PARIS : Plus de la moitié des étudiants en médecine présentent des symptômes anxieux et un quart ont été victimes de harcèlement au cours des 12 derniers mois, selon une enquête publiée mercredi par des organisations syndicales d'étudiants et d'internes jugeant la santé mentale des futurs médecins "en danger".
L'enquête a été réalisée par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), le syndicat d'internes en médecine générale (Isnar-IMG) et l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), via un questionnaire, accessible pendant six semaines entre mai et juin 2021. Au total, 11.754 réponses on été analysées.
Ces quatre dernières années, "la santé mentale des étudiants en médecine et des internes s’est dégradée", alertent les organisations. "La crise sanitaire ne saurait être la seule explication à une telle dégradation", ajoutent-elles
Selon l'enquête, 52% des étudiants ayant répondu à l'enquête ont présenté des symptômes anxieux affirmés sur les 7 jours précédant le questionnaire et 25% ont dû faire face à un épisode dépressif majeur ou caractérisé sur le 12 derniers mois. 19% indiquent avoir eu des idées suicidaires.
67% des externes (4e à 6e année) et internes (7e à 12e année) ont présenté un syndrome d'épuisement professionnel ou burn-out, ainsi que 39% des étudiants de premier cycle.
"En dépit des alertes de plus en plus nombreuses, les choses évoluent péniblement. Chaque année, nous avons connaissance d'environ dix décès d'internes", notent les auteurs de l'enquête.
"Si le suicide, l'épuisement ou la dépression sont multifactoriels, cette affirmation ne peut constituer une excuse pour ne pas agir sur des facteurs identifiables et modifiables", poursuivent-ils, pointant notamment les conditions d'études et de travail et les violences subies par les étudiants.
Plus de 50% des internes ayant répondu à l'enquête travaillaient plus de 50 heures par semaine lors de leurs stages, 25% disaient avoir été victimes de harcèlement sur les 12 derniers mois, 23% d'humiliations et 4% d'agressions sexuelles. "Ces violences ont été infligées à l'hôpital pour la grande majorité d'entre elles par des médecins thésés", relève l'enquête.
Pour faire face à cette dégradation, les organisations réclament "le respect des droits et des conditions de travail", "une politique de prévention des risques psychosociaux" et "une véritable politique de promotion de la qualité de vie des futurs médecins".