PARIS: "Le premier qui se lève, je tire": la cour d'assises spéciale de Paris a diffusé jeudi au procès des attentats du 13-Novembre un extrait de quelques minutes de l'enregistrement audio du massacre en cours au Bataclan, à la demande d'une association de victimes.
Après cinq semaines consacrées aux auditions d'environ 350 parties civiles, cette diffusion permet "de se rendre compte d'une autre manière de l'horreur", a estimé Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris, lui-même rescapé de l'attaque qui a fait 90 morts dans la salle de spectacles du Bataclan.
Le président de la cour Jean-Louis Périès a fait droit à sa demande et décidé de diffuser un bref passage de l'enregistrement d'un dictaphone resté allumé et qui a capté l'intégralité de l'attaque, après avoir invité les parties civiles qui le souhaitaient à quitter la salle d'audience.
Dès le début de cet extrait, on entend la voix, semblant lointaine, d'un des trois assaillants revendiquer cette attaque "pour la Syrie et l'Irak". Il est également question "du président (français) Hollande" et des bombardements commis par les "soldats français et américains".
"Nous on bombarde sur terre ici. On n'a pas besoin d'avions nous", dit la voix.
Un tir, puis: "Le premier qui se lève, je tire". "Le premier qui bouge, je lui mets une balle dans la tête. C'est clair? Celui qui essaie de faire le justicier, je le tue. C'est bien compris?", lance un assaillant, la voix claire et posée.
S'ensuit un autre tir, puis un deuxième. "Vous ne pouvez vous en prendre qu'à votre président François Hollande", lâche, d'un ton toujours monocorde, un djihadiste.
Sur les bancs, des parties civiles baissent la tête ou se la prennent dans les mains, certaines s'enlacent. De rares personnes sortent de la salle.
"Vous pouvez vous en prendre à votre président. C'est lui qui a mené à ce massacre aujourd'hui et sachez que ce n'est que le début", est-il encore dit dans cet extrait.
Plusieurs tirs sont ensuite entendus, un homme qui crie, et le bruit d'une explosion.
"C'est un extrait qui se termine par le déclenchement de la ceinture explosive de Samy Amimour", après l'intervention d'un policier, précise le président, à la fin de la diffusion.
La cour avait déjà diffusé mi-septembre les 30 premières secondes de l'enregistrement audio, dans lequel on entendait jouer le groupe Eagles of Death Metal et le début des tirs.