PARIS : Airbus émerge de la crise du Covid-19 avec une "bonne performance" lui permettant de relever à nouveau ses objectifs financiers pour 2021 mais dit surveiller de près la capacité de ses fournisseurs à suivre sa remontée en cadence.
Le constructeur aéronautique européen a publié jeudi un bénéfice net de 404 millions d'euros au troisième trimestre, contre une perte de 767 millions d'euros un an plus tôt. Au total depuis le début de l'année, le bénéfice net cumulé est de 2,6 milliards d'euros et les ventes progressent de 17%, à 35,2 milliards.
Ces résultats "reflètent une bonne performance de l'ensemble de l'entreprise ainsi que l'attention portée à la réduction des coûts et à la compétitivité", selon le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury, cité dans un communiqué.
Alors que son concurrent Boeing reste plombé par les difficultés de son long-courrier 787 et de sa capsule spatiale Starliner, l'avionneur européen revoit donc à nouveau à la hausse ses prévisions pour l'année, après les avoir déjà relevées fin juillet.
Il table désormais sur un bénéfice opérationnel ajusté de 4,5 milliards d'euros cette année, contre 4 milliards envisagés jusque-là, et sur un flux de trésorerie disponible revu à la hausse à 2,5 milliards d'euros.
Il prévoit toujours 600 livraisons en 2021, contre 566 l'an passé, mais entrevoit quelques "risques potentiels" sur la capacité de ses fournisseurs à suivre la remontée en cadence de sa production, avec des livraisons en septembre, et vraisemblablement en octobre, "un peu décevantes", a confié Guillaume Faury lors d'une audioconférence.
"Nous observons tous les tensions dans la chaîne d'approvisionnement (...), les difficultés qu'il y a à sortir d'une sorte d'hibernation de 15 mois et à repartir de l'avant dans un monde où de nombreux produits de base et de nombreux secteurs reprennent leur activité", a-t-il estimé.
Dès le début de la pandémie, Airbus avait réduit sa production à 40 monocouloirs de la famille A320 (A319, A320 et A321) par mois. Il doit revenir à 45 avions mensuels au dernier trimestre et prévoit de remonter à 65 appareils mensuels à l'été 2023.
- Pas de "problème systémique" -
Il s'agit donc de "garantir" que les capacités des fournisseurs soient "en place" pour permettre cette remontée en cadence alors qu'il y a une "forte demande", a poursuivi M. Faury.
Le carnet de commandes de l'avionneur s'établissait fin septembre à 6.894 appareils, dont 5.657 de la famille A320 lui assurant de nombreuses années de production.
Guillaume Faury ne voit pas de "problème systémique" à la filière aéronautique. Contrairement à l'industrie automobile, obligée de tailler dans sa production en raison de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, Airbus dit ne pas être affecté par ce problème, même s'il "surveille la situation".
"Nous observons également des pénuries de main-d'œuvre dans le monde entier", a expliqué M. Faury. Airbus, protégé par les dispositifs de chômage de longue durée en France et en Allemagne notamment, "n'en souffre pas pour l'instant" et a même recommencé à embaucher "de manière très prudente" après avoir supprimé 15.000 postes.
Mais sa chaîne de fournisseurs est établie sur tous les continents et dans de nombreux pays, les coupes dans les effectifs ont été franches, mettant des entreprises en difficulté à l'heure de réembaucher dans un contexte de reprise mondiale. Le patron de Boeing David Calhoun s'est lui aussi inquiété de la capacité de ses fournisseurs à recruter.
Airbus dit toujours "évaluer" la possibilité de produire 75 appareils A320 par mois d'ici 2025. "Nous pensons que la demande justifie la cadence de 75, mais nous devons examiner la situation de la chaîne d'approvisionnement", selon M. Faury.
Pour faire face à la demande croissante de l'A321, qui représente dorénavant plus de la moitié des monocouloirs à construire, le patron d'Airbus a par ailleurs annoncé que toutes les lignes d'assemblage d'A320 du groupe allaient "progressivement" pouvoir le produire. Les lignes de Toulouse et de Tianjin (Chine) vont donc être modifiées en ce sens.