Comment la politique d'ouverture de Sadate a intégré l’Égypte aux économies développées

Anouar el-Sadate a rompu de manière décisive avec le modèle étatiste d'influence soviétique de son prédécesseur Nasser en introduisant la politique de la porte ouverte. (Photo, fournie)
Anouar el-Sadate a rompu de manière décisive avec le modèle étatiste d'influence soviétique de son prédécesseur Nasser en introduisant la politique de la porte ouverte. (Photo, fournie)
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Comment la politique d'ouverture de Sadate a intégré l’Égypte aux économies développées

  • La politique de l’infitah rompt avec le modèle centralisé d’influence soviétique de son prédécesseur, Gamal Abdel Nasser
  • L’économie est soutenue par une aide financière accrue en provenance des États-Unis, les revenus du canal de Suez et le secteur touristique naissant en Égypte

LONDRES : En 1973, pendant l’hiver, Anouar el-Sadate se prélasse au soleil. À l’époque, il est «batal al-oubour» – le «héros de la traversée». La guerre de 1973 contre Israël est un énorme coup de propagande réussi, même si la réalité est différente de ce qui est dit dans les médias égyptiens.  

Après des années de planification, l’armée égyptienne réussit à traverser le canal de Suez, prenant l’armée israélienne au dépourvu. La fierté nationale est restaurée et les Égyptiens donnent un nouveau surnom à El-Sadate. 

Cependant, à l’échelle locale, la situation économique est le vrai problème auquel fait face Anouar El-Sadate. Les attentes de la population égyptienne sont élevées après la victoire militaire; la confrontation avec Israël ne peut plus servir d’excuse à toutes les privations qu’elle subit. 

Après la défaite de l’Égypte en 1967 – soit six ans plus tôt – le pays est presque en faillite. La guerre a porté un coup dur à l’industrie. L’inflation et la dette extérieure sont toutes deux élevées. 

Au cours de ses quatorze années au pouvoir, le prédécesseur d’El-Sadate, Gamal Abdel Nasser, a réussi à courtiser l’Union soviétique et à obtenir son soutien. 

Ensemble, Nasser et les Russes construisent le deuxième barrage d’Assouan, un projet destiné à mener l’Égypte sur la double voie du développement industriel et agricole. 

Les ambitions ne sont cependant pas pleinement réalisées. Au cours des premières années, le projet de barrage rencontre des problèmes de démarrage. Les terres situées en aval du barrage sont affectées par une augmentation de la salinité et des problèmes d’engorgement. 

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Après la défaite de l’Égypte en 1967 – soit six ans plus tôt – le pays est presque en faillite. La guerre a porté un coup dur à l’industrie. L’inflation et la dette extérieure sont toutes deux élevées (Photo, fournie)

Lorsqu’El-Sadate prend le pouvoir après la mort de Nasser en 1970, l’économie est toujours gérée en fonction des exigences des planificateurs centraux. 

Les prix des produits de base sont contrôlés et les investissements dans les projets sont imposés de manière centralisée, ce qui entraîne des pénuries et un gaspillage généralisés. 

La population jeune de l’Égypte s’élève à 34,5 millions de personnes, avec un taux de croissance de l’ordre de 2,5 %. 

L’économie est entravée par de faibles niveaux de productivité, une absence d’éducation de qualité et un manque conséquent de travailleurs qualifiés. On indique aux agriculteurs ce qu’ils doivent planter. Dans la terminologie d’aujourd’hui, les indicateurs de prix ne sont pas efficaces. 

D’autres problèmes persistent. Nasser a mis en place un énorme secteur public et une économie d’État réglementée à outrance, imitant l’Union soviétique. 

Il avait ouvert l’enseignement supérieur à tous et garanti un emploi à chaque diplômé sans trop se soucier de la qualité ou de la pertinence de la formation. 

Une fois leur diplôme universitaire en main, les Égyptiens se tournent en grande partie vers les ministères, les municipalités et les entreprises contrôlées par l’État où la sécurité d’emploi est garantie. Il en résulte alors de faibles niveaux de productivité avec une tendance à entraver l’innovation et l’entrepreneuriat. 

Nasser a également orchestré l’émigration de grandes communautés d’artisans et de petits commerçants italiens et grecs qu’on appelle les moutamasriyoun (les «égyptianisés»). 

Si les réformes des années 1950 ont brisé le pouvoir des grands propriétaires, ces acteurs moins importants ont été aliénés par l’État qui s’emparait de leurs biens. 

