La précarité, terreau d'un «nouveau» trouble mental pour les mineurs isolés étrangers

Des jeunes migrants, dans une rue parisienne en 2020 (Photo, AFP).
Des jeunes migrants, dans une rue parisienne en 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 novembre 2021

La précarité, terreau d'un «nouveau» trouble mental pour les mineurs isolés étrangers

  • «Humeur triste», «détresse massive» qui peut mener jusqu'aux tentatives de suicide, caractérisent notamment ce trouble attesté par des psychologues de Médecins sans frontières
  • Un rapport met en lumière les effets du «non-accueil» en France sur la santé mentale des mineurs isolés

PARIS: Ils arrivent avec les psycho-traumatismes de leur parcours migratoire, mais la rue et la précarité les emportent vers un "nouveau" genre de trouble psychologique : un rapport met en lumière les effets du "non-accueil" en France sur la santé mentale des mineurs isolés étrangers.

"Humeur triste", "détresse massive" qui peut mener jusqu'aux tentatives de suicide, caractérisent notamment ce trouble attesté par des psychologues de Médecins sans frontières (MSF) et du Comede (Comité pour la santé des exilés).

Depuis quatre ans, ils suivent des centaines de migrants dans un centre de Pantin (Seine-Saint-Denis), où sont accompagnés les jeunes étrangers d'abord déclarés majeurs et qui tentent de faire reconnaître leur statut de "mineur non accompagné" devant la justice.

Durant cette période, ils n'ont pas droit à la prise en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE) et vivent souvent dans "l'errance et la rue": "Les conditions d'accueil des mineurs non accompagnés au cours de la procédure en reconnaissance de minorité majorent les troubles psychiques préexistants de ces jeunes", écrivent l'ONG et l'association dans un rapport commun présenté mardi.

Entre décembre 2017 et juin 2021, 395 de ces jeunes, essentiellement des Africains, ont été suivis dans le centre de MSF, après des parcours migratoires souvent chaotiques.

Un sur deux

"Lorsqu'ils arrivent en France, une partie de ces jeunes souffrent de troubles psychiques, pour la plupart des syndromes psycho-traumatiques et des dépressions", peut-on lire dans le rapport. 

Or, "la politique du non-accueil" en France favorise "l'apparition d'un trouble nouveau chez les mineurs non accompagnés (MNA), réactionnel à la précarité".

"Les MNA qui en sont atteints développent de nombreux symptômes: humeur triste, anxiété, troubles du sommeil et de la concentration, sentiment d'impossibilité à faire face, à faire des projets ou à continuer dans la situation actuelle", écrivent les auteurs, qui évoquent une "détresse massive et réactionnelle à un facteur de stress".

"D'abord sujets à une première phase d'anxiété majeure, les jeunes tendent à basculer ensuite dans un état dépressif. C'est alors que les désinvestissements apparaissent, ainsi que les attitudes d'isolement et de retrait social. C'est pendant cette seconde phase que des idées suicidaires peuvent émerger", a détaillé Melanie Kerloc'h, psychologue et responsable de la santé mentale auprès de ces jeunes chez MSF.

Il y a "un ensemble de symptômes qui font syndrome", résume Laure Wolmark, chargée du sujet au Comede. 

La moitié des jeunes suivis dans le centre présente ce type de troubles, souligne le rapport.

Pas de projet

"Mes rêves sont gâtés. A mon âge, je dors dehors. J'ai une vie de voyou. (...) J'ai l'esprit fermé. Je me sens comme une ordure, que personne ne regarde. Je n'ai pas de projet", a confié à une psychologue l'un d'eux, Samba (prénom modifié), cité dans le rapport.

Les idées noires exprimées par le jeune ivoirien ont "progressivement disparu", depuis qu'un juge des enfants a fini par le confier à l'ASE, et après l'obtention de sa carte de séjour. 

Preuve, pour les auteurs, que précarité et troubles mentaux sont intimement liés pour ces jeunes aux confins des vulnérabilités liées à l'enfance, l'incertitude administrative, le mal-logement, le parcours migratoire et l'isolement. 

Sur les près de 400 jeunes suivis, un autre tiers (37%) souffre de syndromes psycho-traumatiques et 12% sont sujets aux dépressions, précise encore l'étude, en forme de bilan de quatre années d'activité.

Pour eux, l'accès aux soins est par ailleurs "semé d'embûches", déplorent les organisations.

Il faut "établir la présomption de minorité comme cadre directeur de la prise en charge" de ces jeunes, insistent-elles.

MSF et le Comede recommandent notamment la création de lieux de soins dédiés aux jeunes de 12 à 25 ans, dont l'accès ne serait "pas conditionné au statut administratif" et qui offriraient une prise en charge "pluridisciplinaire", répondant autant aux besoins médicaux que sociaux, comme l'accès au logement, à l'alimentation ou au soutien pour les démarches administratives.

"Les objectifs de contrôle de l'immigration", estiment les organisations, "ne doivent pas prévaloir sur ceux de la protection de l'enfance".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".