Merkel exhorte les partis au dialogue après les élections

La chancelière allemande Angela Merkel quitte le podium après avoir prononcé un discours lors des célébrations de la Journée de l'unité allemande à Halle, le 3 octobre 2021, à l'occasion du 31e anniversaire de la réunification allemande. (Photo, AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel quitte le podium après avoir prononcé un discours lors des célébrations de la Journée de l'unité allemande à Halle, le 3 octobre 2021, à l'occasion du 31e anniversaire de la réunification allemande. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 04 octobre 2021

Merkel exhorte les partis au dialogue après les élections

  • «Il faut continuer à façonner notre pays. On peut se disputer sur la manière précise de le faire à l'avenir, mais nous savons que la solution nous appartient, qu'il nous faut nous écouter les uns les autres et dialoguer», a déclaré Merkel
  • Ce discours survient à un moment-clé: c'est dimanche que débutent les discussions exploratoires entre partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement

BERLIN : Angela Merkel a lancé dimanche un appel aux partis politiques allemands à surmonter leurs divisions après les législatives, alors que de difficiles tractations ont démarré pour tenter de la remplacer et de former un nouveau gouvernement.


"Il faut continuer à façonner notre pays. On peut se disputer sur la manière précise de le faire à l'avenir, mais nous savons (...) qu'il nous faut nous écouter les uns les autres et dialoguer", a déclaré Mme Merkel, lors des célébrations annuelles de la réunification allemande de 1990. 


Elle doit prendre sa retraite politique lorsqu'une majorité aura été trouvée au Parlement, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.

«Supporter les différences»

"Nous avons des différences mais aussi des choses en commun. Soyez-prêts à rencontrer les autres, soyez curieux des autres (...) et ayez la capacité de supporter les différences", a-t-elle ajouté dans ce discours à Halle (Est), "c'est la leçon de 31 ans d'unité allemande". 


L'appel du pied d'Angela Merkel était limpide. 


Son discours est en effet intervenu alors qu'ont débuté dimanche des discussions exploratoires entre partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement. 


Et elles s'annoncent très ardues, faisant craindre une longue phase de paralysie politique de l'Allemagne.


Suite aux élections législatives, il va en effet très probablement falloir une alliance de trois partis - aux programmes très différents - pour former une majorité. Une première depuis les années 1950, qui pourrait aussi être un facteur d'instabilité.


Le centre-gauche du parti social-démocrate (SPD) et le centre-droit de la chancelière (CDU et CSU) sont en compétition depuis une semaine pour tenter de forger une telle coalition.


Chaque camp s'efforce de courtiser les écologistes et les Libéraux du FDP (droite), tous deux en position de "faiseurs de roi".


La direction du SPD s'est entretenue avec les Verts et a parlé d'une "très bonne discussion".


Les écologistes ont eux aussi laisser transpirer, sans surprise, leur préférence pour un attelage avec les sociaux-démocrates, dont ils ont salué "la disposition à créer un nouveau départ" en Allemagne.


A l'inverse, les Libéraux et les conservateurs d'Angela Merkel ont affiché leur proximité après leur entretien en soirée. Le parti démocrate-chrétien CDU a parlé de "points communs extraordinairement importants" entre les programmes des deux partis. 


Le FDP a reconnu qu'il y avait "peu de divergences" entre eux, alors qu'il a fait état de "positions éloignées" avec le centre-gauche.

Centre-gauche bien placé
Néanmoins, l'option actuellement la plus probable en Allemagne reste une coalition entre le SPD, arrivé de peu en tête avec 25,7% aux législatives, les écologistes et les Libéraux. 


Elle est soutenue par une nette majorité (59%) de l'opinion, selon un sondage pour la télévision publique ZDF, tandis que les trois-quarts des Allemands souhaitent voir le chef de file des sociaux-démocrates, Olaf Scholz, à la chancellerie.. 


Même s'il n'a pas dit son dernier mot, le centre-droit est sorti très affaibli et divisé de sa défaite électorale. 


Son chef de file, Armin Laschet, est rendu personnellement responsable du plus mauvais score électoral (24,1%) jamais réalisé par les conservateurs dans l'histoire de l'Allemagne moderne. Il apparaît en sursis à son poste.


Ses rivaux en interne, tels Friedrich Merz ou Jens Spahn, qui défendent une ligne plus à droite, sont déjà en position pour la succession. 


Dans ce contexte tendu, la chancelière a appelé les Allemands à ne pas perdre de vue l'essentiel.


"Nous prenons parfois les choses trop à la légère quand il s'agit des acquis démocratiques, comme si nous ne devions plus rien faire" pour les défendre, a-t-elle déploré.


"Mais nous assistons dans la période actuelle à un nombre croissant d'attaques", a-t-elle estimé, en citant des agressions contre les minorité religieuses ou ethniques, mais aussi les tentatives "démagogiques pour répandre sans scrupules ni honte la haine et le ressentiment".


Mme Merkel a aussi exhorté les Allemands de l'Ouest à montrer plus de "respect" à l'égard de leurs concitoyens de l'Est, alors que les législatives ont été marquées dans cette partie du pays - l'ex-Allemagne de l'Est communiste - par un fort vote d'extrême droite, nourri par le sentiment d'une partie de la population locale d'être laissée-pour-compte.


La chancelière a elle-même grandi en ex-RDA.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.