WASHINGTON : Joe Biden est à la COP26 à Glasgow, mais toute une partie de sa présidence se joue cette semaine aux Etats-Unis, entre une élection cruciale en Virginie qui préfigure de prochaines batailles politiques et les tractations complexes autour de ses titanesques plans d'investissements.
Le président américain voulait arriver au sommet international du climat muni de deux programmes, grâce auxquels il entend reconstruire et transformer l'Amérique.
Un plan d'abord pour rénover les routes, ponts et transports vétustes du pays. L'enveloppe de 1 200 milliards de dollars -- l'équivalent du PIB de l'Espagne -- est soutenue par les démocrates et certains républicains.
Son avenir a été lié à un second plan, un gigantesque volet social et climatique, baptisé "Build Back Better" ("Reconstruire en mieux") autour duquel les tractations continuent. La facture de ce programme a été réduite de moitié pour rallier les démocrates les plus modérés, dont le sénateur d'un Etat minier, Joe Manchin.
Mais ce dernier a encore douché lundi les espoirs d'un passage rapide de ces projets en refusant de dire s'il les soutiendrait, faisant part de ses inquiétudes quant à leur impact sur la dette publique américaine et l'inflation.
"Le sénateur Manchin dit qu'il est prêt à soutenir un plan +Build Back Better+ qui combat l'inflation, est fiscalement responsable et créera des emplois. Le plan que la Chambre est en train de finaliser répond à ces critères", a rétorqué dans la foulée la porte-parole de l'exécutif américain, Jen Psaki.
Ce projet comprend notamment 555 milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ce que la Maison Blanche a décrit comme "le plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à la crise climatique".
Joe Biden espérait pouvoir se présenter à la tribune de Glasgow avec ce chèque en main, comme une garantie du "retour de l'Amérique" sur la scène internationale après quatre ans de présidence Trump, qui avait provoqué la stupeur en quittant les accords de Paris sur le climat.
Mais le plan ne sera pas soumis au vote avant mardi, au plus tôt.
Ces intenses négociations, qui ne passionnent pas le grand public, privent aussi le camp Biden d'une victoire politique majeure, à temps pour une élection cruciale en Virginie mardi.
Répétition générale
Les électeurs de cet Etat, voisin de la capitale Washington, sont appelés aux urnes pour nommer leur nouveau gouverneur, un scrutin qui fait figure de répétition générale environ un an avant les élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis.
L'élection oppose Terry McAuliffe, 64 ans, routier de la politique soutenu par le président démocrate, au républicain pro-Trump Glenn Youngkin, dix ans de moins.
Signe de l'importance du scrutin, Barack Obama, Kamala Harris et même Joe Biden en personne se sont relayés ces derniers jours dans l'Etat aux 8,5 millions d'habitants.
Quatre de ses cinq derniers gouverneurs étaient démocrates et Joe Biden a largement remporté l'Etat face à Donald Trump lors de la présidentielle de 2020.
Mais ces dernières semaines, l'avance du candidat soutenu par le président a largement fondu face à son rival, et les prétendants sont désormais au coude-à-coude.
Soucieux de mobiliser l'électorat démocrate, Terry McAuliffe a dressé lundi un sombre tableau autour d'une potentielle victoire de son rival.
"Si Youngkin l'emporte, le trumpisme gagnera du terrain et nous pouvons nous attendre à ce que des Youngkin surgissent dans toutes les courses électorales du pays l'année prochaine", lorsque l'Amérique tout entière sera appelée à voter aux élections de mi-mandat, a-t-il alerté.
Le candidat républicain capitalise en effet sur la popularité de l'ancien président Donald Trump qui conserve une influence énorme sur ce parti et ses électeurs, presque un an jour pour jour après l'élection de 2020.
"Merci de voter mardi pour Glenn Youngkin, il ne vous laissera pas tomber!", a exhorté le milliardaire républicain dans un communiqué lundi.
Mais ce sont aussi des divergences avec l'ancien locataire de la Maison Blanche qui pourraient permettre à ce candidat de l'emporter.
"Le côté +papa poule+ de Youngkin parle aux électeurs indécis", affirme à l'AFP Mark Bayer, qui a travaillé au Congrès durant plus de 20 ans. Et ce "malgré le fait que son idéologie conservatrice soit profondément républicaine".