LONDRES: La Haute Cour de Londres a jugé mardi qu'un ancien collaborateur du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi, Saleh Ibrahim Mabrouk, pouvait être tenu coresponsable de la mort d'une policière à Londres il y a 37 ans.
Yvonne Fletcher, âgée de 25 ans, avait été tuée en 1984 alors qu'elle était en faction près de l'ambassade de Libye à Londres, devant laquelle était organisée une manifestation pacifique contre le régime de Mouammar Kadhafi (1969-2011).
John Murray, un policier à la retraite âgé de 66 ans, avait intenté une action civile pour une somme symbolique de 1 livre sterling contre Saleh Ibrahim Mabrouk, pour obtenir "justice" pour sa collègue décédée.
Le juge de la Haute Cour a déclaré que les éléments de preuve indiquaient que M. Mabrouk était un "participant actif" à un "plan commun de tirer sur les manifestants".
"M. Murray a réussi à démontrer que l'accusé Saleh Ibrahim Mabrouk est solidairement responsable de ceux qui ont tiré sur Yvonne Fletcher, des coups et blessures qui lui ont été infligés", a-t-il conclu.
A l'époque, la police britannique avait fait pendant 11 jours le siège de l'ambassade, d'où semblait provenir le tir meurtrier, mais sans pouvoir mettre la main sur le tueur.
Le meurtre de la policière avait entraîné la rupture des relations diplomatiques entre Londres et Tripoli jusqu'en 1999, date où la Libye avait reconnu sa responsabilité.
M. Murray, qui souffre depuis de stress post-traumatique (SSPT), avait promis à sa collègue mourante qu'il trouverait les responsables des coups de feu tirés depuis une fenêtre de l'ambassade.
Les avocats de M. Murray avaient avancé que M. Mabrouk, qui a nié tout acte répréhensible, était "coresponsable" du tir mortel, avançant que, bien qu'il n'ait tiré aucun coup de feu, il avait "contribué" à "l'orchestration" d'un plan visant à utiliser la violence lors de la manifestation.
M. Mabrouk n'a pas pris part aux procédures judiciaires mais avait auparavant nié toute implication dans la mort de la policière.
Il avait été arrêté en 2015 en lien avec la mort d'Yvonne Fletcher, mais avait été libéré deux ans plus tard, faute de preuves permettant de le traduire en justice.
Un porte-parole de la police avait expliqué en 2017 que l'enquête avait permis de "rassembler suffisamment d'éléments pour identifier les responsables de la mort de l'agent Fletcher", mais que ces éléments clés ne pouvaient être produits devant la justice "pour des raisons de sécurité nationale".