Un Nobel de physique inédit honore des travaux sur le changement climatique

Le comité Nobel lors de l'annonce des lauréats du prix de Physique, mardi à Stockholm. (Photos, AFP)
Le comité Nobel lors de l'annonce des lauréats du prix de Physique, mardi à Stockholm. (Photos, AFP)
50% des 990000 euros du prix iront à Giorgio Parisi, 73 ans, de l'Accademia dei Lincei, à Rome.
50% des 990000 euros du prix iront à Giorgio Parisi, 73 ans, de l'Accademia dei Lincei, à Rome.
L'Allemand Klaus Hasselmann, 89 ans, de l'Institut Max Planck.
L'Allemand Klaus Hasselmann, 89 ans, de l'Institut Max Planck.
L'Américano-japonais Syukuro Manabe, 90 ans, de l'université de Princeton.
L'Américano-japonais Syukuro Manabe, 90 ans, de l'université de Princeton.
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Un Nobel de physique inédit honore des travaux sur le changement climatique

  • En pleine alarme sur le réchauffement planétaire, le prix sacre deux vieux experts de la question, et un théoricien des phénomènes désordonnés
  • C'est la première fois depuis 1995 qu'un Nobel est remis pour des travaux directement liés au climat, mais dans un contexte d'urgence complètement différent

STOCKHOLM : En pleine alarme sur le réchauffement planétaire, le Nobel de physique 2021 a sacré mardi deux vieux experts de la question, l'Américano-japonais Syukuro Manabe et l'Allemand Klaus Hasselmann, ainsi que l'Italien Giorgio Parisi, un théoricien des phénomènes désordonnés.

C'est la première fois depuis 1995 et des recherches sur le trou dans la couche d'ozone en chimie qu'un Nobel scientifique est remis pour des travaux directement liés au climat - mais dans un contexte d'urgence complètement différent.

Syukuro Manabe, né au Japon il y a 90 ans mais vivant à Princeton aux Etats-Unis, et Klaus Hasselmann, 89 ans et basé à Hambourg, ont été primés pour une première moitié du prix "pour la modélisation physique du climat de la Terre, pour en avoir quantifié la variabilité et prédit de façon fiable le réchauffement climatique", selon le jury.

Le comité Nobel récompense ainsi les travaux fondateurs de Syukuro Manabe sur l'effet de serre dans les années 1960, par lesquels il a montré que les niveaux de CO2 dans l'atmosphère correspondaient à la hausse des températures terrestres.

Klaus Hasselman est quant à lui célébré pour être parvenu à établir des modèles climatiques fiables malgré les grandes variations météorologiques, permettant de faire émerger une tendance du chaos quotidien.

Dès 1988, ce chercheur allemand avait mis en garde contre un changement climatique "irréversible", a rappelé l'Institut allemand Max Planck où il travaillait.

"Dans 30 à 100 ans, selon la quantité d'énergie fossile que nous consommerons, nous ferons face à un changement climatique très significatif", avait-il prédit il y a plus de 30 ans.

A un mois de la COP26, le sommet mondial pour le climat organisé à Glasgow, la récompense attribuée à ces deux experts en météorologie et en climatologie aura nécessairement un fort écho politique.

"Les dirigeants mondiaux qui n'ont toujours pas compris le message, je ne suis pas sûr qu'ils vont le comprendre parce que nous le disons. Mais c'est un prix de physique et ce que nous disons c'est que la modélisation du climat est solidement basée en physique", a souligné Thors Hans Hansson, un des membres du comité Nobel.

Accueilli par une ovation des employés à l'institut Max Planck, mardi soir, Klaus Hasselman s'est dit "très reconnaissant que les jeunes se soient emparés du problème", conscient qu'"il a fallu un peu plus de temps pour que le public comprenne (mes recherches)".

Le prix 2021 est le premier Nobel de physique pour des recherches climatiques.

L'homme politique américain Al Gore et le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) de l'ONU avaient remporté le Nobel de la paix en 2007.

Le GIEC, auxquels Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann ont contribué, a d'ailleurs salué un prix "encourageant" pour les climatologues.

A Genève, l'Organisation Météorologique mondiale (OMM) a parlé de "grande nouvelle". "Cela démontre à nouveau que la science climatique est fortement valorisée et doit être fortement valorisée", a déclaré son secrétaire général Petteri Taalas.

Si l'autre moitié du prix de physique 2021 n'est pas directement liée au climat, la capacité à comprendre le désordre et les fluctuations est la spécialité de son troisième lauréat, Giorgio Parisi, 73 ans et qui travaille à Rome.

