Le Pen poursuit à Bayeux sa conversion au gaullisme

A Bayeux, elle soulignera "l'acte de souveraineté" posé par Charles de Gaulle en 1944 vis-à-vis notamment des Etats-Unis, et sa volonté en 1946 d'un "président fort" quand il dessine les contours de la Ve République. (Photo, AFP)
A Bayeux, elle soulignera "l'acte de souveraineté" posé par Charles de Gaulle en 1944 vis-à-vis notamment des Etats-Unis, et sa volonté en 1946 d'un "président fort" quand il dessine les contours de la Ve République. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 07 novembre 2021

Le Pen poursuit à Bayeux sa conversion au gaullisme

  • La candidate du Rassemblement national rendra elle aussi hommage à l'ancien chef de l'Etat devenu le totem incontournable pour la classe politique
  • Depuis son accession à la tête du FN en 2011, Marine Le Pen assume une «continuité» avec le général, dont elle juge même «urgent» de «s'inspirer»

PARIS : Marine Le Pen se rend mardi à Bayeux sur les traces du général de Gaulle, pourtant longtemps combattu par son parti, poursuivant son entreprise de revendication de l'héritage gaulliste, dont se prévaut aussi son rival Éric Zemmour.


Au moment où plusieurs candidats à la présidentielle se retrouve à Colombey-les-deux-Eglises sur la tombe du général pour le 51e anniversaire de sa mort, la candidate du Rassemblement national rendra elle aussi hommage à l'ancien chef de l'Etat devenu le totem incontournable pour la classe politique.


Elle doit d'abord déposer une gerbe devant La Croix de Lorraine, symbole de la résistance, à Courseulles-sur-mer (Calvados), avant de prononcer un discours sur les institutions place de Gaulle à Bayeux, là même où le général s'est exprimé en juin 1944 après le débarquement et en juin 1946 sur la future Constitution.


Depuis son accession à la tête du FN en 2011, Marine Le Pen assume une "continuité" avec le général, dont elle juge même "urgent" de "s'inspirer".


A Bayeux, elle soulignera "l'acte de souveraineté" posé par Charles de Gaulle en 1944 vis-à-vis notamment des Etats-Unis, et sa volonté en 1946 d'un "président fort" quand il dessine les contours de la Ve République. "Aujourd'hui cet équilibre est rompu avec le quinquennat et un président devenu chef de parti", estime Philippe Olivier, proche conseiller de Mme Le Pen.

«Réécrire l'histoire»

Alors que Mme Le Pen entend réviser en profondeur la Constitution pour y inscrire la primauté du droit national, M. Olivier affirme qu'il s'agit de la "ressourcer" sur "l'idée de souveraineté" et rappelle la proposition du RN d'un mandat présidentiel de 7 ans non renouvelable.


Sur le scrutin proportionnel, défendu par Mme Le Pen alors que de Gaulle a instauré un scrutin majoritaire, la candidate affirme que "la situation politique de l'époque était très différente" et assure qu'aujourd'hui le général serait favorable à la proportionnelle.


Le RN (ex FN) compte pourtant parmi ses fondateurs en 1972 d'anciens collaborateurs du régime de Vichy ainsi que l'ancien SS Pierre Bousquet, qui en fut le premier trésorier, d'anciens partisans de l'Algérie française ou combattants de l'OAS.


"Dire de Gaulle, c'est dire qu'on n'a rien à voir ni avec Vichy ni avec l'OAS" et "ça permet de réécrire l'histoire", explique l'historien Nicolas Lebourg.


La référence à de Gaulle permet en tout cas à Marine Le Pen de poursuivre son travail de "dédiabolisation" sur lequel elle mise pour élargir son électorat.


Elle rompt également avec son père Jean-Marie Le Pen, qui écrit dans ses Mémoires que le maréchal Pétain "n'a pas failli à l'honneur en signant l'armistice" en 1940 et que le général de Gaulle "reste une horrible source de souffrance pour la France".


En 2018, le co-fondateur du FN a même raconté comment il avait tenté en 1963 de faire évader Jean Bastien-Thiry, un des auteurs de l'attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle.

Pétain

D'une pierre deux coups, Marine Le Pen entend à Bayeux se démarquer autant d'Eric Zemmour, qui lui prend des voix, que d'Emmanuel Macron, en plaidant pour une présidence soucieuse de la "cohésion nationale", loin d'une "vision clivante et partisane", selon son entourage.


Mais la mue peut s'avérer douloureuse. Marine Le Pen avait tenté de célébrer en 2020 le 80e anniversaire de l'appel du 18 juin sur l'Île de Sein, où son déplacement avait suscité l'hostilité des habitants et tourné court.


"Ma droite c'est le général de Gaulle", un "grand réconciliateur", écrit lui aussi Eric Zemmour, qui accuse Les Républicains de l'avoir "trahi" mais n'ira pas à Colombey.


Mais ses contempteurs soulignent que le polémiste d'extrême droite fait mentir l'histoire en se réclamant du gaullisme tout en affirmant que le maréchal Pétain a sauvé des juifs ou que la "guerre civile", disait-il en 2018, "c'est des communistes qui l'ont commencée en exécutant (...) des collaborateurs".


"Tout le discours de Zemmour, c'est de faire l'union de la droite et l'extrême droite" et donc "de casser le pré-supposé que de Gaulle et Pétain sont deux choses différentes", analyse l'eurodéputé proche du PS Raphaël Glucksmann.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.