Sur les plages du nord français, les migrants attisent les tensions franco-britanniques

Une patrouille de gendarmerie française sur le cap Blanc-Nez (cap Nez Blanc) à Escalles dans le nord de la France, pour empêcher les migrants de prendre la mer illégalement vers le Royaume-Uni, le 5 septembre 2020 (Photo, AFP)
Une patrouille de gendarmerie française sur le cap Blanc-Nez (cap Nez Blanc) à Escalles dans le nord de la France, pour empêcher les migrants de prendre la mer illégalement vers le Royaume-Uni, le 5 septembre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 30 septembre 2021

Sur les plages du nord français, les migrants attisent les tensions franco-britanniques

Une patrouille de gendarmerie française sur le cap Blanc-Nez (cap Nez Blanc) à Escalles dans le nord de la France, pour empêcher les migrants de prendre la mer illégalement vers le Royaume-Uni, le 5 septembre 2020 (Photo, AFP)
  • Les migrants se sont alors dispersés et les passeurs ont filé dans leur véhicule, abandonnant les bateaux sur place
  • «La France n’acceptera aucune pratique contraire au droit de la mer, ni aucun chantage financier», a écrit le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin

ESCALLES: « Une fois qu'ils sont dans un bateau, ils ont gagné. » L'adjudant-chef de gendarmerie Maxence fait partie d'un dispositif cofinancé par le Royaume-Uni pour empêcher des migrants de rejoindre ses côtes. Nuit et jour, ses hommes arpentent les plages du Calaisis en quête de frêles embarcations. 

Il y a quelques soirées, leurs jumelles thermiques ont surpris 80 candidats à la traversée de la Manche alors qu'ils réceptionnaient deux canots pneumatiques près du port de Calais, dans le nord de la France, face à l'Angleterre. 

« On était à environ 200 mètres d'eux quand on a entendu des portes claquer », raconte ce costaud au bouc fourni. « On s'est projeté avec tous les moyens lumineux et sonores dont on disposait, avec du lacrymo au cas où on serait agressé ». 

Les migrants se sont alors dispersés et les passeurs ont filé dans leur véhicule, abandonnant les bateaux sur place. Une petite victoire pour des équipes fourbues par le travail de nuit, les marches interminables dans le sable et l'obscurité. 

Car Maxence et ses troupes font désormais face à une incontrôlable vague migratoire. Selon les garde-côtes français, 15 400 personnes ont tenté de traverser la Manche sur les huit premiers mois de l'année, soit 50% de plus qu'en 2020. 

Fin août, davantage de migrants ont rejoint les côtes britanniques en une seule journée (828) que sur l'ensemble de l'année 2018 (600), lorsque le phénomène a démarré. 

Une hérésie pour la Royaume-Uni, qui a payé des centaines de millions d'euros à la France cette dernière décennie pour empêcher les traversées. Le gouvernement pro-Brexit et conservateur de Boris Johnson exige des résultats. 

« Chantage financier »  

« La France va devoir se reprendre si elle veut voir l'argent », a sermonné en septembre la ministre de l'Intérieur britannique Priti Patel. « Le paiement se fera selon les résultats », a-t-elle également lancé devant des députés conservateurs, selon le journal The Times. 

Deux mois plus tôt, Londres avait débloqué 62,7 millions d'euros supplémentaires pour cette coopération sécuritaire. 

« La France n’acceptera aucune pratique contraire au droit de la mer, ni aucun chantage financier », lui a répondu le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin, sur Twitter. 

Les antimigrants britanniques, dont Priti Patel est une égérie, envisagent les projets les plus fous pour empêcher ce qu'ils qualifient d'invasion de leur île. La construction d'une barrière flottante sur la Manche a été évoquée, tout comme l'idée de repousser les embarcations vers les eaux françaises. 

Le discours de Paris se veut moins jusqu'au-boutiste. Les forces françaises excluent d'intercepter les bateaux une fois qu'ils ont quitté la côte, au risque de provoquer des accidents mortels, sur une mer caractérisée par son trafic dense, ses forts courants et ses eaux froides. 

La coopération entre les deux voisins était pourtant manifeste lors d'une récente patrouille à laquelle l'AFP était conviée. De l'autre côté de la mer, à 30 kilomètres à peine, les falaises de l'Angleterre étaient clairement visibles. 

Le petit SUV de service de l'adjudant-chef Maxence est payé par le contribuable britannique, tout comme les jumelles thermiques que ses hommes et lui utilisent. Londres a financé des VTT, motos et autres drones, ainsi que les salaires de quelque 90 réservistes patrouillant dans le Calaisis. 

Moyens dérisoires 

Mais ces moyens paraissent dérisoires face à un phénomène devenu trop massif. « Il faudrait mettre une personne tous les 300 mètres » pour cadenasser le littoral, estime le commandant de gendarmerie Alexandre Gerland. 

D'autant que les passeurs utilisent des bateaux de plus en plus gros et des tactiques toujours plus sophistiquées... quand la gendarmerie ne peut utiliser ses drones faute d'une législation le permettant. 

« Il y a des tentatives de saturation. Ils envoient quatre, cinq, six bateaux sur le même secteur, sachant que même si on en arrête un, les autres vont passer », explique M. Gerland. 

Les modes opératoires des migrants ont changé, après des années passées à se cacher dans les remorques des camions et les coffres des voitures. La voie maritime est privilégiée car le port de Calais et le tunnel sous la Manche, les principaux points d'accès au Royaume-Uni jusqu'alors, ont été fortement sécurisés. 

Des clôtures de 5 m de haut, surmontées de fils barbelés, bordent toutes les voies d'accès au tunnel et au port. Des équipes de sécurité disposent de scanners pour camions, de détecteurs de battements de cœur et même de dispositifs permettant d'identifier le dioxyde de carbone expiré par d'éventuels passagers clandestins. 

« C'est vraiment difficile », se lamente Ibrahim, un Centrafricain de 36 ans, rencontré près du principal hôpital de Calais. « Cela fait quatre mois que je suis ici. Je connais quelques amis qui ont réussi à passer. J'essaie tous les jours ». 

Les passeurs exigent plus de 1 700 euros pour  traverser la Manche. Une somme inabordable pour Ibrahim, qui le condamne à vivre dans la rue. Mais il ne se résigne pas. 

« J'attends », affirme cet ancien vendeur, qui a traversé la Méditerranée l'année dernière, de la Libye à l'Italie. « Parfois, dans la vie, il faut patienter. » 


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.