Pour Emmanuel Macron, la nébuleuse question du projet pour 2022

"Les mesures choc, démago, 'wahou', les gens n'y croient plus...", s'inquiète une figure montante de la macronie. (AFP).
"Les mesures choc, démago, 'wahou', les gens n'y croient plus...", s'inquiète une figure montante de la macronie. (AFP).
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Pour Emmanuel Macron, la nébuleuse question du projet pour 2022

  • En macronie, l'éternelle opposition branche droite versus branche gauche s'est en fait adoucie, la seconde se montrant rassurée que l'exécutif eût renoncé à une surenchère droitière
  • Mais certains clivages demeurent: d'abord, les tenants de la "protection", ou "société du care", c'est-à-dire du soin, naguère théorisée par Martine Aubry et qui trouve aujourd'hui écho dans la proposition de "grande Sécurité sociale"

PARIS: "Protecteur" mais "radical", "jupitérien" tout en étant "disruptif", à la fois social-démocrate et centre droit, mesures choc ou d'accompagnement: la majorité s'interroge sur le projet présidentiel du probable futur candidat Macron, un difficile en-même-temps qui ravive de vieilles lignes de fractures.


En louant la "valeur travail" et en appelant à des "décisions claires", notamment le report de l'âge de départ à la retraite, le chef de l'Etat a semblé lancer sa campagne de réélection, lors de son allocution télévisée du 9 novembre, au risque assumé de nourrir les critiques en droitisation.


"Mais depuis quand le travail, c'est de droite?", s'étrangle un ministre revendiqué chrétien-démocrate mais qui se dit "soucieux de parler au centre gauche", et selon qui le discours de la semaine dernière renforçait surtout "la stature" du président, indispensable pour espérer se faire réélire en avril 2022.


En macronie, l'éternelle opposition branche droite versus branche gauche s'est en fait adoucie, la seconde se montrant rassurée que l'exécutif eût renoncé à une surenchère droitière sur les thèmes régaliens, "une course à l'échalote à laquelle on sortirait toujours perdant", selon un haut responsable du MoDem.


Mais certains clivages demeurent: d'abord, les tenants de la "protection", ou "société du care", c'est-à-dire du soin, naguère théorisée par Martine Aubry et qui trouve aujourd'hui écho dans la proposition de "grande Sécurité sociale" souhaitée par le ministre de la Santé Olivier Véran, qui consisterait à nationaliser pour partie les complémentaires santé.


"Il faut essayer d'avoir un discours plus 'CFDT-iste', dans l'optique de récupérer une partie de l'électorat qui a voté Macron en 2017", appuie un ministre issu du PS.


"La grande Sécu ? A qui ça parle ?", persifle au contraire un ministre, quand l'un des dirigeants de La République en marche s'interroge sur "l'intérêt politique" d'une telle mesure. 


Un membre du gouvernement, bien que lui-aussi ex-PS, se fait davantage cruel: "Si le spectre politique, c'est: +qui va le mieux protéger les Français?+, c'est lamentable", se désole-t-il. Il appelle à célébrer plutôt "les ingénieurs et les start-up" pour "retrouver une campagne positive tournée vers l'avenir, comme en 2017", et à s'appuyer sur le plan France 2030 aux investissements massifs dans les nouvelles technologies.

« Mesures démago »

Pour l'instant sans candidat, et donc sans programme, LREM cherche pour sa part à détecter les "signaux faibles" de la société, à coup de porte-à-porte et questionnaires, qui avaient fait le succès de la "grande marche" d'il y a cinq ans de laquelle était ressortie la question des violences intra-familiales.


Selon le patron du parti, Stanislas Guerini, les problématiques de santé mentale, de prix du logement ou d'usurpation d'identité émergent. Le patron des députés LREM Christophe Castaner phosphore quant à lui sur les nouvelles attaques numériques qui pèseraient notamment sur les systèmes bancaires.


Pas assez disruptif? "Il faut pousser les curseurs: on n'est pas centriste, on est radicaux, sur les deux flancs", estime un député qui entend ressusciter des réflexions de 2017, telles la nationalisation d'Areva ou l'accession à la propriété de logements sociaux.


Le thème de l'éducation est également brandi, y compris en privé par le Premier ministre Jean Castex, où l'on plaide pour une grande autonomie des établissements du secondaire, à l'image de l'expérimentation proposée par Emmanuel Macron à Marseille. 


Un chef de parti partenaire de la majorité milite pour interdire tout nouveau bâti tant que toutes les friches n'auront pas été réhabilitées, manière de reprendre la main sur les thèmes écologiques.


"Les mesures choc, démago, 'wahou', les gens n'y croient plus...", s'inquiète toutefois une figure montante de la macronie.


"Il faut aussi qu'on explore deux-trois sujets: l'écologie, la question démocratique au sens large, l'Europe: tout ça, ça coche des cases de réassurance et de protection", martèle un poids-lourd du gouvernement, "mais pas plus".


Il s'agira également, convient chacun, de décliner "un récit", "de parler de la France". Avec un double objectif: retrouver la "France unie" théorisée par François Mitterrand lors de sa campagne victorieuse de réélection en 1988 et mieux contrer les populistes, Eric Zemmour en tête.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.