Entre 1962 et 1964, par exemple, toutes les terres appartenant à des étrangers sont expropriées. L’intégralité de la communauté juive fuit le pays dans les années 1950. 

Le bilan de l’exode: un effondrement des services municipaux, entre autres, et une pénurie de travailleurs qualifiés dans le secteur public et les services d’utilité publique comme l’approvisionnement en électricité. 

El-Sadate n’a jamais eu peur du défi. Il aimait faire face aux situations difficiles. Il a travaillé comme espion pour les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale contre les Britanniques, puis comme vice-président de Nasser. Il décidé de rompre avec son prédécesseur en rouvrant l’Égypte aux investissements étrangers. 

C’est l’infitah ou «l’ouverture». Il s’agit d’un ensemble de mesures de libéralisation liées à un certain assouplissement politique. 

La politique rejette les liens étroits avec l’Union soviétique et établit des relations plus solides avec les États-Unis et les États de la péninsule Arabique. Cette politique suppose également une séparation entre l’armée et l’économie. 

Après la mort de Nasser, El-Sadate préfigure les réformes avec un plan d’action nationale en 1971. En 1972, il expulse des milliers de conseillers militaires soviétiques. 

En 1974, il promulgue une nouvelle réglementation sur les investissements intitulée «Loi 43». Les tarifs sont revus à la baisse et les banques étrangères sont encouragées à revenir au pays. El-Sadate annule certaines confiscations de propriétés privées. 

 

 En chiffres  

  • Les importations alimentaires égyptiennes dépassent les exportations de trois milliards de dollars en 1981. 
  • La part des capitaux étrangers dans le financement des projets publics est de 90 %. 

L’objectif principal de la nouvelle loi est d’attirer des capitaux arabes et étrangers. Dans ce but, il crée une nouvelle organisation, l’Autorité générale pour l’investissement et les zones franches, sous l’égide du ministère de l'Économie. 

Selon le livre The Experience of Foreign Investment Under Infitah de Hadi Salehi Esfahani, la loi prévoit des incitations et comprend une promesse de s’abstenir de nationaliser et de confisquer le capital investi, sauf au moyen de procédures judiciaires. Elle exempte les investisseurs d’un certain nombre de règlements sur le travail; elle accorde une exonération de cinq à huit ans des impôts sur les bénéfices; elle octroie un report de paiement des droits de douane et autorise l’importation sans permis. 

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En 1973, pendant l’hiver, Anouar el-Sadate se prélasse au soleil. À l’époque, il est «batal al-oubour» – le «héros de la traversée» (Photo, fournie)

Les résultats sont inégaux mais l’économie égyptienne est à la hausse. Selon Egypt's Development in the Seventies, de Henry Bruton, les investissements privés en vertu de la Loi 43 étaient lents au début, et n’ont atteint les 6,6 millions de dollars (soit 5,7 millions d’euros) qu’en 1979. Les investissements étaient fortement concentrés dans des secteurs comme les banques, les bureaux de conseil, la restauration rapide et la construction. 

Cependant, les taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) ont atteint 8 à 10 % par an pendant les années 1970 et la balance des paiements était avantageuse. Les rendements du coton et du riz ont largement augmenté. 

Vers la fin de la décennie, l’Égypte connaît une croissance considérable grâce à un flux relativement soudain de devises lorsque d’importants gisements de pétrole et de gaz sont mis en service et monétisés. 

L’économie est également soutenue par une aide financière accrue en provenance des États-Unis, les revenus du canal de Suez et le secteur touristique naissant en Égypte. Le canal a été fermé en 1967 mais El-Sadate le rouvre en 1975. Les revenus des navires passant par le canal commencent à affluer vers l’État égyptien. 

Les pays du Golfe recrutent une main-d’œuvre égyptienne à mesure que leurs réserves de pétrole et de gaz se développent. Pour El-Sadate, c’est une arme à double tranchant. 

De nombreux Égyptiens qualifiés et instruits décident de quitter le pays pour bénéficier de salaires plus élevés dans les pays du Golfe et ailleurs. Le point positif est qu’ils commencent à envoyer des fonds au pays, comme ils le font toujours aujourd'hui. 

Les fonds envoyés par les expatriés passent de zéro en 1971 à plus de 2,2 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) en 1979, selon les chiffres officiels, mais sont probablement plus élevés si l’on tient également compte des transferts informels. 

