VERSAILLES: Des hommes en noir, casqués et armés, avancent derrière un 4x4 blindé vers un groupe d'immeubles où des terroristes se sont réfugiés. Durant deux heures, l'équipe d'alerte du Raid s'est livrée à un exercice de simulation d'attaque terroriste dans un quartier de Versailles voué à la destruction.
C'était mercredi et le temps de l'intervention, ce quartier de Versailles s'est transformé en scène de guerre avec explosions, tirs, drones, robot de reconnaissance, portes qui volent en éclat, et des hommes en noir équipés façon Robocop.
Un mannequin gît au sol. Le "terroriste" a été "neutralisé". Fin de l'exercice. Tout le monde regagne le QG: les opérateurs, le médecin, le négociateur, le commandant, le tireur d'élite, le logisticien.
Deux jours auparavant, la même équipe avait affronté une simulation de prise d'otages et procédé à leur libération. Et chaque semaine, les scenarii changent.
Au QG du Raid à Bièvres (Essonne), 180 personnes composent l'unité centrale de cette police d'élite, qui comprend 13 antennes dont trois en Outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe et Réunion).
À Bièvres, tout semble quiétude dans ce parc où se promènent une cinquantaine de daims. "Ce sont les vrais propriétaires. Nous sommes chez eux", s'amuse un des hommes en noir.
Mais dans la journée, les entrainements s'enchaînent, avec mise à jour des tirs, progression en colonnes le long des bâtiments, planques dans les sous-bois ...
Installée dans une chapelle désaffectée, la salle de sports, ultra équipée, est impressionnante avec au centre un ring arborant fièrement sur son sol un énorme logo du Raid.
Dans le couloir permettant d'y accéder les portraits des chefs du Raid ornent les murs. A commencer par celui de Ange Mancini qui fut son premier directeur en 1985.
Attentats et prises d'otage
Les opérateurs de l'unité centrale du Raid, au nombre de 80, se répartissent en quatre groupes d'intervention de 20 personnes. Chaque semaine, un groupe est placé en alerte; il doit être prêt à intervenir 24H/24 du lundi au lundi.
L'âge moyen est de 35 ans. Pour intégrer le Raid, il faut avoir passé au moins cinq ans dans la police et bien sûr avoir réussi le concours de sélection (une à deux sessions par an) qui comprend des épreuves sportives mais aussi des tests psychotechniques.
Le Raid a été créé en octobre 1985 par Pierre Joxe, alors ministre de l'Intérieur. Cette création était défendue par plusieurs "grands flics" dont le commissaire Robert Broussard
Très vite, elle est mise à l'épreuve avec, en décembre 1985, la prise d'otages retentissante de la cour d'assises de Nantes par Georges Courtois. Prise d'otages qui se terminera sans victime.
Avec les attentats de 2015, la dimension de lutte contre le terrorisme est passée au premier plan.
À l'actif du Raid, l'assaut à l’hyper casher de la porte de Vincennes à Paris où Amédy Coulibaly retenait des otages en janvier 2015, mais aussi en novembre 2015, celui d'un immeuble de Saint-Denis où Abdelhamid Abaaoud, planificateur des attentats du 13 novembre, s'était réfugié.
Au palmarès de cette unité d'élite figurent également l'arrestation des chefs d'Action directe en 1987 et celle d'Yvan Colonna en 2003.
Fin août, le Raid a été sur le devant de la scène lors de l'évacuation de l'ambassadeur de France à Kaboul, David Martinon.
Le président Emmanuel Macron a d'ailleurs décoré plusieurs d'entre eux lors d'une cérémonie vendredi à l’Élysée.