LONDRES : Tenue initialement secrète, la nuit passée à l'hôpital par Elizabeth II suscite vendredi des questions sur l'état de santé de la souveraine de 95 ans, qui a récemment gardé un agenda officiel chargé.
Ce n'est que lorsque le tabloïd The Sun a révélé l'information que le palais de Buckingham a officialisé, tard dans la soirée, l'hospitalisation. Cette dernière, qui a duré entre mercredi après-midi et jeudi midi, a été officiellement justifiée par la nécessité pour la reine de subir des "examens préliminaires" après avoir été mise au repos.
Selon une source interrogée par l'agence de presse PA, Elizabeth II, à qui le Premier ministre Boris Johnson a adressé ses voeux de rétablissement, "se repose et effectue des tâches légères" vendredi depuis le château de Windsor, en périphérie de Londres.
"Les sources royales cherchent à donner l'impression qu'elle en a juste fait trop mais ils risquent d'avoir du mal à convaincre le public maintenant", a observé Richard Palmer, journaliste au Daily Express.
Après presque 70 ans passés sur le trône, la reine continue d'afficher une bonne forme en public. Elle a participé ces derniers temps quasi quotidiennement à des engagements officiels et ses hospitalisations rendues publiques sont rarissimes, la dernière remontant à 2013 pour une gastroentérite. Elle a été vue la semaine dernière marcher avec une canne, une première depuis 2004.
Vaccinée contre le Covid-19, elle a encore accueilli mardi à un réception à Windsor en présence de Boris Johnson et de l'homme d'affaires américain Bill Gates, discutant debout avec les invités, sans masque.
Le lendemain matin, elle a annulé une visite en Irlande du Nord après avoir "accepté à contrecœur" le conseil de ses médecins de se reposer.
Lorsque sa nuit à l'hôpital Edward VII de Londres a été rendue publique, des sources au palais se sont empressées de préciser aux médias britanniques qu'elle s'y était rendue pour consulter des spécialistes et qu'elle n'était restée toute la nuit que pour des raisons "pratiques".
« Affection »
"Je pense qu'il y a une certaine irritation au palais ce matin que cela soit sorti, mais cela reflète l'énorme affection et inquiétude du pays", a estimé Robert Hardman, auteur d'ouvrages sur la famille royale, sur la BBC.
Elizabeth II détient le record de longévité sur le trône britannique, auquel elle a accédé en 1952. Elle reste une personnalité très aimée des Britanniques et dans le monde, louée pour avoir su préserver la monarchie malgré les transformations majeures subies par le Royaume-Uni pendant son règne, de la décolonisation au Brexit, et malgré les nombreuses crises la secouant, telles la mort de Diana en 1997.
Plus récemment, la fracassante mise en retrait de la monarchie de son petit-fils le prince Harry et de son épouse Meghan, partis en Californie, ou encore les accusations d'agressions sexuelles visant son fils Andrew sont venues ébranler l'institution.
Son héritier, le prince Charles, 72 ans, est bien moins populaire et la presse lui prête l'intention de réduire le train de vie de la monarchie en la limitant à quelques membres actifs de la famille.
"Je ne pense pas qu'il faille s'inquiéter", relativise Kirsty Duffield, un Londonienne interrogée par l'AFP près du palais de Buckingham. "A son âge, c'est normal de faire des examens. C'est bon signe qu'elle soit sortie si vite".
"Elle est en très bonne santé: elle monte toujours à cheval, sort de chez elle, c'est une femme très forte", approuve Katie Lavin, tout en concédant: "En même temps, elle a 95 ans".
Charlie Liwood, un retraité, relève que la longévité de la mère d'Elizabeth II, morte à 101 ans. "En même temps, ces gens ont une vie facile"...
En dépit de régulières spéculations sur une mise en retrait, notamment après la mort en avril de son époux Philip à 99 ans, Elizabeth II, cheffe d’État de 16 royaumes, garde un agenda chargé.
Si elle ne se déplace plus à l'étranger et s'y fait représenter par son fils Charles. Elle a participé au sommet du G7 en recevant le président américain Joe Biden en juin, remet des décorations et reçoit les nouveaux ambassadeurs au Royaume-Uni, parfois par visioconférence.
La souveraine est attendue lors de la conférence de l'ONU sur le climat de la COP26 début novembre à Glasgow, en Écosse.