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Lorsqu’El-Sadate prend le pouvoir après la mort de Nasser en 1970, l’économie est toujours gérée en fonction des exigences des planificateurs centraux (Photo, fournie)

Ces fonds, combinés aux revenus pétroliers et gaziers, aux revenus du canal de Suez et aux recettes du tourisme augmentent les réserves de change à 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros) en 1980, contre moins de 0,5 milliard de dollars (0,4 milliard d’euros) en 1972. 

Cependant, le déficit budgétaire gonfle, l’inflation grimpe en flèche, les importations augmentent de façon spectaculaire et les disparités de revenus s’accroissent. Les dépenses militaires demeurent un lourd fardeau. 

En 1977, la Banque centrale commence à imprimer des billets de 20 livres égyptiennes. En 1979, la livre est dévaluée avant de perdre près de la moitié de sa valeur. Elle se retrouve pour la première fois en dessous de la parité avec la livre sterling. 

De plus, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) mettent fin aux subventions sur les produits alimentaires de base – une cause majeure des déficits budgétaires persistants. 

En 1977, El-Sadate annonce une hausse des prix de la farine, du riz et de l’huile de cuisson à la demande de la Banque mondiale. Il en résulte de grosses émeutes provoquées par les Égyptiens pauvres. 

La plupart des grandes villes égyptiennes sont frappées par la violence. Plus de soixante-dix personnes trouvent la mort. La peur de provoquer des émeutes similaires règne depuis au sein des classes dirigeantes en Égypte.  

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


1986 : L'affaire Iran-Contra

Le lieutenant-colonel Oliver North fait valoir ses arguments lors de sa présentation au nom des Contras nicaraguayens lors des audiences sur l'affaire Iran-Contra. (Getty Images)
Le lieutenant-colonel Oliver North fait valoir ses arguments lors de sa présentation au nom des Contras nicaraguayens lors des audiences sur l'affaire Iran-Contra. (Getty Images)
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  • Le scandale rappelle brutalement que le pouvoir incontrôlé, le secret et l'ambition politique peuvent rapidement saper la démocratie

RIYAD : L'affaire Iran-Contra de 1986 reste l'un des épisodes les plus controversés de l'histoire moderne des États-Unis, révélant un réseau complexe d'opérations clandestines, de violations de la loi et d'intrigues politiques.

Le scandale, qui s'est déroulé pendant la présidence de Ronald Reagan, a tourné autour de ventes secrètes d'armes à l'Iran et du détournement illégal des bénéfices pour financer les rebelles de droite des Contras au Nicaragua. Il a remis en question les principes mêmes de la transparence, de la responsabilité et de l'État de droit dans la gouvernance démocratique.

Ces événements ont eu pour toile de fond les tensions de la guerre froide et l'instabilité géopolitique du Moyen-Orient. Le 17 mai 1985, Graham Fuller, responsable national du renseignement pour le Proche-Orient et l'Asie du Sud à la CIA, a rédigé un mémorandum à l'intention du directeur de la CIA, William Casey, sur les options de la politique américaine à l'égard de l'Iran.

"Les événements vont largement à l'encontre de nos intérêts et nous avons peu d'alternatives acceptables. Les États-Unis n'ont pratiquement aucune carte à jouer, alors que l'URSS en a beaucoup", écrit Fuller.

Pour donner aux États-Unis "un certain poids dans la course à l'influence à Téhéran", Fuller suggère que Washington "lève toutes les restrictions sur les ventes - y compris militaires - à l'Iran".

Comment nous l'avons écrit

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Arab News a rapporté l'arrestation et l'expulsion par l'Iran du conseiller américain à la sécurité nationale, Robert McFarlane, qui était arrivé en "mission diplomatique secrète".

Au Nicaragua, le gouvernement sandiniste, qui a renversé en 1979 un système politique soutenu par les États-Unis, s'est aligné sur les politiques socialistes et l'Union soviétique. Cette évolution a alarmé l'administration Reagan, qui a soutenu les rebelles Contra, un groupe accusé de violations généralisées des droits de l'homme.

Simultanément, les États-Unis sont confrontés à des défis complexes au Moyen-Orient. L'Iran était engagé dans une guerre prolongée avec l'Irak (1980-1988), et Washington cherchait à limiter l'influence soviétique dans la région tout en obtenant la libération des otages américains détenus par des groupes pro-iraniens au Liban.

Malgré sa position publique de refus de négocier avec les terroristes et son propre embargo sur les armes à destination de Téhéran, l'administration Reagan a vu une opportunité d'utiliser les ventes d'armes comme moyen d'influence. Elle souhaitait obtenir la libération des otages américains détenus par le Hezbollah au Liban et tenter d'ouvrir une voie de dialogue avec des éléments plus modérés en Iran.

