PARIS: Un ancien président de la République à la barre: François Hollande est attendu mercredi au procès sous haute sécurité des attentats du 13-Novembre, où il a été cité comme témoin par une association de victimes.
L'ancien chef de l’État n'était pas encore arrivé à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris à la reprise de l'audience, peu avant 13H00. Il a été cité par l'association Life for Paris, partie civile au procès.
Les débats ont débuté avec la contestation des auditions de plusieurs témoins, dont celle de François Hollande, par des avocats de la défense.
"On veut juste que ce soit un procès, c'est tout", pas "une cérémonie de commémorations et une tribune", ni "un spectacle", a déclaré Me Martin Méchin.
"J'ai lu ce matin +c'est la première fois qu'un président vient témoigner devant une cour d'assises+. Super ! Mais qu'est-ce que ça va nous apporter ?", a-t-il continué.
D'autres de ses confrères, qui contestent également les auditions prévues de chercheurs et hommes politiques, ont rappelé que les témoins doivent selon le code de procédure pénale apporter des éléments sur "les faits" ou "la personnalité et la moralité" des accusés.
"La défense n'est pas toujours à l'unisson. Du côté de Salah Abdeslam, nous ne voyons aucun inconvénient à ce que (François Hollande) soit cité", a estimé l'un des avocats du principal accusé, Me Martin Vettes.
Depuis l'ouverture des débats, le 8 septembre, le nom de François Hollande a résonné à plusieurs reprises dans la salle d'audience.
Notamment depuis le box, où Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, a justifié les attaques jihadistes du 13 novembre 2015 en riposte à la politique étrangère de la France et de son président d'alors.
"François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l’État islamique en Syrie", avait lancé Salah Abdeslam au sixième jour du procès.
Le Français de 32 ans avait également affirmé qu'il n'y avait "rien de personnel" dans le fait d'avoir "visé la France" et "des civils" le 13-Novembre.
A la fin de cinq semaines d'auditions de victimes, le nom de François Hollande avait encore retenti, cette fois dans la bouche des jihadistes du Bataclan: un enregistreur laissé dans la salle de spectacle avait capté toute l'attaque et notamment les revendications des assaillants.
"Vous ne pouvez vous en prendre qu'à votre président François Hollande", entend-on plusieurs fois, entre deux tirs, dans l'extrait de quelques minutes de cet enregistrement audio qu'a diffusé la cour le 28 octobre.
Décisions «appropriées»
Quelle sera l'attitude de Salah Abdeslam face à François Hollande ? Les parties civiles, elles, auront sans aucun doute des questions pour l'ancien chef de l’État.
Elles pourront, comme le ministère public et la défense, s'adresser à l'ancien président après sa déclaration spontanée.
Pendant leurs dépositions, plusieurs parties civiles ont exprimé leur besoin de réponses de la part des autorités, notamment sur l'incapacité à déjouer un attentat de grande ampleur en France alors que la menace était au plus haut.
Des rescapés des attaques et des proches de victimes se sont également interrogés sur les conséquences de la politique de la France au Moyen-Orient, certains la fustigeant ouvertement à la barre.
"Je connais ces polémiques, elles font partie d'ailleurs du jeu démocratique, et c'est tout à fait le droit des familles de victimes de demander des comptes", avait déclaré François Hollande à l'AFP avant l'ouverture du procès. L'un de ses enjeux, c'est "que des réponses soient apportées".
"Durant cette nuit-là, les décisions qui ont été prises, je les assume entièrement, (elles) ont été appropriées", avait ajouté l'ex-chef de l’État, réfutant tout "raté" côté français.
L'association Life for Paris l'a fait citer "parce qu'il a été dans tous les temps" des attentats, avant, pendant et après, en créant le secrétariat d’État aux victimes et en décidant "d'engager encore plus fortement les forces armées en Syrie", explique son président Arthur Dénouveaux.
Le soir du 13 novembre 2015, François Hollande assistait à la rencontre amicale France-Allemagne au Stade de France, quand un premier "kamikaze" s'était fait exploser devant l'enceinte sportive, obligeant le chef de l’État à quitter précipitamment les lieux.
Avant même que l'assaut ne soit donné au Bataclan, où des jihadistes ont commis un massacre et pris en otage des spectateurs, François Hollande s'était adressé aux Français à la télévision et avait décrit la situation: "C'est une horreur". Dans la nuit, il avait décrété l'état d'urgence dans le pays.