PARIS : Brigitte Macron a désapprouvé implicitement jeudi l'ajout du pronom non genré "iel" dans la version en ligne du prestigieux dictionnaire français Le Robert, après des critiques du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.
"Il y a deux pronoms, il et elle", a déclaré l'épouse du président Emmanuel Macron, interrogée par des journalistes sur ce sujet, à l'issue d'une visite avec Jean-Michel Blanquer dans un collège du XVe arrondissement de Paris à l'occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
"La langue est si belle. Et deux pronoms, c'est bien", a-t-elle ajouté.
"On ne doit pas triturer la langue française quelles que soient les causes", a estimé pour sa part Jean-Michel Blanquer, après avoir assisté avec Mme Macron à des formations et temps d'échanges avec des collégiens sur le harcèlement.
"Le féminisme est une grande cause, mais ce n'est pas une cause qui justifie de triturer la langue française, par exemple", a-t-il ajouté. "Il est très bon de féminiser les noms de professions, ce n'est pas quelque chose de difficile à faire et on le fait".
"En revanche, le point médian (utilisé dans l'écriture inclusive, ndlr), les choses qui sont des modifications inopinées de la langue française, ça n'est bon à aucun titre, y compris pour le sujet essentiel de mon point de vue qui est l'apprentissage des savoirs fondamentaux de la part de nos élèves", a-t-il jugé.
Jean-Michel Blanquer s'était déjà exprimé sur ce sujet mardi, apportant son soutien au député LREM François Jolivet, qui avait dénoncé l'entrée de ce mot dans le dictionnaire et avait écrit à ce sujet à l'Académie française, gardienne officielle de la langue française. M. Jolivet avait estimé sur Twitter que les auteurs du Petit Robert étaient "les militants d'une cause qui n'a rien de français: le wokisme".
"Je soutiens évidemment la protestation de @FJolivet36 vis-à-vis du #PetitRobert. L'écriture inclusive n'est pas l'avenir de la langue française", avait affirmé sur Twitter M. Blanquer.
Les éditions Le Robert avaient défendu mercredi l'ajout de ce mot, permettant d'éviter une distinction de genre, à la version en ligne de leur dictionnaire.
Dans un communiqué publié sur le site internet du Robert, son directeur général, Charles Bimbenet, s'était défendu de tout militantisme, rappelant que "la mission du Robert est d'observer l'évolution d'une langue française en mouvement, diverse, et d’en rendre compte".