Au Bangladesh, des milliers de jeunes filles mariées pendant la pandémie ne vont plus à l'école

L'insécurité, tant financière que sociale, a amené les parents à faire épouser leurs filles, explique Ruhul Amin, responsable du secteur éducatif. (Shutterstock)
L'insécurité, tant financière que sociale, a amené les parents à faire épouser leurs filles, explique Ruhul Amin, responsable du secteur éducatif. (Shutterstock)
Short Url
Publié le Samedi 02 octobre 2021

Au Bangladesh, des milliers de jeunes filles mariées pendant la pandémie ne vont plus à l'école

  • Plus de 15,5 % des filles bangladaises ont été contraintes de se marier avant l'âge de 15 ans
  • Au Bangladesh, l'âge du mariage est fixé à 18 ans pour les femmes et à 21 ans pour les hommes

DACCA : Borcha souhaitait avant tout retourner à l'école le jour où elle s'est rendue au poste de police le plus proche pour demander qu'on l'aide à se libérer d'un mariage forcé.

Son rêve de reprendre ses études correspond certes à celui que nourrissent des milliers d'autres jeunes filles mariées dans le sud du Bangladesh qui ne se rendent pas à l'école, même après la levée du confinement parmi les plus longs du monde, en raison de la propagation du coronavirus (Covid-19).

Le mariage de Borcha a en effet été annulé grâce à l'intervention de la police. Cette jeune fille fait partie de nombreuses écolières de la région, victimes de mariages forcés au cours des 18 derniers mois.

En compagnie de sa mère, qui gagne 2,50 dollars par jour dans une usine locale, elle vit dans la maison de ses grands-parents dans le district de Chuadanga. Borcha le sait bien: sa famille dépense une  fortune pour payer ses études.

«  Ma mère éprouve de grandes difficultés à joindre les deux bouts et à couvrir les frais de mes études, mais marier les petites filles ne résout pas le problème », raconte-elle.

« Mon professeur m'a expliqué que le mariage des enfants avait des effets négatifs sur la santé des filles. Je veux terminer mes études pour travailler comme journaliste ».

Borcha est inscrite au lycée Jhinuk, qui a accepté de supprimer ses frais de scolarité jusqu’à ce qu'elle ait terminé ses études secondaires.

Au Bangladesh, l'âge du mariage est fixé à 18 ans pour les femmes et à 21 ans pour les hommes. Cependant, selon les estimations du Fonds des Nations unies pour l'enfance en 2019 – soit avant la flambée de Covid-19 – 15,5 % des filles bangladaises ont été contraintes de se marier avant l'âge de 15 ans.

Lorsque les écoles du pays ont rouvert leurs portes, les autorités bangladaises ont constaté, non sans une certaine inquiétude, que le nombre de filles non scolarisées avait augmenté.

Il n’existe pas de données précises concernant le nombre de mariages d'enfants au Bangladesh pendant la pandémie. Toutefois, ce nombre semble avoir augmenté en raison des quarantaines et des fermetures qui ont exacerbé les crises économiques et sociales au sein de communautés comme celle dans laquelle vit Borsha.

Non loin de là, dans le district de Khulna, les autorités ont entrepris de recenser les cas.

Un responsable du secteur éducatif du district explique à Arab News que « nous nous sommes aperçus que plusieurs filles ne se rendaient pas en classe lorsque les écoles ont rouvert leurs portes le mois dernier. Le personnel des écoles a contacté leurs tuteurs pour apprendre que bon nombre de ces filles ont été mariées lorsque les écoles étaient fermées. Nous avons recensé plus de 3 000 mariages d'enfants, rien que dans ce district ».

Malheureusement, les chiffres réels sont sans doute bien plus alarmants.

« L'insécurité, tant financière que sociale, a amené les parents à faire épouser leurs filles. Nos enseignants sont en contact régulier avec les tuteurs pour les convaincre de permettre aux filles de participer aux cours », ajoute-t-il.

Abus Shahid est un père de famille qui vit à Khulna. Voilà 6 mois qu'il a marié sa fille qui était en classe de troisième.

« Les écoles étaient fermées pour une durée indéterminée et ma fille restait à la maison sans rien faire » ajoute-t-il.

Asma Begum, elle aussi originaire de Khulna, raconte avoir consenti au mariage de sa fille (15 ans) pour la protéger contre les avances importunes et les railleries.

« Je n'avais pas d'autre choix. De toute façon, un bon marié s'est présenté pour le mariage. Il appartient aux beaux-parents de permettre ou non à leur belle-fille de poursuivre ses études », ajoute Asma.

Les chiffres relatifs aux mariages précoces au Bangladesh, constatés à la suite de la réouverture des écoles, ne représentent probablement que la partie visible de l'iceberg.

Avant la pandémie de Covid-19, les statistiques indiquaient qu'une fille mineure était contrainte de se marier toutes les deux secondes. La recrudescence des infections par le coronavirus amène les Nations unies à présager que le nombre de mariages d'enfants augmentera de 13 millions au cours des dix prochaines années, dans la mesure où les programmes de prévention ont été interrompus par les fermetures d'écoles et la récession économique mondiale.

Rasheda Chowdhury, pédagogue bangladaise de renom et directrice de la Campagne pour l'éducation de la population, explique à Arab News que ce problème se posait bien avant le début de la pandémie. Pour elle, une intervention immédiate s’impose désormais.

D'après elle : « Nous n'avons pas réussi à aborder le problème sur les plans social et administratif. Pour prévenir les mariages d'enfants, il convient de déployer des efforts concertés ».

« Les femmes faisant partie des organes administratifs locaux sont appelées à intervenir pour ramener les filles à l'école et empêcher que de nouveaux épisodes de mariages d'enfants ne se produisent ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.