Des grèves jettent une lumière crue sur les usines chinoises en Serbie

Des travailleurs vietnamiens manifestent pour réclamer de meilleures conditions sur le chantier de construction de l'usine de pneus chinoise « Linglong » près de Zrenjanin, le 19 novembre 2021. (Photo, AFP)
Des travailleurs vietnamiens manifestent pour réclamer de meilleures conditions sur le chantier de construction de l'usine de pneus chinoise « Linglong » près de Zrenjanin, le 19 novembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 20 novembre 2021

Des grèves jettent une lumière crue sur les usines chinoises en Serbie

  • La situation sur le site de construction a fait les gros titres cette semaine dans le pays des Balkans
  • Ces dernières années, Pékin a investi des milliards dans les Balkans où son influence s'est considérablement accrue

ZRENJANIN : Lorsque Dung Nguyen a quitté son Vietnam natal pour la Serbie, il pensait partir travailler pour une entreprise allemande. Mais son passeport fut confisqué à son arrivée sur le chantier d'une future usine chinoise où il a enduré de douloureuses conditions de vie.

La situation sur le site de construction a fait les gros titres cette semaine dans le pays des Balkans. Avec des centaines d'autres ouvriers vietnamiens, Dung Nguyen, 37 ans, a fait grève, rare manifestation sociale dans les entreprises chinoises en Serbie.

Ces dernières années, Pékin a investi des milliards dans les Balkans où son influence s'est considérablement accrue. 

La Serbie, qui joue de longue date un jeu d'équilibriste entre Est et Ouest, a levé la main sans hésiter pour bénéficier des "nouvelles routes de la soie" chinoises. 

Mais les ONG de défense des droits accusent Belgrade de fermer les yeux sur les conditions dans les entreprises chinoises. 

Les ouvriers vietnamiens travaillent à la construction d'une usine de pneus du chinois Linglong, un projet emblématique des investissements de Pékin en Serbie, à Zrenjanin, dans le nord. 

Selon Dung Nguyen, les conditions de vie et de travail sont insoutenables, contraires aux promesses faites lors de son recrutement. 

"On vit comme si on était en prison (....). Tous nos passeports ont été pris par les Chinois quand on est arrivés", a expliqué l'ouvrier de 37 ans à l'AFP dans un message vidéo envoyé depuis l'intérieur de l'usine. "Je ne peux pas parler plus, j'ai peur que mes paroles aient des conséquences pour les autres".

Sans chauffage

Des agents de sécurité privés empêchent les journalistes d'entrer sur le site, a constaté un reporter de l'AFP. 

Mais sur des images tournées par la télévision régionale N1, on peut voir les employés entassés dans des dortoirs de fortune. 

Les ONG serbes A11 et ASTRA ont publié cette semaine un rapport pour exiger des "actions urgentes" des autorités. "Un grand nombre de faits vérifiés convergent vers la possibilité que les travailleurs soient victimes de trafic d'êtres humains", dit le texte.

D'après les ONG, les ouvriers vietnamiens n'ont ni chauffage, ni électricité ou eau chaude. 

"Les conditions sont de très loin insuffisantes pour loger des êtres humains. Il n'est pas exagéré de dire que certaines personnes n'imposent pas de telles conditions aux animaux", a déclaré à N1 Danilo Curcic, avocat des droits humains.

D'après A11, c'est la troisième grève en six mois sur le chantier, les deux précédentes ayant été motivées par des impayés de salaires et le manque de nourriture. 

"Il est inacceptable qu'un Etat candidat à l'Union européenne semble tolérer cela sur son territoire et garde le silence sur des cas de possible travail forcé en Europe", a déclaré à l'AFP la députée européenne Viola von Cramon. 

Linglong a expliqué être en contact avec les autorités, ajoutant qu'elle n'employait pas directement les Vietnamiens, embauchés par un sous-traitant chinois.

«Amitié de fer»

"La seule obligation de Linglong auprès de ses sous-traitants est de leur verser une compensation pour le travail effectué", selon un communiqué. 

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a déclaré n'avoir pas reçu d'informations sur "des violences ou du harcèlement" mais ajoute suivre de près la situation. 

Les migrants vietnamiens partent de longue date pour l'Europe en quête d'une vie meilleure.

En 2019, les cadavres de 39 Vietnamiens avaient été retrouvés en Grande-Bretagne dans un camion frigorifique, mettant en lumière les filières d'immigration clandestine qui prospèrent sur les espoirs de familles pauvres.

Les autorités serbes ont balayé les accusations de maltraitances. La Première ministre Ana Brnabic a laissé entendre qu'il s'agissait d'une conspiration visant les investissements chinois en Serbie tout en confirmant que les Vietnamiens allaient être transférés dans d'autres locaux. 

En quelques années, le président serbe Aleksandar Vucic a nettement resserré les liens avec Pékin, déclarant qu'une "amitié de fer" liait les deux pays. 

La Serbie fut l'un des premiers pays à recevoir des vaccins chinois. Le président Vucic avait embrassé le drapeau chinois au début de la pandémie en 2020 après avoir reçu de Pékin des équipements médicaux.

Les investissements chinois continuent d'être une priorité, a assuré M. Vucic après la grève. "Qu'est ce que vous voulez, détruire un investissement de 900 millions de dollars?", a-t-il lancé vendredi. "Si les Vietnamiens ont besoin d'aide, on les aidera. Mais on ne chassera pas les investisseurs".


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.