apporter des explications devant la représentation nationale", a demandé le groupe LFI à l'Assemblée nationale dans un communiqué. 

Aux côtés de M. Le Drian, les députés insoumis souhaitent également que soient entendus la ministre des Armées, Florence Parly et leurs prédécesseurs Sylvie Goulard et Jean-Marc Ayrault. 

Les députés LFI font part de leur "trouble immense".

"Les commandes d'armements exorbitantes passées par l'Égypte auprès de la France durant la même période pourraient expliquer le silence coupable des autorités françaises devant le détournement de cette mission et les violations des droits humains dont le régime égyptien s'est rendu coupable", ont estimé les députés LFI. 

Les députés de la France insoumise vont déposer "dans les meilleurs délais" une résolution demandant l'ouverture d'une commission d'enquête sur cette affaire mais celle-ci a peu de chances d'aboutir. 

Le gouvernement a en effet la faculté de déclarer irrecevable la résolution avant son inscription à l’ordre du jour s’il estime que son adoption ou son rejet est de nature à engager sa responsabilité ou si elle contient des injonctions à son égard. 

Celle-ci doit ensuite faire l'objet d'un vote dans l'hémicycle.

"L'Egypte est un partenaire de la France avec lequel – comme avec beaucoup d’autres pays – nous entretenons des relations dans le domaine du renseignement et de la lutte antiterroriste (...) au service de la sécurité régionale et de la protection des Français. Pour des raisons évidentes de sécurité et d'efficacité, nous ne communiquerons pas davantage sur la nature des dispositifs de coopération mis en œuvre dans ce domaine", a réagi dimanche soir le ministère français des Armées auprès de l'AFP, en précisant que Florence Parly avait "demandé qu'une enquête soit déclenchée sur les informations diffusées par Disclose".

Malgré la volonté affichée de Paris de recentrer ses exportations d'armements vers l'Europe, l'Egypte fait partie des principaux destinataires d'équipements militaires français.

Ces ventes se sont considérablement renforcées avec l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi en 2014, essentiellement entre 2014 et 2016 à la faveur de la vente de chasseurs Rafale, d'une frégate, de quatre corvettes et de deux porte-hélicoptères Mistral.

Le président Sissi a été reçu en décembre 2020 par Emmanuel Macron, qui lui a remis la grand-croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique française.

Cette décision, dans un pays accusé par les ONG de bafouer les droits humains et d'utiliser des armements contre des civils, avait suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux, alors que l'Egypte est un pays clé de nombreux dossiers de la région.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".