Vers une indispensable gestion durable des ressources en région MENA

Un homme se tient à côté de pompes à eau qui puisent l'eau du réservoir du lac Assad dans la province de Raqqa, dans l'est de la Syrie, le 27 juillet 2021. (AFP)
Un homme se tient à côté de pompes à eau qui puisent l'eau du réservoir du lac Assad dans la province de Raqqa, dans l'est de la Syrie, le 27 juillet 2021. (AFP)
Des pompes à eau puisent de l'eau dans le réservoir du lac Assad, à proximité du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, dans la province de Raqqa, en Syrie. (Photo d'archive AFP)
Des pompes à eau puisent de l'eau dans le réservoir du lac Assad, à proximité du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, dans la province de Raqqa, en Syrie. (Photo d'archive AFP)
Un jeune marche, une pelle à la main, à proximité de pompes qui prélèvent de l'eau du réservoir du lac Assad, près du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, à Raqqa, en Syrie, le 27 juillet 2021. (Photo d'archive AFP)
Un jeune marche, une pelle à la main, à proximité de pompes qui prélèvent de l'eau du réservoir du lac Assad, près du barrage de Tabqa, qui longe l'Euphrate, à Raqqa, en Syrie, le 27 juillet 2021. (Photo d'archive AFP)
Un pêcheur montre les poissons qu'il attrapés dans le lac du barrage Sel Kapani, dans le district de Golbasi, à Ankara, le 3 septembre 2021. (Adem Altan/AFP)
Un pêcheur montre les poissons qu'il attrapés dans le lac du barrage Sel Kapani, dans le district de Golbasi, à Ankara, le 3 septembre 2021. (Adem Altan/AFP)
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Publié le Lundi 27 septembre 2021

Vers une indispensable gestion durable des ressources en région MENA

  • Les pressions environnementales et la pénurie d'eau alimentent l'instabilité et les migrations forcées
  • Le recyclage, l'amélioration des techniques agricoles et une coopération accrue sont indispensables pour limiter le gaspillage de l'eau

DUBAÏ: En raison des précipitations peu abondantes, de la faible quantité d'eau douce qui proviennent des rivières et des lacs et des réserves d'eau souterraine non renouvelables qui s'amenuisent, la région du Moyen-Orient est soumise au stress hydrique le plus intense du monde.

Dans le même temps, la demande ne fait que grimper et risque de continuer à augmenter sous l'effet de la croissance démographique et du développement économique. Cette situation entraîne donc une consommation d'eau par habitant qui compte parmi les plus élevées au monde.

Dans ce contexte, il incombe aux pays de la région de mieux préserver leurs ressources limitées en eau et d'utiliser de manière plus efficace l'eau qu'ils dessalent. Bonne nouvelle: les solutions, qu’elles s’appuient sur l'imagination humaine ou sur la faisabilité économique, existent

En effet, quelques-unes de ces solutions peuvent se révéler simples et peu coûteuses. Un rapport publié en 2020 par l'ONG World Resources Institute a montré que le coût de ces solutions ne dépasserait pas 1% du PIB annuel de l'Arabie saoudite. Certaines innovations telles que le dessalement par énergie solaire, l'arrosage au goutte à goutte – qui permet une plus grande productivité agricole – ou le traitement et la réutilisation des eaux usées apparaissent fort prometteuses.

Matthew McCabe est professeur à l'université du roi Abdallah pour la science et la technologie, où il enseigne les techniques de sécurité hydrique et de télédétection. Avec le gouvernement saoudien, il travaille à optimiser l'utilisation de l'eau dans la production de denrées alimentaires. Pour y parvenir, il est indispensable de suivre de près la manière dont l'eau est consommée dans le secteur agricole, qui est, dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), le plus gourmand en eau.

