PARIS : Le président Emmanuel Macron a déclaré lundi que des analyses françaises concluaient elles aussi à l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny au Novitchok et demandé des comptes à Vladimir Poutine, qui a sèchement rejeté des accusations « non étayées ».
« La France partage, sur la base de ses propres analyses, les conclusions de plusieurs de ses partenaires européens sur les faits d'empoisonnement à l'aide d'un agent neurotoxique Novitchok », a déclaré la présidence française dans un communiqué à l'issue d'un entretien téléphonique entre les deux dirigeants.
L'Allemagne, où Alexeï Navalny est hospitalisé et qui, la première, avait fait état d'un empoisonnement au Novitchok, a indiqué lundi que des laboratoires français et suédois étaient arrivés à la même conclusion après analyse d' « échantillons prélevés » sur l'opposant.
Emmanuel Macron, qui s'exprimait pour la première fois sur le sujet depuis l'annonce par Berlin d'un empoisonnement au Novitchok le 2 septembre, a demandé à son homologue que « toute la lumière soit faite, sans délai, sur les circonstances et les responsabilités de cette tentative d’assassinat ».
« Une clarification est nécessaire de la part de la Russie dans le cadre d'une enquête crédible et transparente », a martelé le chef de l'Etat auprès de Vladimir Poutine.
Le président russe a jugé pour sa part « malvenues les accusations non étayées et fondées sur rien visant la partie russe ».
Il a réclamé de nouveau que Berlin fournisse « les échantillons biologiques » ayant permis aux spécialistes allemands de pointer du doigt une substance de type Novitchok, conçu à l'époque soviétique à des fins militaires.
Cette affaire porte un coup dur au dialogue franco-russe, qu'Emmanuel Macron avait tenté de relancer en 2019 en tendant la main à Vladimir Poutine, semant le trouble chez certains de ses alliés européens.
Sanctions
Placé en août en réanimation dans un hôpital sibérien après avoir fait un malaise dans un avion, Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin, a été transféré en Allemagne le 22 août.
Son état de santé continue de « s'améliorer » et l'opposant peut désormais « temporairement quitter son lit », a annoncé lundi l'hôpital berlinois de la Charité où il est soigné.
La chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré dès le 2 septembre que seule la Russie « pouvait et devait » répondre aux « questions » posées par l'empoisonnement au Novitchok de l'opposant, destiné à le « réduire au silence ».
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait alors condamné « l'utilisation choquante et irresponsable » du Novitchok et appelé les autorités russes à répondre aux « interrogations fortes » qu'elle pose.
La semaine dernière, les critiques occidentales se sont multipliées à l'encontre de la Russie, qui réfute tout empoisonnement et demande l'accès d'enquêteurs russes au dossier allemand.
L'UE a évoqué de possibles sanctions et Angela Merkel a fait savoir que l'Allemagne n'excluait pas le gel du projet phare de gazoduc avec la Russie, Nord Stream 2, qui doit approvisionner l'Europe en gaz russe via la mer Baltique.
Les pays du G7, dont la France, ont de leur côté exhorté Moscou à traduire « urgemment » en justice les auteurs de « l'empoisonnement confirmé » de Navalny, dénonçant comme « inacceptable » tout usage d'armes chimiques.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a pour sa part estimé que l'empoisonnement de l'opposant avait probablement été orchestré par « de hauts responsables » russes.