Le scandale Iran-Contra a donné lieu à deux opérations distinctes mais interconnectées. Tout d'abord, de hauts fonctionnaires américains ont facilité la vente secrète d'armes à l'Iran, apparemment dans un geste de bonne volonté envers les factions modérées du gouvernement iranien et pour obtenir la libération des otages américains. Cette opération violait l'embargo sur les armes imposé par Washington à l'Iran et contredisait les déclarations publiques de Reagan condamnant le terrorisme.

Deuxièmement, les bénéfices de ces ventes d'armes ont été détournés pour financer les Contras au Nicaragua. Cela contrevenait à l'amendement Boland, une série de lois adoptées par le Congrès entre 1982 et 1984 qui interdisaient explicitement l'assistance militaire américaine à ce groupe.

Le plan a été orchestré par un petit groupe de fonctionnaires du Conseil de sécurité nationale, dont le lieutenant-colonel Oliver North, au su et avec le soutien de personnalités de haut rang telles que le conseiller à la sécurité nationale John Poindexter.  

Dans le même temps, la CIA et le ministère de la Défense menaient l'opération "Tipped Kettle", qui impliquait des négociations secrètes avec Israël sur le transfert à la CIA et, en fin de compte, aux Contras, d'armements capturés à l'Organisation de libération de la Palestine au Liban.

En mai 1983, Israël a remis plusieurs centaines de tonnes d'armes, d'une valeur de 10 millions de dollars. Cette opération s'est répétée en 1984.

En 1985, Israël a commencé à expédier des armes américaines à l'Iran, dans le but de s'attirer les faveurs de Téhéran et d'ouvrir la voie à la libération des otages américains, avec l'approbation du prédécesseur de Poindexter en tant que conseiller à la sécurité nationale de Reagan, Robert McFarlane.

Le 2 novembre 1986, quelques jours après la livraison de 500 missiles antichars à l'Iran, l'otage américain David Jacobsen a été libéré par ses ravisseurs à Beyrouth. North s'attendait à ce que d'autres otages soient libérés dans la foulée, mais cela ne s'est pas produit.

En réponse aux demandes des médias, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Donald Regan, reconnaît publiquement, pour la première fois, les négociations en cours avec l'Iran.

L'affaire Iran-Contra a éclaté au grand jour à la fin de l'année 1986, lorsque la publication libanaise Ash-Shiraa a révélé les détails des contrats d'armement conclus avec l'Iran. Le 3 novembre 1986, elle a publié un compte rendu d'une visite secrète de McFarlane à Téhéran en mai 1986. Des enquêtes ultérieures menées par des journalistes et des commissions du Congrès ont mis au jour le plan global, qui a soulevé de graves questions sur les excès de pouvoir de l'exécutif, la subversion de l'autorité du Congrès et la conduite éthique des fonctionnaires du gouvernement. Il a suscité l'indignation des législateurs et du public.

Les audiences télévisées de 1987 ont captivé le pays, et des personnalités de premier plan, dont North, ont témoigné de l'opération. Alors que certains considèrent North comme un patriote ne faisant qu'obéir aux ordres, d'autres le considèrent comme l'emblème d'une administration prête à contourner la loi pour atteindre ses objectifs.

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Des manifestants se sont rassemblés devant le lieu où Oliver North devait prononcer son discours (Getty Images).

Les auditions ont également révélé une culture du secret et de la tromperie au sein de l'administration Reagan, portant atteinte à la crédibilité du président et érodant la confiance du public dans les institutions de l'État.

Les retombées du scandale Iran-Contra ont donné lieu à plusieurs poursuites pénales. North, Poindexter et d'autres fonctionnaires ont été accusés de délits tels que l'obstruction à la justice, la conspiration et le mensonge au Congrès.

L'affaire a également porté un coup majeur à la crédibilité de l'administration Reagan. Elle a soulevé des questions sur l'étendue des connaissances et du contrôle présidentiels, Reagan ayant maintenu qu'il n'était pas au courant du transfert de fonds aux Contras. Sur le plan politique, le scandale a terni l'héritage de Reagan, même si sa cote de popularité est restée élevée jusqu'à la fin de sa présidence en 1989.

L'affaire reste une mise en garde contre les dangers d'un pouvoir exécutif incontrôlé et les dilemmes éthiques inhérents à la politique étrangère. Bien qu'elle n'ait pas conduit à des réformes durables en matière de contrôle des services de renseignement, elle a souligné la nécessité d'une plus grande vigilance pour prévenir les abus de pouvoir et sert d'étude de cas sur la manière dont la poursuite d'objectifs, même bien intentionnés, peut avoir des conséquences imprévues si les limites juridiques et éthiques sont franchies.

