Vers une indispensable gestion durable des ressources en région MENA

Un homme se tient à côté de pompes à eau qui puisent l'eau du réservoir du lac Assad dans la province de Raqqa, dans l'est de la Syrie, le 27 juillet 2021. (AFP)
Un homme se tient à côté de pompes à eau qui puisent l'eau du réservoir du lac Assad dans la province de Raqqa, dans l'est de la Syrie, le 27 juillet 2021. (AFP)
Des pompes à eau puisent de l'eau dans le réservoir du lac Assad, à proximité du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, dans la province de Raqqa, en Syrie. (Photo d'archive AFP)
Des pompes à eau puisent de l'eau dans le réservoir du lac Assad, à proximité du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, dans la province de Raqqa, en Syrie. (Photo d'archive AFP)
Un jeune marche, une pelle à la main, à proximité de pompes qui prélèvent de l'eau du réservoir du lac Assad, près du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, à Raqqa, en Syrie, le 27 juillet 2021. (Photo d'archive AFP)
Un jeune marche, une pelle à la main, à proximité de pompes qui prélèvent de l'eau du réservoir du lac Assad, près du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, à Raqqa, en Syrie, le 27 juillet 2021. (Photo d'archive AFP)
Un pêcheur montre les poissons qu'il attrapés dans le lac du barrage Sel Kapani, dans le district de Golbasi, à Ankara, le 3 septembre 2021. (Adem Altan/AFP)
Un pêcheur montre les poissons qu'il attrapés dans le lac du barrage Sel Kapani, dans le district de Golbasi, à Ankara, le 3 septembre 2021. (Adem Altan/AFP)
Short Url
Publié le Lundi 27 septembre 2021

Vers une indispensable gestion durable des ressources en région MENA

  • Les pressions environnementales et la pénurie d'eau alimentent l'instabilité et les migrations forcées
  • Le recyclage, l'amélioration des techniques agricoles et une coopération accrue sont indispensables pour limiter le gaspillage de l'eau

DUBAÏ: En raison des précipitations peu abondantes, de la faible quantité d'eau douce qui proviennent des rivières et des lacs et des réserves d'eau souterraine non renouvelables qui s'amenuisent, la région du Moyen-Orient est soumise au stress hydrique le plus intense du monde.

Dans le même temps, la demande ne fait que grimper et risque de continuer à augmenter sous l'effet de la croissance démographique et du développement économique. Cette situation entraîne donc une consommation d'eau par habitant qui compte parmi les plus élevées au monde.

Dans ce contexte, il incombe aux pays de la région de mieux préserver leurs ressources limitées en eau et d'utiliser de manière plus efficace l'eau qu'ils dessalent. Bonne nouvelle: les solutions, qu’elles s’appuient sur l'imagination humaine ou sur la faisabilité économique, existent

En effet, quelques-unes de ces solutions peuvent se révéler simples et peu coûteuses. Un rapport publié en 2020 par l'ONG World Resources Institute a montré que le coût de ces solutions ne dépasserait pas 1% du PIB annuel de l'Arabie saoudite. Certaines innovations telles que le dessalement par énergie solaire, l'arrosage au goutte à goutte – qui permet une plus grande productivité agricole – ou le traitement et la réutilisation des eaux usées apparaissent fort prometteuses.

Matthew McCabe est professeur à l'université du roi Abdallah pour la science et la technologie, où il enseigne les techniques de sécurité hydrique et de télédétection. Avec le gouvernement saoudien, il travaille à optimiser l'utilisation de l'eau dans la production de denrées alimentaires. Pour y parvenir, il est indispensable de suivre de près la manière dont l'eau est consommée dans le secteur agricole, qui est, dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), le plus gourmand en eau.

Selon la Banque mondiale, l'agriculture consomme près de 70% de l'eau douce puisée dans les sources souterraines ou en surface à l'échelle mondiale. Cette proportion se chiffre à des niveaux encore plus élevés dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), où elle avoisine les 80%. En Arabie saoudite, près de 90% de l'eau douce sert à alimenter l'agriculture.

«Nous cherchons à cerner de manière plus précise l'utilisation de l'eau destinée à l'agriculture dans tout le pays et cette démarche doit être entreprise dans toute la région», explique M. McCabe.

photo
L'agriculture consomme près de 70% de l'eau douce puisée dans les sources souterraines ou en surface à l'échelle mondiale. (Photo d'archive AFP)

«Ainsi, plus nous utiliserons l'eau de manière efficace et durable pour la production de denrées alimentaires, plus nous serons en mesure de progresser vers une utilisation plus responsable de nos ressources. Le gros problème tient au fait que nous ne recourons pas à l'eau dessalée. Nous nous appuyons sur les eaux souterraines, qui ne peuvent pas être renouvelées», ajoute-t-il.

