Dans le désert d'Irak, un hameau coupé du monde et hors du temps

«Nous vivons une vie simple, primitive», témoigne Abou Majid, un des anciens du village (Photo, AFP).
«Nous vivons une vie simple, primitive», témoigne Abou Majid, un des anciens du village (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 octobre 2021

Dans le désert d'Irak, un hameau coupé du monde et hors du temps

  • Les quelque 200 familles du hameau d'al-Sahl vivent depuis plus d'un siècle sans eau ni électricité, pratiquant l'élevage et l'agriculture avec pour seul voisinage une des plus grandes bases militaires du pays
  • Pour communiquer avec le monde extérieur, les habitants se contentent de vieux portables

AL-SAHL: Dans le vaste désert de l'Ouest de l'Irak, les quelque 200 familles du hameau d'al-Sahl vivent depuis plus d'un siècle comme coupées du monde, sans eau ni électricité, pratiquant l'élevage et l'agriculture avec pour seul voisinage une des plus grandes bases militaires du pays.

L'hôpital le plus proche se trouve à plus d'une demi-heure d'une route cahoteuse. Perdu au milieu d'ocres collines rocailleuses, entouré de modestes palmeraies, le village situé dans la province d'Al-Anbar compte une seule école primaire. Ici, pas même un barbier.

Pour communiquer avec le monde extérieur, les habitants se contentent de vieux portables: pas de smartphones ni de 3G, la couverture ne passant pas. Dans les ruelles désertes bordées de maisons basses aux portes en fer et pratiquement sans fenêtres, on aperçoit de temps à autre une vieille voiture et les enclos grillagés du bétail. 

"Nous vivons une vie simple, primitive", témoigne Abou Majid, un des anciens du village, un keffieh rouge et blanc encadrant son visage buriné.

"Notre village a plus de cent ans et n'a toujours pas d'électricité, ni de centre médical", ajoute-t-il.

Dans les maisons et pour les bêtes, il y a l'eau salée tirée de puits fonctionnant grâce à des moteurs de pompage. "Pour l'agriculture, on a l'eau de pluie", précise le septuagénaire en djellabah.

Extrême, la situation du village illustre le grand paradoxe irakien. 

Ravagé par des décennies de guerre, l'Irak est le deuxième pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), mais il reste confronté à une corruption endémique, des infrastructures défaillantes et des services publics à bout de souffle. Un tiers des 40 millions d'Irakiens vit ainsi sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Un berger du village d’al-Sahd (Photo, AFP).

Balles perdues

Abou Majid s'est rendu une fois seulement à Bagdad, à quelque 250 km, il y a 20 ans. Dans son village qui a préservé une culture insulaire et des moeurs conservatrices, son épouse Oum Majid parle aux visiteurs masculins dissimulée derrière la porte, pour se plaindre du manque de services médicaux et de l'absence d'électricité.

Ici l'électricité publique apparaît comme un luxe inaccessible, même avec ses nombreux délestages qui rythment le quotidien des Irakiens ailleurs dans le pays.

Les habitants peuvent uniquement compter sur des générateurs vétustes qui fournissent quelques heures de courant par jour. "Nos enfants ont droit à une heure ou deux de télévision, de temps en temps", raconte Oum Majid.

A seulement une dizaine de kilomètres se trouve la base militaire d'Aïn al-Assad. Cette base, une des plus grandes du pays, accueille des troupes américaines et est régulièrement la cible de roquettes. 

Malgré la proximité, il n'y a aucun contact avec le village. Même si le voisinage peut s'avérer encombrant.

"Une fois, j'ai deux brebis qui ont été tuées par balles. Elles étaient sur une zone de pâturage toute proche pendant des exercices de tirs sur la base", déplore le berger Mehdi.

"Mais c'est soit l'élevage soit l'agriculture, on ne peut rien faire d'autre pour gagner son pain", lâche cet homme d'une vingtaine d'années.

Covid? Jamais vu

Pour aider ses parents à la ferme, il a arrêté les études après avoir fréquenté l'unique école primaire du village, dont les six classes vétustes suffisent à peine à accueillir les enfants d'Al-Sahl.

Même histoire pour Mohamed Mehdi, 17 ans.

"Nous avons juste une école primaire, rien d'autre", regrette l'adolescent, chaudement vêtu malgré une température qui flirte avec les 40 degrés.

"Il y a un manque de services publics au village d'Al-Sahl", reconnaît Qatri Kahlane al-Obeidi, responsable local à la municipalité de Baghdadi, ville la plus proche à laquelle est rattaché le hameau.

Il promet vaguement des projets pour raccorder le village au réseau électrique et à une station d'épuration d'eau. Et lance un appel à l'aide aux ONG et organisations internationales pour la construction d'un centre de soins.

"Si quelqu'un tombe malade, il mourra. C'est pas facile de le transporter, surtout de nuit", lâche résigné Abou Majid.

Il raconte comment, en août, un habitant dans la force de l'âge, souffrant d'une maladie respiratoire, est mort alors que ses voisins étaient en route pour l'amener à l'hôpital d'Al-Baghdadi, à plus d'une demi-heure de là.

Les femmes enceintes doivent être transportées en ville plusieurs jours avant la date prévue de leur accouchement.

Même la pandémie semble ne pas avoir trouvé le chemin d'Al-Sahl, selon Abou Majid. "Le coronavirus n'est pas arrivé à notre village. Personne n'a été vacciné", assure-t-il.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.