Mohammed Al-Sulami dirige l'Institut international d'études iraniennes (Rasanah).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Comment la sylviculture saoudienne soutient la biodiversité et atténue les effets du changement climatique

Les forêts ne couvrent que 1,1 % de la masse continentale de l'Arabie saoudite, mais elles jouent un rôle considérable dans la préservation de la biodiversité, le stockage du carbone et l'amélioration de la sécurité alimentaire. (Capture d'écran de la vidéo du NCVC)
Les forêts ne couvrent que 1,1 % de la masse continentale de l'Arabie saoudite, mais elles jouent un rôle considérable dans la préservation de la biodiversité, le stockage du carbone et l'amélioration de la sécurité alimentaire. (Capture d'écran de la vidéo du NCVC)
Les forêts fournissent de l'oxygène, stockent des tonnes de carbone et contribuent à plus de 80 % de la biodiversité de l'environnement. (Photo NCVC)
Les forêts fournissent de l'oxygène, stockent des tonnes de carbone et contribuent à plus de 80 % de la biodiversité de l'environnement. (Photo NCVC)
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  • Malgré son climat aride, le pays abrite une grande diversité de forêts, des forêts de montagne aux mangroves côtières.
  • Le royaume étend sa couverture végétale en plantant des millions d'arbres et en restaurant les zones dégradées.

RIYAD : Il est facile de penser que l'Arabie saoudite est un pays dominé par des dunes sans fin et des plaines brûlées par le soleil. Mais au-delà des vastes déserts se cache une mosaïque d'écosystèmes d'une richesse inattendue : des forêts qui escaladent les montagnes, ombragent les vallées sinueuses et bordent les côtes de la mer Rouge et du golfe Arabo-Persique.

Bien que les forêts ne couvrent que 1,1 % de la masse continentale du Royaume, elles jouent un rôle considérable dans la préservation de la biodiversité, le stockage du carbone et l'amélioration de la sécurité alimentaire. Leur importance écologique et leur fragilité les ont placées au cœur de la transition écologique de l'Arabie saoudite.  

« La superficie forestière du Royaume d'Arabie saoudite est estimée à 2,7 millions d'hectares, ce qui représente 1,1 % de la superficie du pays », a déclaré à Arab News Najeeb Alsubhi, chef du département des forêts de vallée au Centre national pour le développement de la couverture végétale et la lutte contre la désertification.

« Il s'agit notamment de forêts de montagne réparties dans les parties sud et sud-ouest du Royaume, caractérisées par des genévriers, ainsi que par l'atam (olivier sauvage), en plus de groupes d'acacias ».

Les forêts de montagne marquent les hautes lignes de crête de Taif à Jazan, tandis que les forêts de vallée, parsemées de sidr et d'acacias, couvrent la majeure partie de l'intérieur du pays. Le long des côtes, des groupes de mangroves prospèrent dans les zones humides, offrant un habitat essentiel et constituant des défenses côtières naturelles. 

Malgré leur empreinte modeste, ces forêts jouent un rôle central dans les écosystèmes. À l'échelle mondiale, on sait que les forêts contribuent à plus de 80 % à la biodiversité, régulent le climat, limitent la désertification et fournissent des produits essentiels, du miel aux plantes médicinales.

En Arabie saoudite, elles jouent également un rôle de tampon contre l'avancée du désert et les chocs climatiques, un rôle de plus en plus vital alors que le Royaume est confronté à des défis environnementaux. 

Parmi les espèces végétales que l'on trouve dans les forêts des vallées du Royaume, on trouve l'Acacia et le Sidr (photo NCVC).
Parmi les espèces végétales que l'on trouve dans les forêts des vallées du Royaume, on trouve l'Acacia et le Sidr (photo NCVC).

Pour protéger et développer cette richesse naturelle, l'Arabie saoudite a lancé une campagne de conservation et de réhabilitation des forêts, sous l'égide du NCVC. Le centre plante plus de 3,5 millions d'arbres et s'efforce de protéger les espèces indigènes en cartographiant et en restaurant les habitats des arbres pérennes.

Consciente de la menace croissante que représentent les incendies de forêt, l'organisation a également mis en place des systèmes de surveillance des forêts et des incendies, ainsi que des centres de recherche et des initiatives d'éducation du public pour garantir la durabilité des forêts à long terme.

