Au procès du 13-Novembre, la «chance d'être en vie»

Croquis de la salle d'audience pendant le procès des attentats du 13-Novembre 2015, le 16 septembre 2021 à Paris. (AFP)
Croquis de la salle d'audience pendant le procès des attentats du 13-Novembre 2015, le 16 septembre 2021 à Paris. (AFP)
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Publié le Vendredi 01 octobre 2021

Au procès du 13-Novembre, la «chance d'être en vie»

  • «Si vous êtes prêt à dialoguer et à regretter, moi je suis prêt à pardonner», lance Claude, survivant, aux accusés
  • «Mais un pardon, cela va demander à vous et à moi un sacré bout de chemin (...) Encore faut-il que vous le vouliez et que vous ayez le courage d'être des hommes»

PARIS :  Mesurer la "chance d'être là": au procès des attentats du 13-Novembre, des rescapés de la fusillade au restaurant Petit Cambodge, gravement blessés par des armes de guerre, ont raconté jeudi leur combat du "côté de la vie".


Le soir du 13 novembre 2015, "il faisait bon, c'était la joie". Alice, une voltigeuse de 23 ans, vient de retrouver après une longue séparation son frère Aristide, de trois ans son aîné, rugbyman professionnel en Italie.


"On décide d'aller au Petit Cambodge parce que c'est bon le Petit Cambodge", sourit légèrement Alice, petit gabarit à la barre, les bras crispés sur le pupitre face à la cour d'assises spéciale de Paris.


"Je me souviens d'avoir marqué une pause pour regarder autour de moi. C'était beau de voir toute cette place pleine de vie", confie à sa suite Aristide, même épaisse chevelure brune, même traits fins, même voix douce. 


Une voiture arrive, un homme sort. "Il ressemblait énormément à un ami à moi mais il avait une kalachnikov dans les mains", relate toujours sans animosité Aristide, les mains nouées dans son dos.


Par "réflexe", l'ancien demi d'ouverture plaque sa sœur au sol et se couche sur elle pour la "protéger des balles". Alice est touchée d'une balle au bras gauche. Aristide en reçoit trois, à la poitrine, à la cuisse et à la cheville, ainsi que "plusieurs centaines de morceaux de balle dans la jambe qui ont complètement arraché mes tendons". 


"Il ne répondait plus, j'ai attendu une heure avec lui, je lui parlais, ma priorité c'était de le sauver, de le maintenir en vie", complète Alice. 


"Chance exceptionnelle", un homme qui vit dans un appartement au-dessus est médecin urgentiste et lui porte secours. 


Sur les bancs des parties civiles, le silence s'est fait. Des larmes coulent sur certains visages, des corps se rapprochent pour se tenir épaule contre épaule.

«La haine, ça accroche»

Le bras d'Alice est "cassé à vie", elle ne sent plus sa main, mais elle s'est "battue deux ans en centre de rééducation" pour revenir sur la piste et "continuer à faire rêver les gens". 


Aristide a dû se résigner à "tourner le dos" à sa carrière de haut niveau: "ma vie était une montagne de douleurs physiques et psychiques (...) Je n'y arrivais plus". 


Malgré leurs "cicatrices", visibles ou invisibles, les corps toujours "cabossés", Alice et Aristide ont "choisi le côté de la vie". Se battre "pour garder de l'amour et de la joie", lance la sœur. Rester "positif, en ne tombant pas dans la colère et dans la haine", rajoute son frère. 


Aristide ne ressent "aucun désir de justice individuelle" et place "énormément d'espoir et de confiance" dans ce procès, "persuadé que la justice est une réponse pour créer une base sur laquelle on va avancer".


Se succédant à la barre, d'autres rescapés des terrasses et des proches de victimes ont livré à la cour des messages d'espoir et de tolérance. 


Malgré "une lutte permanente pour garder une part de vie", Yann, blessé au Petit Cambodge, n'a "pas envie de vivre dans la haine". Tournant très rapidement la tête vers le box des accusés, il ajoute: "Parce que la haine ça accroche et je n'ai pas envie, excusez-moi messieurs, de vous avoir dans ma tête". 


Claude, blessé à La Bonne bière, a lui aussi un mot pour les accusés, "et en particulier" pour Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Paris et Saint-Denis.


Le principal accusé, qui a depuis le début du procès justifié à plusieurs reprises les attentats par l'intervention militaire française contre le groupe Etat islamique en Syrie, s'était également permis d'appeler au "dialogue" pour éviter de nouvelles attaques. 


"Si vous êtes prêt à dialoguer et à regretter, moi je suis prêt à pardonner. Mais un pardon, cela va demander à vous et à moi un sacré bout de chemin (...) Encore faut-il que vous le vouliez et que vous ayez le courage d'être des hommes", lance Claude en regardant bien fixement le box.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.