NEWARK : Joe Biden s'est rendu lundi dans le New Jersey pour vanter encore et encore son programme de réformes économiques et sociales, sur lequel les parlementaires démocrates pourraient enfin accorder leurs violons, après bien des compromis.
Le président américain a indiqué qu'il avait "l'espoir" de boucler ce dossier avant de s'envoler jeudi pour Rome, ce qui lui permettrait d'arriver en conquérant au sommet du G20 de Rome en fin de semaine, puis au grand sommet COP26 sur le climat de Glasgow.
Un vote du Congrès américain avant son départ serait "très positif", a encore déclaré lundi Joe Biden.
Sur la scène nationale aussi, le démocrate aurait bien besoin d'une victoire politique, lui dont la cote de confiance s'effrite sans discontinuer depuis le mois d'août.
Le président s'est rendu dans l'Etat du New Jersey, voisin de New York, pour illustrer dans une école ses projets de meilleure prise en charge des jeunes enfants -- un domaine dans lequel les Etats-Unis sont à la traîne parmi les pays développés.
Il a ensuite visité un atelier de maintenance ferroviaire, pour exposer ses ambitions de développement des infrastructures.
Dépenses sociales d'un côté, rail, ponts et réseaux électriques de l'autre: ce sont les deux piliers du grand programme d'investissements du président démocrate.
Dans le New Jersey, il a déroulé les arguments qu'il matraque depuis des semaines: soutenir son plan, c'est choisir "la compétitivité plutôt que la complaisance", vouloir que "l'Amérique guide le monde", soutenir la classe moyenne et faire face au changement climatique.
Mais la grande ambition est pour l'heure bloquée dans les méandres parlementaires, faute d'accord au sein du camp démocrate entre les plus progressistes, qui veulent frapper un grand coup face à la montée des inégalités, et les centristes, qui appellent à la retenue budgétaire et fiscale.
«Encore des choses à régler»
Alors Joe Biden a donné ces derniers jours un coup de collier.
Il a multiplié les déplacements, répétant inlassablement les mêmes arguments et les mêmes anecdotes - Joe Biden jeune père de famille confronté à des problèmes de garde d'enfants, Joe Biden sénateur faisant des allers-retours en train entre Washington et son Etat du Delaware (nord-est), Joe Biden enfant de la classe moyenne, dont le père repartait travailler après le dîner...
Le président a aussi reçu dimanche pour le petit-déjeuner, dans sa résidence familiale du Delaware, le sénateur Joe Manchin, l'un des élus démocrates réfractaires.
Cette entrevue "s'est bien passée. Il y a encore des choses à régler mais cela s'est bien passé", a estimé Joe Biden lundi.
La majorité démocrate au Sénat, la chambre haute du Congrès, est tellement mince que le camp démocrate ne peut se permettre aucune défection.
A en croire les informations de presse les plus fraîches, un compromis semble se dessiner sur un programme moins ambitieux et financé, au moins en partie, par une mesure fiscale plutôt inédite, et très populaire auprès des économistes progressistes: la taxation des plus-values dites "latentes".
La Maison Blanche renoncerait en contrepartie à son projet d'augmentation de l'impôt sur les plus hauts revenus américains.
Programme raboté
En clair, il s'agirait de taxer les gains dormant dans les épais portefeuilles d'actions des grandes fortunes américaines, après une période particulièrement faste sur les marchés.
Ce projet fiscal inédit ne peut faire oublier que Joe Biden, pour faire passer son programme "Build Back Better" ("Reconstruire en mieux"), a dû accepter bien des compromis.
Le volet consacré aux infrastructures, lourd de plus de 1 000 milliards de dollars, n'a pas posé de problème majeur et devrait même récolter des voix de l'opposition républicaine.
Mais le démocrate de 78 ans a dû tempérer ses ambitions en termes de dépenses environnementales et sociales.
Le président américain voulait au départ faire voter un programme de 3 500 milliards de dollars sur 10 ans pour améliorer la prise en charge de la santé, de l'éducation et de la petite enfance, mais aussi doper la transition énergétique.
Au cours des discussions au sein de son parti, ce montant a fondu et se situerait désormais autour de 2 000 milliards.