Après AUKUS, la relation franco-britannique toujours plus dégradée

 Si Emmanuel Macron et Joe Biden se sont parlé pour apaiser leurs relations après la crise des sous-marins, le chantier de la détente reste intact avec Boris Johnson tant les dossiers contentieux se sont accumulés, de la crise migratoire à la pêche. (AFP).
Si Emmanuel Macron et Joe Biden se sont parlé pour apaiser leurs relations après la crise des sous-marins, le chantier de la détente reste intact avec Boris Johnson tant les dossiers contentieux se sont accumulés, de la crise migratoire à la pêche. (AFP).
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Publié le Vendredi 24 septembre 2021

Après AUKUS, la relation franco-britannique toujours plus dégradée

  • Certes, l'ambassadeur français au Royaume-Uni n'a pas été rappelé comme ceux de Washington et Canberra après l'annonce d'AUKUS, le partenariat stratégique des trois pays qui prive la France d'un juteux contrat de fourniture de sous-marins à l'Australie
  • Mais Paris ne décolère pas contre Londres, son rôle dans l'affaire des sous-marins a été beaucoup plus actif que ne le laisse supposer le maintien de l'ambassadeur

PARIS: Si Emmanuel Macron et Joe Biden se sont parlé pour apaiser leurs relations après la crise des sous-marins, le chantier de la détente reste intact avec Boris Johnson tant les dossiers contentieux se sont accumulés, de la crise migratoire à la pêche.


Certes, l'ambassadeur français au Royaume-Uni n'a pas été rappelé comme ceux de Washington et Canberra après l'annonce d'AUKUS, le partenariat stratégique des trois pays qui prive la France d'un juteux contrat de fourniture de sous-marins à l'Australie, mais Paris ne décolère pas contre Londres.


À New York, dans les couloirs de l'Assemblée générale des Nations unies, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a refusé toute rencontre bilatérale réclamée par sa nouvelle homologue britannique et il s'est montré "froid" lors d'une réunion P5, le cœur nucléaire du conseil de sécurité, a indiqué à l'AFP une source diplomatique britannique. 


D'autant, que d'après une source haut placée dans l'appareil d'État français ayant requis l'anonymat, le rôle de Londres dans l'affaire des sous-marins a été beaucoup plus actif que ne le laisse supposer le maintien de l'ambassadeur et les qualificatifs de "5e roue du carrosse" ou "partenaire junior" de Washington lancés par des ministres français.


À cela, s'ajoute l'irritation provoquée par les déclarations de Boris Johnson, qui a d'abord cajolé Paris dimanche dans des termes jugés excessifs, avant de se fendre mercredi d'un "donnez-moi un break", pour dire aux Français de surmonter leur colère.


Quand les Britanniques "commencent à parler du franglais, ça devient vraiment difficile", a ironisé à New York le Premier ministre belge Alexander De Croo, interrogé sur les relations entre Paris et Londres.

Ressentiment français 

Le ressentiment français est alimenté depuis des mois par des tensions sur des sujets de fond : les conséquences du Brexit et la crise migratoire, avec, cerise sur le gâteau des Français, un article du Daily Telegraph mercredi qui affirmait que la France mettrait son siège au Conseil de sécurité de l'ONU à disposition de l'UE.


"Mensonges vils" pour le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune, et "il ne faut pas être naïfs (...) si cette +information+ est venue dans le contexte international que nous connaissons".


"La relation est tristement dégradée", pointe Elvire Fabry, politologue à l'Institut européen Jacques Delors, mais c'est "peu surprenant", compte tenu des effets du Brexit et de la stratégie britannique.


"Ça fait longtemps que la relation n'a pas été aussi tendue", relève l'ancienne ambassadrice de France à Londres, Sylvie Bermann, auteure du livre "Goodbye Britannia".


"On s'est beaucoup détourné dans les capitales européennes des enjeux post-Brexit, mais les Britanniques continuent à en être abreuvés au quotidien, et tout le narratif de Johnson est construit sur l'intransigeance européenne", notamment de la France. Cette dernière a souvent endossé le rôle du "bad cop" dans la négociation qui était, qui plus est, pilotée par le Français Michel Barnier, rappelle Mme Fabry.


"On a d'un côté un Premier ministre britannique qui veut prouver que le Brexit est un grand succès et, de l'autre, un président dont la devise est européenne; donc c'est normal qu'on ait des désaccords", estime Mme Bermann.

Pas un « État paria »

Par conséquent, les sujets de crispation s'amoncellent que ce soit sur la pêche dans les eaux de Jersey, où Londres bat froid les pêcheurs français, ou quand elle menace de renvoyer vers les côtes françaises les migrants qui tentent de traverser la Manche.


Sur la pêche, "il y a un antijeu britannique", a dénoncé jeudi M. Beaune. "Nous avons dû remobiliser ces derniers jours la Commission européenne (...) qui considérait que les choses étaient plus ou moins réglées (...) Nous sommes au bout de la patience".


Reste la coopération de défense et sécurité, qui est très étroite, notamment incarnée par les accords de Lancaster House de 2010. 


La France a par exemple particulièrement besoin des hélicoptères de transport Chinook que la Royal Air Force déploie au Sahel pour transporter les militaires français.


"Au niveau opérationnel, la coopération et les relations restent bonnes", résume Mme Bermann.


Mais à Londres, l'agacement pointe également. "Notre relation de défense avec la France est profonde, stratégique et importante. Mais elle ne passera à un autre niveau que si la France cesse de nous traiter comme un État paria devant être puni pour le Brexit, pour nous traiter comme son égal et un pouvoir souverain et indépendant", a estimé l'ancien ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt dans le Daily Telegraph.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.