L'EI-K: le «califat» à l'assaut de «l'émirat» taliban

Un guerrier taliban monte la garde à Kunduz, le 10 octobre (Photo, AFP).
Un guerrier taliban monte la garde à Kunduz, le 10 octobre (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 octobre 2021

L'EI-K: le «califat» à l'assaut de «l'émirat» taliban

  • Le groupe islamiste armé le plus radical d'Afghanistan, s'est engagé avec une série d'attentats dans une campagne de déstabilisation du nouveau régime
  • Selon l'ONU, l'EI-K disposerait de 500 à quelques milliers de combattants en Afghanistan, principalement implantés dans le Nord et l'Est du pays

ISLAMABAD: L'Etat islamique au Khorasan (EI-K), le groupe islamiste armé le plus radical d'Afghanistan, s'est engagé avec une série d'attentats dans une campagne de déstabilisation du nouveau régime, "l'émirat" proclamé par les talibans, résolu à reprendre le flambeau du "djihad" à son rival historique, selon les analystes. 

Qui est l'EI-K ?

L'organisation, anciennement connue sous le nom ISKP, est née officiellement fin 2014, en prêtant allégeance à Abou Baker Al-Baghdadi à la tête de l'éphémère "califat" islamique en Irak et en Syrie. 

"Le groupe armé est devenu en quelques années un conglomérat d'anciennes organisations djihadistes, y compris ouïgoures et ouzbèkes, ou de talibans transfuges", explique Jean-Luc Marret, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. 

La déclinaison locale de l'EI, vise à rétablir son propre califat en Asie centrale, dans une région historique dite du "Khorasan", à cheval sur l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan et le Turkménistan.

Selon l'ONU, l'EI-K disposerait de 500 à quelques milliers de combattants en Afghanistan, principalement implantés dans le Nord et l'Est du pays, avec des cellules jusque dans la capitale. 

A sa tête depuis 2020, un mystérieux Shahab al-Muhajir, dont le nom laisse supposer une origine de la péninsule arabe. 

Est-il un ancien d'Al-Qaïda ? Un Afghan ? Un infiltré parmi le réseau Haqqani, la branche redoutée des talibans ? Plusieurs théories circulent à son sujet, sans qu'aucune ne soit avérée. 

Quel est l'état de la menace ? 

L'EI-K était jusqu'en 2020 une organisation en perte de vitesse, dont l'état-major avait été décimé par une série de frappes américaines. 

Mais l'arrivée du nouveau chef en 2020, "a abouti à un changement radical pour l'organisation, passée d'un réseau fragmenté et affaibli à la phalange menaçante qu'elle est aujourd'hui", indique à l'AFP Abdul Sayed, expert des groupes pour la plateforme spécialisée ExTrac. 

Sous son impulsion, les combattants clandestins ont "mis l'accent sur la guerre urbaine et la violence symbolique".

En 2021, l'EI-K a ainsi revendiqué plus de 220 attaques en Afghanistan, dont trois attentats suicide meurtriers depuis la prise de Kaboul: l'attaque contre l'aéroport en août (plus de 100 morts, dont 13 soldats américains), celle contre une mosquée de Kaboul, et celle contre une mosquée chiite vendredi à Kunduz, dans le nord du pays (plus de 55 morts).

"Bien que les talibans restent son objectif principal, l'EI-K choisit principalement des cibles faciles comme les lieux de culte, les établissements d'enseignement et des lieux publics comme les hôpitaux, pour frapper les esprits", explique à l'AFP Abdul Sayed.

Au coeur de l'idéologie dite "rejectionniste" de l'EI-K qui se présente comme le seul garant d'une vision aboutie de l'islam, se trouve aussi une vision génocidaire des minorités chiites, considérés "hérétiques", notamment des Hazaras. 

D'où vient sa rivalité avec les talibans ?

Deux groupes sunnites, qui ont parfois combattu côte à côte, mais désormais deux stratégies opposées : si les talibans sont dans une logique de conquête nationale afghane, l'EI-K, prône lui une internationalisation du djihad. 

Un porte-parole des talibans a lui qualifié de "takfiri", ces musulmans qui traitent d'apostats d'autres musulmans les condamnant à mort, tandis que l'EI-K traite ses rivaux talibans de "vendus aux américains".

Mais leur relations sont plus intriquées que cela. Une certaine "porosité" existe même entre certains Talibans et l'EI-K, notamment dans certaines localités reculées, détaille M. Sayed. 

Dans leur propagande, aussi bien que dans leur tentatives de recrutement, les deux groupes sont en concurrence directe. 

Barbara Kelemen, analyste auprès du think-tank Dragonfly, relève que les nouveaux maîtres du pays, passés en deux mois du djihad au statut de force anti-insurrectionnelle, ont déjà perdu au profit de l'EI-K "des membres mécontents des talibans et ceux qui perçoivent les talibans comme trop modérés".

Les talibans ont-ils la situation sous contrôle ?

"Le principal message des talibans à la population afghane depuis le 15 août est qu'ils ont rétabli la stabilité en mettant fin à la guerre. Mais ces attaques terroristes (de l'EI-K), comme celle de Kunduz sapent significativement ce narratif", analyse pour l'AFP Michael Kugelman, expert de la région au centre Woodrow Wilson. 

Sans l'appui des anciennes forces étrangères en présence ou des soutiens étrangers, les talibans ont à ce stade des moyens limités en terme de renseignement et contre-terrorisme.

A long terme, "ils vont devoir s'appuyer sur le réseau Haqqani, al-Qaïda et d'autres acteurs armés pour les effectifs, l'expertise au combat et le soutien logistique", assure le think-tank américain Soufan Group.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.