SEOUL : La Corée du Nord a tiré ce qui semble être un missile de courte portée en mer mardi, a déclaré l'armée sud-coréenne, au moment où son ambassadeur à l'ONU revendiquait le "droit légitime" de son pays à tester des armes face à la "politique hostile" des Etats-Unis et de Séoul.
L'engin a été tiré depuis la province septentrionale de Jagang vers les eaux au large de la côte est, selon l'état-major des armées du Sud. Un porte-parole du ministère japonais de la Défense a pour sa part déclaré à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que ce projectile "semble être un missile balistique".
Il s'agit du troisième tir effectué par Pyongyang ce mois-ci. Le premier avait impliqué un missile de croisière à longue portée, et le deuxième des missiles balistiques à courte portée.
Moins d'une heure après ce lancement, l'ambassadeur nord-coréen auprès de l'ONU, Kim Song, a déclaré à l'Assemblée générale des Nations unies que "personne ne peut nier à la Corée du Nord le droit légitime à l'autodéfense pour développer, tester, fabriquer et posséder des systèmes d'armes".
"Nous ne faisons que renforcer nos capacités de défense nationales, afin de nous défendre et de garantir de manière fiable la sécurité et la paix du pays", a ajouté Kim Song.
Il a ajouté que les Etats-Unis devraient "cesser leurs exercices militaires et cesser de déployer une panoplie stratégique contre notre pays" et "prouver dans les faits qu'ils n'ont aucune volonté hostile" à l'égard de la Corée du Nord.
"Si c'est le cas, nous sommes prêts à répondre" de la même manière, "mais il ne semble pas que les Etats-Unis soient prêts" à prendre cette direction, a-t-il déclaré.
L'armée américaine a indiqué dans un communiqué "consulter étroitement (ses) alliés et partenaires" à ce sujet, assurant que "l'engagement des États-Unis à défendre la République de Corée et le Japon reste inébranlable".
"Bien que nous ayons évalué que cet événement ne constitue pas une menace immédiate pour le personnel ou le territoire des États-Unis, ou pour nos alliés, le lancement de missiles met en évidence l'impact déstabilisant du programme d'armement illicite" de Pyongyang, a estimé dans ce communiqué le commandement militaire américain indo-pacifique (Indopacom).
La Corée du Nord a multiplié ces derniers jours les messages ambigus à l'égard de Washington et de Séoul.
Le tir de mardi intervient quelques jours après que Kim Yo Jong, l'influente soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, eut laissé entrevoir la possibilité d'un sommet entre les deux Corées, tout en exigeant au préalable que Séoul abandonne sa "politique hostile".
Ces remarques répondaient à de récents appels du président sud-coréen Moon Jae-in à déclarer une fin officielle au conflit intercoréen de 1950-53 qui s'est terminé par une trêve, et non par un traité de paix, laissant les deux parties techniquement en guerre depuis plus d'un demi-siècle.
Le Conseil de sécurité nationale de Corée du Sud s'est réuni en urgence après le tir de mardi. Dans un communiqué, il a "déploré ce lancement à un moment où la stabilité politique dans la Péninsule coréenne traverse un moment extrêmement critique".
"On dirait que la Corée du Nord veut tester la sincérité de Séoul pour ce qui est de sa volonté d'améliorer les liens inter-coréens" a expliqué à l'AFP Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes.
"Pyongyang va surveiller et étudier la réaction de Moon après le lancement d'aujourd'hui et prendre des décisions" sur d'éventuelles mesures de détente, a-t-il ajouté.
Pyongyang est actuellement plus que jamais isolé depuis la fermeture de ses frontières en début d'année dernière pour empêcher la propagation du coronavirus.
Ses pourparlers avec les Etats-Unis sont dans l'impasse depuis l'échec du sommet de 2019 à Hanoi entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque Donald Trump. Le gouvernement du président Joe Biden a fait savoir qu'il était prêt à discuter avec Pyongyang à tout moment et sans conditions préalables, mais le dialogue reste au point mort pour le moment.
Depuis l'arrivée de Kim Jong Un à la tête du pays, les programmes en matière d'armement ont progressé, mais Pyongyang n'a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017.