Selon la Banque mondiale, l'agriculture consomme près de 70% de l'eau douce puisée dans les sources souterraines ou en surface à l'échelle mondiale. Cette proportion se chiffre à des niveaux encore plus élevés dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), où elle avoisine les 80%. En Arabie saoudite, près de 90% de l'eau douce sert à alimenter l'agriculture.

«Nous cherchons à cerner de manière plus précise l'utilisation de l'eau destinée à l'agriculture dans tout le pays et cette démarche doit être entreprise dans toute la région», explique M. McCabe.

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L'agriculture consomme près de 70% de l'eau douce puisée dans les sources souterraines ou en surface à l'échelle mondiale. (Photo d'archive AFP)

«Ainsi, plus nous utiliserons l'eau de manière efficace et durable pour la production de denrées alimentaires, plus nous serons en mesure de progresser vers une utilisation plus responsable de nos ressources. Le gros problème tient au fait que nous ne recourons pas à l'eau dessalée. Nous nous appuyons sur les eaux souterraines, qui ne peuvent pas être renouvelées», ajoute-t-il.

Vangelis Constantianos est le coordinateur régional du Partenariat mondial pour l'eau, un réseau de sensibilisation et de développement des compétences. Il estime que, dans un environnement aride, les efforts consentis pour renforcer la sécurité alimentaire par le biais d'une production agricole plus importante soumettent les ressources à une pression énorme si on ne fait pas appel à des technologies «intelligentes» qui permettent d'économiser l'eau.

Pour M. Constantianos, le dessalement ne constitue pas une solution miracle en raison des coûts élevés de l'énergie qu'il consomme et des gaz à effet de serre qu'il émet. Les rejets de résidus concentrés en sel nuisent à leur tour à la nature, tandis que le coût réel de la production est occulté par les grandes quantités d'eau subventionnée.

«Un apport d'eau abondant peut ne pas contribuer au développement d'une société consciente du défi – et du devoir qui est le sien – qui consiste à conserver l'eau pour satisfaire ses besoins et protéger la nature», indique-t-il.

Cette responsabilité est d'autant plus lourde au fur et à mesure que la pénurie d'eau devient plus pressante.

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Des femmes et des jeunes villageoises récupèrent l'eau d'un bassin d'eau de pluie; l'eau est purifiée à l'aide de comprimés avant d'être utilisée dans le village de Gayo, en Éthiopie. (Shutterstock)

Le rapport du World Resources Institute indique que 3 milliards de personnes à travers le monde ne possèdent pas les installations de base nécessaires pour se laver les mains, qu'un quart de la population mondiale vit dans des pays où le stress hydrique est élevé et que le monde compte plus de cinq cents «zones mortes», ces parties d’océans pauvres en oxygène en raison des eaux usées non traitées.

Dans la région Mena, les contraintes liées à l'environnement et la pénurie d'eau alimentent l'instabilité et les migrations forcées. De grandes parties du Yémen, la province du Khouzistan, en Iran, le Soudan et, plus récemment, le Liban connaissent de graves pénuries d'eau qui ont donné lieu à des manifestations contre le gouvernement. 

«Dans cette région aride, les récoltes dépendent entièrement de l'agriculture et les responsables affirment que le fait de soutenir ce secteur endiguera l'exode rural et limitera les dépenses en monnaie forte pour importer des denrées alimentaires», peut-on lire dans un article paru au mois de juillet dernier dans The Economist.

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Cette photo, prise au moment où le soleil se lève, montre un canal issu du Nil qui traverse des terres agricoles dans la route de campagne Al-Mehwar, à Gizeh, en Égypte. (Shutterstock)

Le magazine souligne un aspect négatif: «Depuis longtemps, les subventions encouragent les agriculteurs de la région à gaspiller l'eau en grande quantité; en contrepartie, les dirigeants se servent volontiers d'une eau bon marché pour gagner le soutien des habitants ou faire avancer leurs intérêts.»

La Banque mondiale estime que, d'ici à 2050, les répercussions de la pénurie d'eau pourraient infliger aux pays de la région Mena des coûts allant de 6 à 14% de leur PIB. Par conséquent, la région ne peut pas faire comme si de rien n'était.