Parmi les initiatives les plus significatives, citons un nouveau projet visant à évaluer la santé et l'évolution du couvert forestier dans cinq régions clés : Al-Bahah, Jazan, Asir, Najran et Taif. 

LE SAVIEZ-VOUS ?

- Les forêts saoudiennes abritent 97 espèces d'arbres et couvrent 2,7 millions d'hectares du territoire du Royaume.  

-  Les forêts saines contribuent à plus de 80 % à la biodiversité présente dans l'environnement naturel.

- Bien que l'Arabie saoudite soit majoritairement désertique, elle possède également des forêts de montagne, des forêts de vallée et des mangroves. 

Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre du programme d'inventaire forestier national, est le fruit d'une collaboration entre le NCVC et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Le projet a pour objectif de soutenir la gestion durable des forêts tout en respectant les obligations internationales en matière de rapports environnementaux liés à la biodiversité, au changement climatique et à l'utilisation des terres.

Les stratégies comprennent la collecte de données, l'identification des principaux sites forestiers et l'utilisation d'outils de précision tels que les hypsomètres numériques pour mesurer la hauteur des arbres et la structure de la forêt. ***

Les stratégies mises en œuvre par le NCVC pour conserver les zones de plantation en Arabie Saoudite comprennent la détermination des points de confinement, la collecte de données et l'utilisation d'un hypsomètre numérique pour mesurer la hauteur des arbres (photo du NCVC).
Les stratégies mises en œuvre par le NCVC pour conserver les zones de plantation en Arabie Saoudite comprennent la détermination des points de confinement, la collecte de données et l'utilisation d'un hypsomètre numérique pour mesurer la hauteur des arbres (photo du NCVC).

Ces efforts reflètent une prise de conscience croissante du rôle vital que jouent les forêts d'Arabie saoudite, non seulement en tant qu'atouts écologiques, mais aussi en tant que symboles de renouveau dans un pays connu depuis longtemps pour ses conditions extrêmes de sécheresse.

Alors que le Royaume poursuit ses objectifs en matière de climat et d'environnement, ces sanctuaires naturels, nichés entre les sommets et les vallées, pourraient bien s'avérer être l'un de ses trésors les plus précieux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


La Vision 2030 de l'Arabie saoudite entre dans sa phase finale avec une forte dynamique

Le dernier rapport annuel pour 2024 révèle que sur les 374 indicateurs clés de performance du troisième niveau, 299 ont été pleinement atteints. (SPA/File)
Le dernier rapport annuel pour 2024 révèle que sur les 374 indicateurs clés de performance du troisième niveau, 299 ont été pleinement atteints. (SPA/File)
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  • L'initiative Vision 2030 de l'Arabie saoudite a enregistré des progrès remarquables, 93% de ses principaux indicateurs de performance ayant été entièrement ou partiellement atteints depuis son lancement
  • Ces progrès démontrent l'efficacité d'une planification à long terme combinée à une exécution stratégique

RIYAD : L'initiative Vision 2030 de l'Arabie saoudite a enregistré des progrès remarquables, 93% de ses principaux indicateurs de performance ayant été entièrement ou partiellement atteints depuis son lancement il y a neuf ans, selon la dernière évaluation officielle.

Le programme Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie, à responsabiliser les citoyens et à favoriser un environnement dynamique pour les investisseurs locaux et internationaux, est évalué à travers les performances de ses programmes de réalisation de la vision et de ses stratégies nationales.

Ces outils sont au cœur de l'exécution de l'initiative et sont évalués sur la base de deux critères principaux : l'avancement des initiatives et la performance des indicateurs mesurables.

Le dernier rapport annuel pour 2024 a révélé que sur les 374 indicateurs clés de performance du troisième niveau, 299 ont été pleinement atteints, 257 d'entre eux ayant dépassé leurs objectifs initiaux. Quarante-neuf autres indicateurs se sont rapprochés de la pleine réalisation, atteignant entre 85 et 99% de leurs objectifs.

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Le roi Salman d'Arabie saoudite pose la première pierre du parc de loisirs Qiddiya, près de Riyad, le 28 avril 2018. (SPA/File)

Ces progrès démontrent l'efficacité d'une planification à long terme combinée à une exécution stratégique, contribuant à des changements transformateurs dans tout le pays. Le succès des indicateurs de niveau 3 de la Vision 2030 indique un alignement solide entre la planification nationale et la mise en œuvre concrète dans divers secteurs.

