PARIS: La cinquième vague de l'épidémie de Covid-19 est bien là: pour consolider la digue, la France se dirige vers un rappel du vaccin pour tous les plus de 40 ans, recommandé vendredi par les autorités sanitaires.
- Un rappel pour qui?
L'efficacité des vaccins contre les infections symptomatiques baisse avec le temps, ce qui explique en partie le rebond épidémique que vivent la France et l'Europe.
Pour contrer cette baisse, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé vendredi soir d'administrer une dose de rappel (le plus souvent une troisième dose) à tous les plus de 40 ans. Ses avis sont généralement suivis par le gouvernement.
Jusqu'à présent, ce rappel ne concernait que les plus de 65 ans et les personnes à risques de forme grave. A partir du 15 décembre, il sera exigé pour prolonger leur pass sanitaire.
Le président Emmanuel Macron avait annoncé début novembre que le rappel serait accessible aux 50-64 ans à partir du 1er décembre.
Et peu avant la publication de l'avis de la HAS vendredi, il a vendu la mèche sur l'élargissement: "Je ne serais pas étonné qu'on aille progressivement vers des rappels vaccinaux pour tous les adultes qui ont été vaccinés, c'est le sens de l'histoire", a-t-il estimé lors d'un déplacement dans le Nord.
Le rappel systématique pour tous, décidé par l'Allemagne et sans doute bientôt les Etats-Unis, ne fait pourtant pas consensus chez tous les scientifiques.
Certains font valoir que deux doses restent très efficaces contre les formes graves de la maladie et les décès, et que l'urgence est de vacciner ceux qui n'ont eu aucune dose.
En France, cela concerne quelque 6 millions de personnes parmi la population éligible (les plus de 12 ans).
- Combien de contaminations?
La "5e vague est là", a prévenu mercredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Cela se voit dans le nombre de contaminations quotidiennes. En moyenne calculée sur 7 jours, il est supérieur à 13 000, trois fois plus qu'il y a un mois.
Et le nombre de classes fermées, plus de 4 000, est au plus haut depuis la rentrée de septembre, selon le ministère de l’Éducation nationale.
Cette flambée des infections est toutefois inférieure pour l'instant à celle qu'on observe dans d'autres pays d'Europe, dont l'Allemagne ou les Pays-Bas. Le gouvernement attribue cela au pass sanitaire en vigueur depuis juillet.
- Et l'hôpital?
Comme lors des vagues précédentes, l'enjeu est de savoir si cette flambée des infections entraînera un afflux massif à l'hôpital.
Pour l'instant, c'est non: moins de 8 000 malades du Covid sont hospitalisés en France, dont 1 300 dans les services de soins critiques, contre respectivement 6 500 et 1 000 un mois auparavant.
Cette "décorrélation" entre "contaminations et hospitalisations", selon les termes de M. Attal, est attribuée à la vaccination: elle reste très efficace pour empêcher les formes graves, même si elle l'est moins contre les contaminations au variant Delta.
Pour autant, Gabriel Attal a mis en garde contre un "frémissement" des hospitalisations, qui incite à la "vigilance".
- Pression sur les non-vaccinés?
Certains professionnels de santé réclament de durcir les mesures envers les non-vaccinés. C'est ce qu'a fait l'Autriche, devenue lundi le premier pays de l'UE à les confiner avant d'annoncer vendredi que le confinement concernerait finalement tout le monde.
"Les pays qui confinent les non-vaccinés sont ceux qui n'ont pas mis en place le pass. Cette mesure n'est donc pas nécessaire en France", a toutefois assuré M. Macron dans un entretien à La Voix du Nord mis en ligne jeudi soir.
D'autres voudraient remplacer le pass sanitaire par un pass vaccinal, comme l'Allemagne l'a annoncé jeudi: avoir un test négatif ne suffirait plus pour entrer dans certains endroits et il faudrait être vacciné.
"Rien n'est exclu par principe. Mais est-ce que c'est une piste sur laquelle on travaille, qui est discutée en Conseil de défense? A ce stade, non", a commenté Gabriel Attal, mardi sur France Inter.
- Gestes barrières délaissés?
En complément du vaccin, les autorités insistent sur les gestes barrières, qui se relâchent: porter le masque, aérer, se laver les mains...
"Tout ça doit être renforcé, bien expliqué. Nous avons notre sécurité entre nos mains", a insisté vendredi sur LCI la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, selon qui le masque pourrait devenir obligatoire dans les salles de spectacle.
Mais à rebours de ces consignes, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ont été filmés mardi soir en train de serrer des mains, sans masque. Cela leur a valu de vives critiques.
"On est tous humains", a plaidé mercredi M. Attal.
"Pensez à la ressortir quand vous prendrez une amende", a ironisé sur Twitter le journal Fakir, fondé par le député LFI François Ruffin.