Omar Saïf occupe le poste de directeur des services consultatifs pour le Moyen-Orient auprès du cabinet WSP, une société de conseil en ingénierie. Pour lui, décomposer les éléments nécessaires à la sécurité de l'eau dans chaque pays permet de mieux déterminer où il convient d'investir. Cette approche peut s’avérer particulièrement utile si elle s'applique aux budgets nationaux.

Se concentrer sur la proportion du PIB plutôt que sur les coûts totaux permet de mieux identifier les lacunes qui persistent au niveau de chaque pays en matière d'investissement, ajoute-t-il.

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Le Tigre et l’Euphrate sont les fleuves qui constituent la principale source d'eau de l'Irak. Ils se révèlent essentiels à l'agriculture. (Photo d'archive AFP)

«Le fait que les pays sous-développés consacrent une plus grande part de leur PIB à la sécurité hydrique ne signifie pas que leurs efforts sont vains. Cela doit plutôt inciter la communauté internationale à mieux répartir les budgets qu’elle consacre au soutien du développement dans le monde», confie-t-il à Arab News.

Selon M. Saïf, le rapport du World Resources Institute (WRI) envoie un message clair: les solutions durables au problème de l'eau sont à portée de main. Toutefois, «pour atteindre l’objectif final, il convient que les secteurs public et privé agissent de concert».

Par ailleurs, il est important de réviser les redevances liées à l'eau et de promouvoir une coopération transfrontalière accrue. La mise en place de nouveaux programmes universitaires qui se consacrent à la sécurité de l'eau et à l'amélioration des techniques agricoles peut également jouer un rôle important. «Les départements agricoles, pour la plupart, sont désuets et ne tiennent pas compte dans leurs programmes agricoles de l'importance de la résilience au changement climatique ni de la technologie et du commerce liés au climat», ajoute-t-il.

en bref

  • 17 pays consacrent plus de 8% de leur PIB à la gestion durable de l'eau
  • Les habitants de ces 17 pays représentent 10% de la population mondiale
  • 75 pays peuvent parvenir à une gestion durable de l'eau pour un coût inférieur à 2% de leur PIB

L'Arabie saoudite, qui figure parmi les plus grands consommateurs et producteurs d'eau du monde, se lance sur cette voie grâce à des mégaprojets tels que Neom, la nouvelle ville située au nord du Royaume, dans le désert. En effet, cette cité promet de ne produire aucun rejet liquide et de générer de l'eau douce à partir d'énergies propres.

En outre, l'Arabie saoudite investit dans des méthodes de dessalement plus efficaces et dans des approches plus durables qui pourraient être utilisées dans d’autres pays.

Cependant, la facture à payer est loin d'être bon marché. Selon M. McCabe, même si la proportion d’1% du PIB ne paraît pas énorme, elle équivaut, en Arabie saoudite, à près de 10 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) par an sur une période de quinze ans. Cela représente au total 150 milliards de dollars. Pour d'autres pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le coût se situe autour de 4 ou 5% du PIB. Le recyclage est donc indispensable si l'on souhaite obtenir de meilleurs résultats.

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Une usine d'assainissement des eaux usées en Arabie saoudite. (Photo d'archive Arab News)

«L'Arabie saoudite adopte en même temps une bonne gouvernance en ce qui concerne la consommation d'eau, conformément à la Vision 2030. L'objectif est d'augmenter considérablement la réutilisation de l'eau», explique M. McCabe à Arab News. «Il faut recycler cette eau pour l'utiliser à d'autres fins: soit pour produire de l'eau potable, soit pour arroser les cultures ou produire des denrées alimentaires, au lieu de la laisser se déverser dans l'océan. Nous devons fermer le cycle de l'eau.»