Des mesures détaillées permettent également d'obtenir des résultats tangibles, tels que l'augmentation des capacités hospitalières, le déploiement de services numériques et la délivrance de licences touristiques. Pour garantir un succès continu, des mesures correctives sont prises pour ajuster à la fois les initiatives et les indicateurs de performance, en vue d'accélérer la mise en œuvre et de maintenir les objectifs de la Vision fermement à portée de main.

Des résultats solides pour toutes les initiatives

Cette performance s'aligne sur la forte réalisation du portefeuille d'initiatives de la Vision 2030. En 2024, 85% de toutes les initiatives étaient achevées ou progressaient comme prévu.

Sur les 1 502 initiatives lancées dans le cadre de la Vision, 674 étaient achevées et 596 avançaient comme prévu.

Cela se traduit par un taux de réussite exceptionnellement élevé pour un effort de transformation de cette ampleur et de cette complexité.

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Grand Prix de Formule 1 d'Arabie Saoudite sur le circuit de Jeddah Corniche le 19 avril 2025. (AFP)

Chacune de ces initiatives contribue à des priorités nationales plus larges, allant du logement et des soins de santé à l'innovation numérique, à l'énergie propre et au développement culturel.

Leur mise en œuvre réussie reflète des années d'investissement dans les capacités institutionnelles, les cadres de coordination et les systèmes de suivi des performances, dont une grande partie a été mise en place au cours des première et deuxième phases de la vision.

Une décennie de réformes économiques

Ces dernières réalisations sont le fruit de près d'une décennie de travaux préparatoires, de réformes et de mises en œuvre progressives qui ont débuté en 2016, lorsque la Vision 2030 a été dévoilée pour la première fois.

Les cinq premières années ont été consacrées à la stabilisation de la base macroéconomique et à l'introduction de réformes structurelles, tandis que la deuxième phase a mis l'accent sur la mise à l'échelle et l'accélération.

Le résultat est un modèle de développement qui attire aujourd'hui l'attention internationale pour sa cohérence et son ambition.

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Le rôle du secteur privé dans l'économie a également continué à se développer. (AFP/File)

Entre 2016 et 2024, l'Arabie saoudite a entrepris de vastes réformes structurelles pour réduire sa dépendance à l'égard du pétrole, stimuler l'engagement du secteur privé et libérer de nouveaux moteurs économiques.

Ces réformes comprenaient des interventions politiques ciblées dans les domaines du tourisme, de la logistique, de l'exploitation minière et de la technologie - des secteurs qui deviennent aujourd'hui les principaux moteurs de la croissance non pétrolière.

Le rôle du secteur privé dans l'économie a également continué à se développer, sa contribution au PIB atteignant 47% en 2024, dépassant l'objectif de 46% fixé pour l'année.

En 2024, le PIB réel non pétrolier a augmenté de 3,9% par rapport à 2023, grâce à l'expansion continue des investissements dans les secteurs non pétroliers, dont l'activité a augmenté de 4,3%.

Au quatrième trimestre 2024, le taux de chômage des Saoudiens est tombé à 7 %, atteignant ainsi l'objectif de Vision 2030 avec six ans d'avance. Cette étape marque une amélioration par rapport aux 12,3% enregistrés à la fin de l'année 2016. L'inflation annuelle moyenne est également restée faible, à 1,7%, se classant parmi les plus basses des économies du G20.

C'est le résultat des efforts déployés pour mettre en place une politique économique qui concilie croissance et taux d'inflation sains.

Les flux d'investissements directs étrangers ont atteint 77,6 milliards de riyals saoudiens en 2024, ce qui témoigne de la confiance croissante de la communauté internationale dans le marché saoudien.

L'optimisme du secteur privé non pétrolier s'est également reflété dans l'indice des directeurs d'achat, qui s'est établi à 58,1 au quatrième trimestre 2024. Cette évolution est le résultat des développements survenus tout au long de l'année et a été portée par une augmentation des nouvelles commandes.

Reconnaissance mondiale

Les institutions mondiales telles que le Fonds monétaire international, l'Organisation de coopération et de développement économiques et la Banque mondiale ont revu à la hausse les prévisions de croissance saoudienne, et les trois principales agences de notation de crédit - Moody's, Fitch et S&P - ont affirmé la solidité souveraine du Royaume avec des perspectives stables.

Le Fonds d'investissement public a continué à jouer un rôle central dans le financement et la conduite du développement à grande échelle.  

Ses actifs sous gestion ont atteint 3,53 trillions de RS à la fin de 2024 - ils ont plus que triplé depuis le lancement de la Vision 2030 - dépassant ainsi leur objectif annuel.

