Ottawa et Mexico irrités par la politique protectionniste de Biden sur l'automobile

Joe Biden est accusé de protectionnisme dans le développement des voitures électriques, suscitant l'ire du Mexique et du Canada qui redoutent que le gigantesque plan d'investissements du président américain anéantisse leur secteur automobile. (Photo/AFP)
Joe Biden est accusé de protectionnisme dans le développement des voitures électriques, suscitant l'ire du Mexique et du Canada qui redoutent que le gigantesque plan d'investissements du président américain anéantisse leur secteur automobile. (Photo/AFP)
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Publié le Vendredi 19 novembre 2021

Ottawa et Mexico irrités par la politique protectionniste de Biden sur l'automobile

  • L'hôte de la Maison Blanche a reçu jeudi à Washington le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador qui ont notamment évoqué le nouveau sujet qui fâche
  • Au cours de la fabrication de voitures, les pièces et composants automobiles traversent les frontières mexicaine, américaine et canadienne plusieurs fois avant d'être assemblés dans l'un des pays partenaires

WASHINGTON: Joe Biden est accusé de protectionnisme dans le développement des voitures électriques, suscitant l'ire du Mexique et du Canada qui redoutent que le gigantesque plan d'investissements du président américain anéantisse leur secteur automobile.

L'hôte de la Maison Blanche a reçu jeudi à Washington le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador qui ont notamment évoqué le nouveau sujet qui fâche.

Le plan de mesures sociales et environnementales de 1 750 milliards de dollars voulus par Joe Biden, actuellement en négociation au Congrès, comprend en effet un crédit d'impôt pour inciter les Américains à acheter des véhicules électriques "made in USA", une disposition très critiquée par les partenaires commerciaux des Etats-Unis notamment en Amérique du Nord.

D'un montant de 12 500 dollars pour les véhicules électriques, ce crédit inclut l'actuelle déduction fiscale qui peut aller jusqu'à 7 500 dollars, à laquelle s'ajouterait un crédit d'impôt de 4 500 dollars si le véhicule est fabriqué par des ouvriers syndiqués aux Etats-Unis ainsi que 500 dollars si la batterie est également de fabrication américaine.

Les incitations financières proposées constituent "une menace plus importante que tout ce que Donald Trump a pu nous imposer" y compris les droits de douane punitifs, a récemment estimé Flavio Volpe, le président de la fédération des fabricants de pièces automobiles du Canada (APMA).

"Nous avons souligné très clairement nos préoccupations", a expliqué Justin Trudeau après ce sommet, regrettant la création de "barrières additionnelles" alors qu"'un sentiment de protectionnisme court aux Etats-Unis depuis plusieurs année".

Il a assuré qu'il allait continuer à "travailler de façon engagée et positive pour résoudre cette situation".

L'industrie automobile nord-américaine est extrêmement intégrée. Au cours de la fabrication de voitures, les pièces et composants automobiles traversent les frontières mexicaine, américaine et canadienne plusieurs fois avant d'être assemblés dans l'un des pays partenaires.

Mais l'administration Biden entend clairement favoriser les emplois syndiqués aux Etats-Unis et la fabrication nationale. 

Et mercredi, en visite à Détroit chez General Motors, le président a donné le ton: "le futur est électrique - et il sera fait ici, en Amérique", a-t-il lancé, s'enthousiasmant pour le Hummer électrique du constructeur américain.

Mesure illégale ?

Il pourrait cependant se heurter à la vive opposition des partenaires commerciaux canadiens et mexicains des Etats-Unis qui arguent que cette proposition de crédit d'impôt s'apparente à une mesure protectionniste inacceptable et illégale au regard de l'accord de libre-échange qui lie les trois pays.

"Nous n'avons pas la même perception" de l'aspect juridique, a réagi jeudi Jen Psaki, la porte-parole de la Maison Blanche, notant que ce ne serait pas la première fois qu'un pays met en place des incitations financières et des crédits d'impôts pour l'automobile.

Les responsables canadiens et mexicains observent, eux, que les investissements dans le secteur automobile du Canada et du Mexique pourraient se réduire à l'avenir à peau de chagrin au profit des États-Unis.

Selon eux, cela nuira également aux fournisseurs américains d'usines canadiennes ou mexicaines et perturbera sérieusement les chaînes d'approvisionnement aujourd'hui parfaitement chorégraphiées entre les trois pays.

La ministre canadienne du Commerce, Mary Ng, avait averti dès le 22 octobre, dans une lettre adressée au Congrès et à la représentante américaine au Commerce Katherine Tai, que cette mesure pourrait saper le fonctionnement actuel de l'industrie automobile nord-américaine. 

"S'ils étaient adoptés, ces crédits d'impôts auraient un impact négatif majeur sur l'avenir de la production de véhicules électriques et automobiles au Canada, entraînant un risque de préjudice économique grave et des dizaines de milliers de pertes d'emplois dans l'un des plus grands secteurs manufacturiers du Canada", avait-elle déploré.

Selon elle, "les entreprises et les travailleurs américains ne seraient pas épargnés par ces impacts".

Ottawa juge aussi ces dispositions incompatibles avec les obligations des États-Unis en vertu de l'accord commercial AEUMC et des règles de l'Organisation mondiale du commerce.

L'ambassadeur du Mexique aux Etats-Unis, Esteban Moctezuma Barragan, aux côtés d'une vingtaine d'autres ambassadeurs, avait lui argué dans une lettre au Congrès américain que le crédit d'impôt "entrerait en conflit avec l'objectif du déploiement rapide de nouvelles technologies durables" car il ne s'appliquerait qu'à deux véhicules américains sur plus de 50 véhicules électriques actuellement disponibles.

"Je suis consciente des préoccupations que nos partenaires commerciaux ont soulevées, et nous nous soucions de ces préoccupations", avait assuré la semaine dernière Katherine Tai à des journalistes.

Mais elle avait aussi souligné qu'elle partageait l'ambition de Joe Biden de "placer les États-Unis dans les meilleures conditions pour être compétitifs afin de réaliser ses objectifs et relever les défis industriels" à venir.

"Toutes les relations diplomatiques ont des domaines où il y a des sujets difficiles à discuter (…) C'est le but de ces rencontres en personne", a commenté Jen Psaki, jeudi.

Pour le Canada, l'enjeu est de taille étant donné l'importance du secteur qui représente 135.000 emplois directs et plus de 500 000 indirects.  


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.