Dans cette optique, le secteur privé pourra investir dans les eaux usées des municipalités, estiment les experts. Une analyse menée récemment par la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) révèle que, si les villes se concentrent sur la gestion à faible émission de carbone de l'eau et des déchets au cours de leur redressement post-Covid-19, elles pourraient générer jusqu'à 2 000 milliards de dollars en investissements et créer plus de 23 millions de nouveaux emplois d'ici à 2030.

En dépit de certains signes encourageants qui s’annoncent dans la région, souvent soutenus par des efforts internationaux, le rythme du changement n'est pas suffisamment rapide pour relever les défis grandissants. «Le manque de gouvernance et de structures d'investissement adéquates, qui se traduit par une absence de financement, joue un rôle important et se solde notamment par une contribution du secteur privé moins importante qu'il ne le faudrait», explique M. Constantianos.

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Des garçons irakiens se baignent avec un troupeau de buffles dans la rivière Diyala, dans le district de Fadiliya, au nord-est de Bagdad, le 2 août 2021. (AFP)

Si certaines solutions semblent à la fois simples et abordables, leur élaboration et leur mise en œuvre requièrent une approche sophistiquée et souvent taillée sur mesure.

«L'eau est présente dans tous les domaines: dans l'économie, les institutions et les relations sociales. Pour remédier à la pénurie d'eau et aux incidences du changement climatique, il convient donc de gérer de manière cohérente l'ensemble des ressources naturelles, sans se limiter aux ressources hydriques», précise M. Constantianos.

«La seule solution qui se présente à nous est de traiter ce problème, parce qu'il nécessite de mettre en place des projets de longue haleine. Il faudra des dizaines d’années pour développer l'infrastructure nécessaire à la mise en œuvre de ces projets», indique-t-il.

Cependant, les perturbations induites par la construction des barrages, la corruption, la mauvaise gestion et les pénuries d'eau suscitent d’ores et déjà des remous politiques et risquent de déboucher sur des guerres si le pire scénario se réalise. Pour reprendre les termes du magazine The Economist: «Faute d'un partage [de l'eau] plus adéquat, d'une meilleure gestion et de meilleurs investissements des ressources hydriques, des millions d'habitants de la région risquent de devenir des réfugiés climatiques.»

 

Twitter : @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Liban: un mort et sept blessés dans des frappes israéliennes

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  • Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu'une personne avait été tuée dans une frappe sur la ville de Chmistar (est)
  • Une personne a été blessée à Bnaafoul, dans le district de Saïda (sud-ouest), et six autres à Ansar, dans le district de Nabatieh (sud), selon lui

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et sept blessés jeudi, l'armée israélienne affirmant avoir ciblé le Hezbollah et ses alliés tandis que le président libanais déplore des frappes contre des "installations civiles".

Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu'une personne avait été tuée dans une frappe sur la ville de Chmistar (est). Une personne a été blessée à Bnaafoul, dans le district de Saïda (sud-ouest), et six autres à Ansar, dans le district de Nabatieh (sud), selon lui.

Le président Joseph Aoun a indiqué que les frappes israéliennes visaient des "installations civiles", condamnant ce qu'il considère comme une violation du cessez-le-feu négocié l'année dernière.

"L'agression israélienne répétée s'inscrit dans le cadre d'une politique systématique visant à détruire les infrastructures productives, à entraver la reprise économique et à saper la stabilité nationale sous de faux prétextes sécuritaires", a déclaré M. Aoun.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué qu'elle avait "frappé des infrastructures terroristes du Hezbollah (...) dans la région de Mazraat Sinaï, dans le sud du Liban".

Elle a également indiqué qu'elle avait frappé des installations utilisées par Green Without Borders, une ONG sous sanctions américaines qu'Israël considère comme ayant "opéré sous une couverture civile pour dissimuler la présence du Hezbollah dans la zone frontalière avec Israël".

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises ces derniers mois malgré la conclusion d'un cessez-le-feu en novembre, après plus d'un an d'affrontements avec le mouvement pro-iranien Hezbollah qui ont dégénéré en deux mois de guerre ouverte.

