Nicaragua: Ortega, vainqueur avant même le dépouillement du scrutin

Un homme passe devant une banderole faisant la promotion de la candidature du président nicaraguayen Daniel Ortega et de son épouse et colistier Rosario Murillo, à Managua le 24 septembre 2021. (Photo, AFP)
Un homme passe devant une banderole faisant la promotion de la candidature du président nicaraguayen Daniel Ortega et de son épouse et colistier Rosario Murillo, à Managua le 24 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 08 novembre 2021

Nicaragua: Ortega, vainqueur avant même le dépouillement du scrutin

  • «Une farce», «un simulacre» : Washington et l'Union européenne n'ont pas de mots assez durs pour condamner cette élection à laquelle ils dénient toute légitimité
  • Les journalistes de plusieurs médias internationaux se sont vus interdire l'accès au territoire, et le gouvernement a refusé la présence d'observateurs indépendants

MANAGUA : Gardés par environ 30 000 militaires, les bureaux de vote accueillaient les électeurs dimanche au Nicaragua pour un scrutin sans surprise : le président Daniel Ortega est assuré d'être élu pour un quatrième mandat de cinq ans consécutif, puisque tous ses rivaux sérieux ont été placés en détention.

Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, le président Ortega a accusé ses opposants d'être "des démons (...) qui choisissent la violence, le dénigrement, les calomnies, les campagnes pour que le Nicaragua soit de nouveau en proie à des affrontements violents, à la guerre".

Les candidats arrêtés "conspiraient, ils ne voulaient pas que ces élections aient lieu car ils ont depuis longtemps vendu leur âme à l'empire (nord-américain) et vivent à genoux en réclamant des agressions contre le Nicaragua", a-t-il justifié.

Washington et l'Union européenne qualifient pour leur part ces élections de "farce" et de "simulacre", leur déniant toute légitimité.

Les journalistes de plusieurs médias internationaux, dont CNN et le Washington Post, se sont vu interdire l'accès au territoire, et le gouvernement a refusé la présence d'observateurs indépendants.

Les autorités ont cependant accrédité samedi environ 200 "accompagnateurs électoraux" et journalistes triés sur le volet, des "militants sandinistes" étrangers, selon Urnas Abiertas, un observatoire indépendant.

Le dernier quotidien d'opposition du pays qui paraissait encore, La Prensa, a été investi à la mi-août par la police et son directeur jeté en prison.

Une semaine avant le scrutin, Meta, la maison-mère de Facebook, a annoncé avoir démantelé un millier de comptes Facebook et Instagram gérés par une "usine à trolls" du gouvernement du Nicaragua pour manipuler l'opinion.

Opposition décapitée

Décapitée, ses leaders en détention ou en exil, l'opposition a organisé une manifestation d'environ un millier de personnes à San José, la capitale du Costa Rica où se sont réfugiés plus de 100 000 Nicaraguayens fuyant la répression.

Les opposants n'ont qu'un seul mot d'ordre pour les électeurs : "restez à la maison".

Les cinq candidats inscrits pour affronter le chef de l'Etat sont considérés par l'opposition comme des faire-valoir compromis avec le pouvoir.

C'est donc le taux d'abstention qui pourra donner une idée de l'adhésion réelle des Nicaraguayens au "ticket" formé par Daniel Ortega, 76 ans et son épouse Rosario Murillo, 70 ans, vice-présidente depuis 2017.

Craignant une faible participation, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, ex-guérilla au pouvoir) a organisé des tournées de porte-à-porte pour mobiliser les électeurs. 

Selon un sondage Cid-Gallup, s'ils avaient le choix, 65% des 4,4 millions d'électeurs inscrits voteraient pour un candidat de l'opposition, contre 19% pour le président sortant. 

En revanche, pour l'institut de sondage M&R, proche du gouvernement, Daniel Ortega et les 90 candidats au Parlement présentés par le FSLN recueillent 70% des intentions de vote.

"C'est horrible : on ne peut pas parler, sinon on te met en prison. Pourquoi j'irai voter ? Seuls les sandinistes vont voter", dénonce José, 78 ans, qui a soutenu le FSLN pendant des décennies.

Marina Aguirre, 36 ans, elle, ira voter : "Nous avons des écoles et des hôpitaux gratuits (...) (Daniel Ortega) s'assure que chaque enfant ait des jouets tous les ans", dit-elle.

Chasse aux opposants

Trois ans après la répression qui a fait plus de 300 morts parmi les manifestants qui exigeaient au printemps 2018 la démission de Daniel Ortega, et six mois avant le scrutin, la chasse aux opposants fait rage : 39 personnalités politiques, hommes d'affaires, paysans, étudiants et journalistes ont été arrêtés depuis juin. Parmi eux, les sept candidats potentiels susceptibles de constituer une menace pour le président sortant.

Favorite de l'opposition dans les sondages, Cristiana Chamorro, 67 ans, fille de l'ex-présidente Violeta Chamorro (1990-1997), a été la première arrêtée, le 2 juin, et placée en détention à domicile.

Les opposants sont accusés d'atteinte à la souveraineté nationale, de soutenir les sanctions internationales contre le Nicaragua, de "trahison de la patrie" ou de "blanchiment d'argent", en vertu de loi votées fin 2020 par le Parlement, acquis à l'exécutif, tout comme le pouvoir judiciaire et le tribunal électoral.

La peur court dans le petit pays d'Amérique centrale de 6,5 millions d'habitants, le plus pauvre de la région et en proie depuis les troubles de 2018 à l'inflation, au chômage et à la pandémie de coronavirus, dont l'ampleur est niée par le pouvoir.

Depuis les manifestations du printemps 2018, plus de 100.000 Nicaraguayens ont pris le chemin de l'exil tandis que 150 opposants sont toujours derrière les barreaux, qualifiés par Daniel Ortega de "criminels" et de "fauteurs de coup d'Etat" à la solde de Washington.

Héros de la révolution, l'ancien guérillero Daniel Ortega est aujourd'hui accusé par ses opposants d'agir de la même façon que le dictateur Anastasio Somoza qu'il a contribué à renverser en 1979.

Pour l'analyste nicaraguayenne Elvira Cuadra, exilée, l'isolement du pays affectera les investissements et les financements internationaux, avec des conséquences sociales et une émigration croissante.

D'autant que, outre les nouvelles sanctions adoptées par les Etats-Unis et l'Union européenne, les relations se sont tendues même avec des alliés historiques comme le Mexique et l'Argentine. Restent Cuba, le Venezuela et la Russie comme soutiens du gouvernement de M. Ortega et Mme Murillo.

Les bureaux de vote fermeront à 18H00 locales (00H00 GMT) et les premiers résultats officiels devraient être connus vers minuit (heure locale), selon le tribunal électoral.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.