PARIS: Près d’un an après la démission d’Olivier Duhamel puis de Frédéric Mion, les deux instances dirigeantes de l'Institut d'études politiques de Paris ont désigné Mathias Vicherat, 43 ans, comme directeur de l'institution, a-t-on appris mercredi auprès de l'IEP.
Le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui chapeaute Sciences Po, a désigné mercredi Mathias Vicherat parmi les trois candidats en lice, par 19 voix sur 23, a-t-on appris auprès de l'école. Mardi, le conseil de l'Institut, organe de gouvernance interne à l’établissement, avait également largement choisi cet énarque issu de la même promotion qu'Emmanuel Macron.
Il va succéder à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février dernier pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel, alors président de la FNSP.
Mathias Vicherat était le seul des trois candidats finalistes à présenter un profil non universitaire.
Il ne restait, en phase finale, que trois candidatures contre 23 au départ. Christine Musselin, 63 ans, sociologue et enseignante à Sciences Po, et Olivier Faron, 61 ans, historien et administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) n'ont pas été retenus. Ils ont respectivement obtenu 3 voix et 1 voix lors du vote de la FNSP.
La nomination du directeur "fera l’objet d’un décret du Président de la République et d’un arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation" prochainement, écrit Sciences Po dans un communiqué.
Le projet de Mathias Vicherat pour Sciences Po? "Modèle de démocratisation", depuis la mise en place des conventions ZEP sous Richard Descoings, l’école doit "amplifier l’inclusion et la promotion de l’égalité des chances", a-t-il écrit dans son dossier de candidature de 10 pages, consultable sur le site internet de l'école. L'abandon du concours, qui a cédé la place à une sélection sur dossier est "une décision qu’il faut conforter car la fracture sociale est moins forte au moment de l’oral d’admission", poursuit-il. Il insiste aussi sur le développement de la recherche, la nécessité de trouver des ressources budgétaires, l’internationalisation de l’école, mais aussi la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Sciences Po a été l'an dernier secouée par les accusations d'inceste, classées sans suite pour cause de prescription, portées contre Olivier Duhamel.
Cette affaire a causé les démissions de M. Duhamel puis du directeur de Sciences Po Frédéric Mion, un de ses proches. Elle a aussi nourri le mouvement #sciencesporcs lancé par des étudiants se disant victimes ou témoins de comportements et de violences sexistes dans plusieurs Instituts d'études politiques de France.