 


De retour dans une «ville fantôme», des Gazaouis montent des tentes sur les ruines

Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris. (AFP)
Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris. (AFP)
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  • Dans le nord-ouest de la ville située dans le nord du territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas, les rues quasi-désertes entourent des immeubles détruits
  • Certains sont complètement effondrés, d'autres tiennent encore debout mais sont très endommagés, selon des images aériennes filmées par l'AFP

GAZA: Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris.

Dans le nord-ouest de la ville située dans le nord du territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas, les rues quasi-désertes entourent des immeubles détruits.

Certains sont complètement effondrés, d'autres tiennent encore debout mais sont très endommagés, selon des images aériennes filmées par l'AFP.

Hossam Majed, 31 ans, a retrouvé sa maison entièrement rasée. Dans les ruines de l'immeuble de plusieurs étages, le trentenaire a quand même réussi à rassembler quelques affaires, dont des meubles.

En attendant le retour des autres occupants de l'immeuble, il prépare les lieux en mettant en place un abri de fortune. Avec ses frères, il protège ce qu'il reste d'éventuels pillards.

"Même la nourriture est plus chère que dans le sud (du territoire) parce qu'elle est rare. Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, pas d'internet. Je dois marcher un kilomètre et demi juste pour remplir deux bidons d'eau", dit-il.

"Nous dormons dans la rue" 

Oum Rami Loubbad, mère de trois enfants âgée de 46 ans, a quitté en septembre sa maison déjà partiellement détruite, pour se réfugier à Khan Younès (sud).

Elle espérait la retrouver dans le même état. "C'était le seul espoir restant pour un peu de stabilité — et ils l'ont complètement détruite", dit-elle avec émotion.

"Nous dormons dans la rue. Je n'ai pas de tente", lâche-t-elle en espérant que des tentes seront distribuées.

Le retour a été un choc avec toutes ces destructions dans la ville, où l'armée israélienne avait, avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, concentré ses bombardements pour chasser le Hamas, auteur de l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël.

"Je regardais aussi loin que je pouvais, et je ne voyais rien!", dit Oum Rami Loubbad. Elle a récupéré ce qu'elle pouvait, des morceaux de meubles en bois, des vêtements et une bouteille de gaz.

"Nous allons vendre le plastique que nous trouvons et utiliser le bois pour faire la cuisine ou pour construire des toilettes", ajoute-t-elle. "Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir supporter cela."

Ahmad Al-Abbassi, réfugié dans le sud pendant les bombardements, a retrouvé l'emplacement de son immeuble de cinq étages à Gaza-ville. Mais il n'en reste plus rien.

"Nous sommes retournés dans le nord en espérant retrouver nos maisons et (reconstruire notre) vie. Comme vous pouvez le voir, Gaza s'est transformée en une ville fantôme", dit-il.

"Marcher sur la maison" 

Sur les ruines, Ahmad Al-Abbassi tente d'ériger une tente de fortune, auprès d'un drapeau palestinien qui flotte au bout d'un piquet.

Avec le couvercle d'un fait-tout, il gratte le sol pour l'aplanir. Puis, il empile quelques parpaings pour y planter des fers à béton et soutenir une toile censée faire office de toit. Le vent s'en mêle et secoue la toile, ainsi que le drapeau.

"Nous essayons de récupérer tout ce que nous pouvons. Nous allons essayer de reconstruire juste pour avoir une pièce pour abriter nos enfants et nos familles", dit-il.

Moustafa Mahram, de retour chez lui avec sa famille, a trouvé sa maison de trois étages "réduite en cendres". "Tout est parti. Aujourd'hui, quand nous marchons, nous marchons littéralement dessus. Il n'y a aucun moyen d'y vivre."

Il a installé une tente près des décombres. "On a été jeté à la rue."