Ses travaux ardus ont figuré parmi "les contributions les plus importantes" à la théorie dite des systèmes complexes, a expliqué le jury Nobel. Ce dernier l'a récompensé "pour la découverte de l'interaction du désordre et des fluctuations dans les systèmes physiques de l'échelle atomique à planétaire".

La météorologie étant un exemple de domaine très fluctuant tandis que le climat suit de grandes tendances.

"Je crois que le prix est important non seulement pour moi mais aussi pour les deux autres, car le changement climatique est une menace immense pour l'humanité et il est extrêmement important que les gouvernements agissent résolument et le plus vite possible", a commenté M. Parisi au cours d'une conférence de presse dans la capitale italienne.

Les trois hommes se partageront les 10 millions de couronnes suédoises (près de 990000 euros) de la récompense au prorata de leur part : 50% pour M. Parisi et 25% pour chacun des deux autres lauréats.

L'an passé, le prix avait récompensé le Britannique Roger Penrose, l'Allemand Reinhard Genzel et l'Américaine Andrea Ghez, trois pionniers de la recherche sur les "trous noirs", des régions de l'Univers d'où rien ne peut s'échapper.

 

Dompter le désordre climatique pour mieux le prédire

 

Le prix Nobel de physique a couronné les travaux de trois scientifiques aidant à prévoir l'évolution d'un système complexe, comme le climat, grâce à la modélisation des variables qui y créent du désordre, comme les conditions météorologiques ou l'action de l'homme.

Quel lien entre la modélisation du réchauffement climatique, qui a valu à Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann de recevoir une moitié du prix, et les travaux de Giorgio Parisi, troisième lauréat, sur le désordre apparent de la matière?

Ils ont étudié des systèmes complexes: le climat pour les deux premiers, et des phénomènes d'apparence aléatoire à l'échelle de l'infiniment petit pour le troisième. Ils sont arrivés à en extirper des règles de comportements, et permis ainsi des prévisions fiables.

"Un phénomène émergent nécessite parfois d'examiner tous les mécanismes physiques complexes individuels et de les assembler pour faire une prévision", a commenté John Wettlaufer, membre du comité du Nobel de physique, lors de l'annonce du prix à Stockholm.

Le climat "est LE système complexe par excellence", explique à l'AFP le physicien Freddy Bouchet, chercheur CNRS. Un grand nombre de variables entrent en interaction (l'atmosphère, les océans, les sols, la végétation...), rendant illusoire toute prévision fiable au-delà de quelques semaines.

Pourtant, à côté de ce chaos observable au quotidien se dessinent aussi des tendances claires, au caractère systématique, et qu'on peut relier à des causes bien identifiées: par exemple celle du réchauffement climatique à long terme, dû à l'activité de l'homme.

"En sciences du climat, l'aléatoire et le systématique se superposent. Les outils mathématiques développés par l'Allemand Klaus Hasselmann ont permis de séparer les deux, pour être capable de mieux comprendre l'évolution du climat", décrypte Freddy Bouchet, depuis son laboratoire de physique de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon.

Cette dissociation est selon lui fondamentale pour comprendre les évènements climatiques extrêmes comme les canicules, tempêtes et ouragan...

Les modèles numériques développés par l'Américano-japonais Syukuro Manabe, eux, ont réussi à intégrer des sous-systèmes climatiques. "Ce sont les premiers modèles qui ont permis de calculer l'effet de l'augmentation de dioxyde de carbone d'origine anthropique (humaine, NDLR) sur le réchauffement global, (phénomène) qui est au cœur du modèle climatique contemporain", utilisé par les experts du Giec notamment, se félicite Freddy Bouchet.

Giorgio Parisi a apporté pour sa part une contribution majeure à la théorie de ces systèmes complexes, en révélant les règles cachées qui les gouvernent.

"J'ai commencé à jeter les bases de cette science qui n'existait pas au début des années 1980, en étudiant la nature par les mathématiques", racontait le chercheur italien au journal Corriere della Sera, en février 2021. Une science qui permet par exemple d'expliquer la forme changeante que prend le vol d'une nuée --la murmuration-- d'étourneaux.

Il a fourni les outils mathématiques permettant de comprendre comment des processus aléatoires peuvent jouer un rôle décisif dans le développement de grandes structures. Comme celle qui gouverne le climat. Ses outils sont utilisés aujourd'hui en biologie, en neurosciences ou en intellig


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.