Les actifs du fonds ont fait des progrès remarquables, augmentant de plus de 390% entre 2016 et 2024, avec un taux de croissance annuel composé de 22%, dépassant son objectif annuel. Cette augmentation est principalement attribuée à la stratégie d'investissement proactive du fonds dans différents secteurs.

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Des mesures détaillées permettent également d'obtenir des résultats tangibles, tels que l'augmentation de la capacité des hôpitaux, le déploiement de services numériques et la délivrance de licences touristiques. (SPA)

Parallèlement, la valeur des ressources minérales découvertes en Arabie saoudite a grimpé en flèche pour atteindre 9 400 milliards de RS, soit une augmentation de 92% par rapport aux estimations de 2016, qui s'élevaient à 4 900 milliards de RS.

À la fin de l'année 2024, le nombre d'opportunités d'investissement concrétisées a atteint 1 865, dépassant l'objectif de 1 197 fixé pour l'année.

Au niveau mondial, l'Arabie saoudite a amélioré sa position par rapport à de nombreux critères internationaux.

Elle se classe désormais au 16e rang de l'indice de compétitivité mondiale de l'International Institute for Management Development, gagnant 20 places depuis 2017.

Le Royaume a également progressé en matière de gouvernance numérique, gagnant 25 places dans l'indice de développement de l'administration en ligne des Nations unies depuis 2016 pour avancer à la 6e place mondiale, ce qui lui permet de se rapprocher de son objectif Vision 2030, qui est de figurer parmi les cinq premières nations.

Ces classements soulignent les efforts du Royaume pour numériser les services, moderniser les institutions et améliorer la performance du secteur public.

Progrès sociaux et sectoriels

Les indicateurs sociaux ont également progressé régulièrement. Le taux d'accession à la propriété a atteint 65,4% en 2024, dépassant l'objectif de 64% fixé pour cette année.

Dans le cadre de l'objectif à long terme de planter 10 milliards d'arbres, les programmes environnementaux ont dépassé les attentes. Environ 115 millions d'arbres ont été plantés en 2024, tandis que 188 000 hectares de terres dégradées ont été réhabilités avec succès.

Le nombre de volontaires a dépassé 1,2 million à la fin de 2024, dépassant l'objectif de 1 million fixé pour 2030.

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Pèlerins arrivant à l'aéroport King Abdulaziz de Jeddah pour le Hajj annuel. (Photo AN de Nada Hameed)

L'extension des systèmes de visas électroniques et la modernisation des infrastructures du Royaume ont contribué à une augmentation historique du nombre de pèlerins internationaux.

L'Arabie saoudite a enregistré 16,92 millions de pèlerins étrangers pour la Omra en 2024 - le chiffre le plus élevé jamais atteint, dépassant de loin l'objectif annuel de 11,3 millions.

Pour continuer sur sa lancée, l'Arabie saoudite s'apprête à accueillir la plus grande compétition du sport le plus populaire au monde en tant qu'hôte officiel de la Coupe du monde de la FIFA 2034.

Perspectives d'avenir

Une grande partie de ces progrès a été soutenue par l'évolution des programmes de réalisation de la Vision, qui ont été introduits dans la phase initiale de la Vision 2030 en tant que mécanismes de mise en œuvre à moyen terme.

Au fil du temps, ces programmes ont renforcé la coordination entre les gouvernements, accéléré l'exécution et contribué à dépasser de nombreux objectifs nationaux.

Aujourd'hui, il existe 10 PRV opérant dans des secteurs stratégiques tels que la santé, la transformation numérique et le tourisme, ainsi que les services financiers et la durabilité, chacun contribuant à la réalisation des piliers fondamentaux de Vision 2030, à savoir une société dynamique, une économie prospère et une nation ambitieuse.

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Les cinq prochaines années seront déterminantes non seulement pour atteindre les objectifs restants, mais aussi pour maintenir la dynamique bien au-delà de l'horizon 2030. (SPA)

À l'approche de la dernière ligne droite de la Vision 2030, le Royaume continue de mettre l'accent sur la résilience institutionnelle, les résultats mesurables et la compétitivité mondiale.

Bien que des difficultés subsistent dans certains domaines, la combinaison de taux de réalisation élevés, d'une gouvernance adaptée et d'une gestion financière solide a fait de l'Arabie saoudite une étude de cas de la transformation nationale à long terme.

Les cinq prochaines années seront déterminantes non seulement pour atteindre les objectifs restants, mais aussi pour maintenir la dynamique bien au-delà de l'horizon 2030.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com