Le Palestinien décrit le quotidien des habitants rentrés à Gaza-ville: "il n'y a pas d'eau — pas d'eau potable, même pas d'eau salée, pas d'eau du tout. Aucun élément essentiel de la vie n'est disponible —pas de nourriture, pas de quoi boire, rien. Et comme vous pouvez le voir, il ne reste que des décombres".

"Il n'y a pas d'électricité, même pas de routes praticables pour marcher comme des êtres humains."

 


Netanyahu déterminé à obtenir le retour de toutes le dépouilles d'otages

 Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Israël a accusé le mouvement islamiste palestinien de violer l'accord de cessez-le-feu aux termes duquel il devait remettre tous les otages retenus à Gaza
  • Le Hamas a libéré dans les temps les 20 otages vivants mais il n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles d'otages sur les 28 qu'il retient

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza.

Israël a accusé le mouvement islamiste palestinien de violer l'accord de cessez-le-feu aux termes duquel il devait remettre tous les otages retenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures suivant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, soit au plus tard lundi à 09H00 GMT.

Le Hamas a libéré dans les temps les 20 otages vivants mais il n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles d'otages sur les 28 qu'il retient. Il affirme avoir remis les corps auxquels il a pu accéder et avoir besoin d'un "équipement spécial" pour récupérer les autres dépouilles.

"Nous sommes déterminés à obtenir le retour de tous les otages", a dit M. Netanyahu lors de la commémoration officielle du 2e anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui avait déclenché la guerre.

"Le combat n'est pas encore terminé, mais une chose est claire: quiconque lève la main sur nous sait qu'il paiera un prix très lourd", a-t-il averti.

La veille, son ministre de la Défense Israël Katz a prévenu que "si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement.

Le Forum des familles d'otages a appelé le gouvernement Netanyahu "à cesser immédiatement la mise en œuvre de toute autre étape de l'accord, tant que le Hamas continue de violer ouvertement ses obligations" sur le retour de toutes les dépouilles.

"Ils creusent" 

Interrogé sur le respect de l'accord par le Hamas, le président américain Donald Trump a déclaré: "ils creusent. Ils trouvent beaucoup de corps."

"Certains de ces corps sont là depuis longtemps, et certains sont sous les décombres. Ils doivent déblayer les décombres. Certains sont dans les tunnels", a-t-il ajouté.

Dimanche, la porte-parole du gouvernement israélien Shosh Bedrosian avait indiqué qu'un "organisme international", convenu dans le cadre de l'accord, aiderait "à localiser les otages (morts) s'ils ne sont pas retrouvés et libérés" lundi.

En échange du retour des dépouilles de captifs, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'accord de cessez-le-feu a été conclu sur la base du plan de Donald Trump qui vise à mettre fin définitivement à la guerre dans la bande de Gaza.

Il prévoit dans une première phase le cessez-le-feu, la libération des otages, un retrait israélien de secteurs de Gaza et l'acheminement de plus d'aides humanitaires au territoire palestinien dévasté.

L'accord prévoit dans une étape ultérieure notamment le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite des retraits israéliens dans Gaza, des points qui restent sujet à discussion.

Israël, qui contrôle tous les accès à la bande de Gaza, doit en principe ouvrir après le cessez-le-feu et la libération des otages, le point de passage crucial de Rafah, entre l'Egypte et le territoire palestinien, à l'aide humanitaire.

Les autorités israéliennes ont affirmé que la date d'ouverture du passage de Rafah serait annoncée "ultérieurement" et que ce serait pour la "circulation des personnes uniquement".

"Pas d'eau, pas de nourriture" 

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a prévu de se rendre jeudi au passage de Rafah, côté égyptien, après avoir appelé à ouvrir "tous les points de passage" à l'aide.

Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

Israël autorise actuellement l'acheminement de l'aide humanitaire essentiellement via le passage de Kerem Shalom (sud), mais les organisations humanitaires se plaignent des lenteurs administratives et des contrôles de sécurité.

De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait 67.938 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.