PARIS: Les expulsions de campements, bidonvilles et autres abris informels, occupés essentiellement par des personnes étrangères, ont bondi de 23% en 2021 en France, a annoncé mardi un observatoire associatif, qui dénonce notamment le "harcèlement" des migrants à Calais et Grande-Synthe (Nord).
Quelque 1 330 expulsions de lieux de vie informels ont été recensés entre le 1er novembre 2020 et le 31 octobre 2021 en France métropolitaine, soit 23,2% de plus que l'année précédente, selon l'observatoire fondé par plusieurs associations dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l'Homme, le Collectif Romeurope ou encore la Fondation Abbé Pierre.
Les expulsions ont visé plus de 172 000 personnes, a dit le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, lors d'une conférence de presse. Ces chiffres constituent "une année record" en matière d'expulsions, depuis la création de l'observatoire en 2019, a-t-il ajouté.
La grande majorité de ces opérations (77%) concernent les villes du Calaisis et de Grande-Synthe, commune où les forces de l'ordre françaises ont démantelé mardi un campement d'environ un millier de migrants, massés dans des abris de fortune, avec l'espoir de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni.
Expulsions annoncées à la dernière minute, souvent sans solution d'hébergement, destruction des tentes, confiscation des vêtements... Cette région concentre "toutes les mauvaises pratiques" de l’État, a déploré M. Domergue.
Le rapport de l'observatoire assimile la "stratégie des pouvoirs publics" dans le Nord à "un véritable harcèlement" avec des migrants qui peuvent subir "des dizaines d'expulsion dans la même année".
Les associations dénoncent partout un manque d'organisation de ces expulsions, qui se soldent le plus souvent par une remise à la rue. Dans 91% des cas, aucune solution d'hébergement ou de relogement n'a été proposée.
"La répression n'aboutit qu'à des mauvaises solutions et à une précarisation accrue", a regretté M. Domergue. "Cette frénésie des expulsions ne fait pas disparaître les personnes comme par magie."
Une commission d'enquête parlementaire sur les migrations a jugé, dans un rapport publié mardi, que l’État doit renoncer à la politique du "zéro point de fixation" sur le littoral nord, ce qui conduit à des expulsions de campements quasi-quotidiennes qui ont des conséquences "massives" sur le quotidien des migrants.