Vangelis Constantianos est le coordinateur régional du Partenariat mondial pour l'eau, un réseau de sensibilisation et de développement des compétences. Il estime que, dans un environnement aride, les efforts consentis pour renforcer la sécurité alimentaire par le biais d'une production agricole plus importante soumettent les ressources à une pression énorme si on ne fait pas appel à des technologies «intelligentes» qui permettent d'économiser l'eau.

Pour M. Constantianos, le dessalement ne constitue pas une solution miracle en raison des coûts élevés de l'énergie qu'il consomme et des gaz à effet de serre qu'il émet. Les rejets de résidus concentrés en sel nuisent à leur tour à la nature, tandis que le coût réel de la production est occulté par les grandes quantités d'eau subventionnée.

«Un apport d'eau abondant peut ne pas contribuer au développement d'une société consciente du défi – et du devoir qui est le sien – qui consiste à conserver l'eau pour satisfaire ses besoins et protéger la nature», indique-t-il.

Cette responsabilité est d'autant plus lourde au fur et à mesure que la pénurie d'eau devient plus pressante.

photo
Des femmes et des jeunes villageoises récupèrent l'eau d'un bassin d'eau de pluie; l'eau est purifiée à l'aide de comprimés avant d'être utilisée dans le village de Gayo, en Éthiopie. (Shutterstock)

Le rapport du World Resources Institute indique que 3 milliards de personnes à travers le monde ne possèdent pas les installations de base nécessaires pour se laver les mains, qu'un quart de la population mondiale vit dans des pays où le stress hydrique est élevé et que le monde compte plus de cinq cents «zones mortes», ces parties d’océans pauvres en oxygène en raison des eaux usées non traitées.

Dans la région Mena, les contraintes liées à l'environnement et la pénurie d'eau alimentent l'instabilité et les migrations forcées. De grandes parties du Yémen, la province du Khouzistan, en Iran, le Soudan et, plus récemment, le Liban connaissent de graves pénuries d'eau qui ont donné lieu à des manifestations contre le gouvernement. 

«Dans cette région aride, les récoltes dépendent entièrement de l'agriculture et les responsables affirment que le fait de soutenir ce secteur endiguera l'exode rural et limitera les dépenses en monnaie forte pour importer des denrées alimentaires», peut-on lire dans un article paru au mois de juillet dernier dans The Economist.

photo
Cette photo, prise au moment où le soleil se lève, montre un canal issu du Nil qui traverse des terres agricoles dans la route de campagne Al-Mehwar, à Gizeh, en Égypte. (Shutterstock)

Le magazine souligne un aspect négatif: «Depuis longtemps, les subventions encouragent les agriculteurs de la région à gaspiller l'eau en grande quantité; en contrepartie, les dirigeants se servent volontiers d'une eau bon marché pour gagner le soutien des habitants ou faire avancer leurs intérêts.»

La Banque mondiale estime que, d'ici à 2050, les répercussions de la pénurie d'eau pourraient infliger aux pays de la région Mena des coûts allant de 6 à 14% de leur PIB. Par conséquent, la région ne peut pas faire comme si de rien n'était.

Omar Saïf occupe le poste de directeur des services consultatifs pour le Moyen-Orient auprès du cabinet WSP, une société de conseil en ingénierie. Pour lui, décomposer les éléments nécessaires à la sécurité de l'eau dans chaque pays permet de mieux déterminer où il convient d'investir. Cette approche peut s’avérer particulièrement utile si elle s'applique aux budgets nationaux.

Se concentrer sur la proportion du PIB plutôt que sur les coûts totaux permet de mieux identifier les lacunes qui persistent au niveau de chaque pays en matière d'investissement, ajoute-t-il.

photo
Le Tigre et l’Euphrate sont les fleuves qui constituent la principale source d'eau de l'Irak. Ils se révèlent essentiels à l'agriculture. (Photo d'archive AFP)

«Le fait que les pays sous-développés consacrent une plus grande part de leur PIB à la sécurité hydrique ne signifie pas que leurs efforts sont vains. Cela doit plutôt inciter la communauté internationale à mieux répartir les budgets qu’elle consacre au soutien du développement dans le monde», confie-t-il à Arab News.

Selon M. Saïf, le rapport du World Resources Institute (WRI) envoie un message clair: les solutions durables au problème de l'eau sont à portée de main. Toutefois, «pour atteindre l’objectif final, il convient que les secteurs public et privé agissent de concert».

