PARIS : Nucléaire, durcissement des contrôles pour les allocations chômage, ode au travail: les prétendants Les Républicains pour la présidentielle, appuyés par le président du Sénat Gérard Larcher, ont raillé mercredi d'une seule voix le candidat "masqué" Emmanuel Macron et sa "tentative de hold-up" à droite.
Dans une allocution de près d'une demi-heure suivie par 20,9 millions de téléspectateurs mardi soir, le chef de l'Etat a, après l'annonce de nouvelles mesures sanitaires, consacré l'essentiel de son intervention à vanter son bilan et dresser les priorités des cinq derniers mois de son quinquennat, démontrant, selon les LR, qu'il est "sous la pression de la droite".
"Il y a eu clairement une instrumentalisation de la crise Covid pour faire un discours de campagne. Emmanuel Macron est candidat et il utilise tous les moyens de la République pour faire sa campagne, que ce soit les moyens financiers ou les moyens médiatiques", a déploré sur France Inter Valérie Pécresse.
« Echec de son quinquennat »
Selon la présidente de la région Ile-de-France, "il a fait une tentative de hold-up à nouveau sur les idées de la droite, le travail, le nucléaire, les retraites" pour tenter de "faire oublier l'échec de son quinquennat", mais "c'est voué à l'échec".
Emmanuel Macron a notamment annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. De quoi faire bondir Xavier Bertrand, qui avait annoncé lundi soir, à l'occasion d'un premier débat avec les quatre autres candidats à l'investiture LR, que sa première mesure, s'il était élu président, serait de lancer "la construction de 10 nouveaux réacteurs nucléaires".
"Il a regardé le débat des Républicains, c'est évident, on est à la fin de son quinquennat, il va faire tout ce qu'il n'a pas fait pendant cinq ans, ça ne trompe personne", a critiqué sur RTL Xavier Bertrand.
"Ce serait bien qu'il n'avance pas masqué", a ajouté le président des Hauts-de-France, qui estime aussi que "s'il était de droite, il aurait parlé d'insécurité" dans son allocution.
Dans le débat de lundi, la critique d'Emmanuel Macron avait été l'un des nombreux points de convergence des candidats, avec la baisse de la dépense publique et la fermeté sur l'immigration.
"Je ne crois pas que ce soit une politique de droite que d'avoir, au lendemain de la crise, un chômage à 7,5%: c'est juste une politique utile, sociale", a répliqué le député LREM et rapporteur du budget Laurent Saint-Martin, devant l'association des journalistes parlementaires (AJP).
"Hier j'ai entendu un candidat à la présidence de la République", a estimé pour sa part Gérard Larcher sur France 2.
"Aujourd'hui, il reconnaît qu'il faut repousser l'âge légal si on veut préserver le niveau des retraites et si on veut éviter des cotisations qui deviennent insupportables, il est revenu à la raison mais nous verrons", ajoute le président du Sénat.
« La droite est de retour »
C'est "un candidat qui dit l'inverse de ce qu'a fait le président de la République", a jugé sur Cnews Eric Ciotti, autre prétendant LR.
Pour le député des Alpes-maritimes, Macron "a parlé hier parce qu'il est inquiet de ce qu'il se passe à droite, la droite est de retour, elle se réveille".
Un autre candidat, Philippe Juvin, a critiqué sur Sud Radio Emmanuel Macron qui "ne cesse de sortir le carnet de chèques" car "il est en campagne".
Sur Public Sénat, le sénateur LR Philippe Bas s'est dit "assez choqué" de "l'allocution parfaitement incongrue" du président, une "propagande de nature électorale". Selon lui, Emmanuel Macron doit "déclarer sa candidature et ne pas se servir de la fonction présidentielle".
Dans un sondage Odoxa/Blackbone Consulting pour Le Figaro, une large majorité de Français (64%) estime aussi qu'Emmanuel Macron "s'est davantage exprimé comme un candidat que comme un président".
Mais le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a balayé sur franceinfo ce procès du président-candidat, "que les oppositions nous répètent à chaque fois qu'il prend la parole".
"A les écouter, on a l'impression qu'il faudrait passer du quinquennat au triennat, il n'y aurait que trois ans et puis après, parce que l'élection présidentielle arrive, il faudrait s'arrêter d'agir", a-t-il déploré.