Par ailleurs, il est important de réviser les redevances liées à l'eau et de promouvoir une coopération transfrontalière accrue. La mise en place de nouveaux programmes universitaires qui se consacrent à la sécurité de l'eau et à l'amélioration des techniques agricoles peut également jouer un rôle important. «Les départements agricoles, pour la plupart, sont désuets et ne tiennent pas compte dans leurs programmes agricoles de l'importance de la résilience au changement climatique ni de la technologie et du commerce liés au climat», ajoute-t-il.

en bref

  • 17 pays consacrent plus de 8% de leur PIB à la gestion durable de l'eau
  • Les habitants de ces 17 pays représentent 10% de la population mondiale
  • 75 pays peuvent parvenir à une gestion durable de l'eau pour un coût inférieur à 2% de leur PIB

L'Arabie saoudite, qui figure parmi les plus grands consommateurs et producteurs d'eau du monde, se lance sur cette voie grâce à des mégaprojets tels que Neom, la nouvelle ville située au nord du Royaume, dans le désert. En effet, cette cité promet de ne produire aucun rejet liquide et de générer de l'eau douce à partir d'énergies propres.

En outre, l'Arabie saoudite investit dans des méthodes de dessalement plus efficaces et dans des approches plus durables qui pourraient être utilisées dans d’autres pays.

Cependant, la facture à payer est loin d'être bon marché. Selon M. McCabe, même si la proportion d’1% du PIB ne paraît pas énorme, elle équivaut, en Arabie saoudite, à près de 10 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) par an sur une période de quinze ans. Cela représente au total 150 milliards de dollars. Pour d'autres pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le coût se situe autour de 4 ou 5% du PIB. Le recyclage est donc indispensable si l'on souhaite obtenir de meilleurs résultats.

photo
Une usine d'assainissement des eaux usées en Arabie saoudite. (Photo d'archive Arab News)

«L'Arabie saoudite adopte en même temps une bonne gouvernance en ce qui concerne la consommation d'eau, conformément à la Vision 2030. L'objectif est d'augmenter considérablement la réutilisation de l'eau», explique M. McCabe à Arab News. «Il faut recycler cette eau pour l'utiliser à d'autres fins: soit pour produire de l'eau potable, soit pour arroser les cultures ou produire des denrées alimentaires, au lieu de la laisser se déverser dans l'océan. Nous devons fermer le cycle de l'eau.»

Dans cette optique, le secteur privé pourra investir dans les eaux usées des municipalités, estiment les experts. Une analyse menée récemment par la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) révèle que, si les villes se concentrent sur la gestion à faible émission de carbone de l'eau et des déchets au cours de leur redressement post-Covid-19, elles pourraient générer jusqu'à 2 000 milliards de dollars en investissements et créer plus de 23 millions de nouveaux emplois d'ici à 2030.

En dépit de certains signes encourageants qui s’annoncent dans la région, souvent soutenus par des efforts internationaux, le rythme du changement n'est pas suffisamment rapide pour relever les défis grandissants. «Le manque de gouvernance et de structures d'investissement adéquates, qui se traduit par une absence de financement, joue un rôle important et se solde notamment par une contribution du secteur privé moins importante qu'il ne le faudrait», explique M. Constantianos.

photo
Des garçons irakiens se baignent avec un troupeau de buffles dans la rivière Diyala, dans le district de Fadiliya, au nord-est de Bagdad, le 2 août 2021. (AFP)

Si certaines solutions semblent à la fois simples et abordables, leur élaboration et leur mise en œuvre requièrent une approche sophistiquée et souvent taillée sur mesure.

«L'eau est présente dans tous les domaines: dans l'économie, les institutions et les relations sociales. Pour remédier à la pénurie d'eau et aux incidences du changement climatique, il convient donc de gérer de manière cohérente l'ensemble des ressources naturelles, sans se limiter aux ressources hydriques», précise M. Constantianos.

«La seule solution qui se présente à nous est de traiter ce problème, parce qu'il nécessite de mettre en place des projets de longue haleine. Il faudra des dizaines d’années pour développer l'infrastructure nécessaire à la mise en œuvre de ces projets», indique-t-il.

Cependant, les perturbations induites par la construction des barrages, la corruption, la mauvaise gestion et les pénuries d'eau suscitent d’ores et déjà des remous politiques et risquent de déboucher sur des guerres si le pire scénario se réalise. Pour reprendre les termes du magazine The Economist: «Faute d'un partage [de l'eau] plus adéquat, d'une meilleure gestion et de meilleurs investissements des ressources hydriques, des millions d'habitants de la région risquent de devenir des réfugiés climatiques.»

 

Twitter : @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Short Url
  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".