Lâchée par ses alliés anglo-saxons, la France trouve en Inde un allié accueillant

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi se donnent l'accolade lors de la visite de Modi en France, en juillet 2019. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi se donnent l'accolade lors de la visite de Modi en France, en juillet 2019. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 22 septembre 2021

Lâchée par ses alliés anglo-saxons, la France trouve en Inde un allié accueillant

  • Paris et New Delhi réaffirment leur volonté «d'agir conjointement» dans l’espace indo-pacifique, notamment face à la Chine
  • «Le pragmatisme de Modi pourrait jouer un rôle en aidant Macron à trouver le moment propice pour commencer à réduire l'affront», affirme un analyste

PARIS : L'Inde et la France main dans la main dans un espace indo-pacifique sous tension: Paris et New Delhi ont réaffirmé mardi leur volonté "d'agir conjointement", notamment face à la Chine, en pleine crise des sous-marins australiens et de froid diplomatique entre Paris et Washington.

tu
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi au Château de Chantilly lors de la visite de Modi en France, en juillet 2019. (Photo, AFP)

 

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi se sont entretenus au téléphone, réaffirmant leur volonté de travailler ensemble "dans un espace indo-pacifique ouvert et inclusif", a annoncé l'Elysée.

Le chef de l'État français "a rappelé l'engagement de la France à contribuer au renforcement de l'autonomie stratégique de l'Inde, y compris sa base industrielle et technologique", a précisé la présidence française.

Cet entretien intervient alors que Paris ne décolère pas après l'annonce, le 15 septembre, d'une nouvelle alliance stratégique entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni (AUKUS), qui a torpillé un méga-contrat de sous-marins français à Canberra.

dstyht
Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh (au centre) en compagnie de la ministre française de la Défense Florence Parly (à droite) et du PDG de Dassault Aviation Eric Trappier lors de la cérémonie marquant la livraison du premier des 36 avions de combat Rafale à destination de l'Inde, le 8 octobre 2019 à l'usine Dassault Aviation de Mérignac. L'Inde est un partenaire industriel majeur de la France en matière d'armement et entend aller plus loin dans ce domaine avec Washington comme avec Londres et Canberra. (Photo, AFP)

 

Le communiqué de l'Elysée n'y fait pas allusion. Mais il souligne l'approche commune des deux pays, avec "pour ambition de promouvoir la stabilité régionale et la règle de droit, tout en écartant toute forme d'hégémonie" dans la région indo-pacifique, épicentre des tensions entre Chine et Etats-Unis.

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian devait par ailleurs rencontrer son homologue indien Subrahmanyam Jaishankar, mardi à New York, en marge de l'assemblée générale de l'ONU.

Dans un tweet, M. Modi a souligné avoir discuté avec Emmanuel Macron d'une "plus étroite collaboration entre Inde et France dans l'Indo-Pacifique", rendant hommage à "l'importance" du partenariat stratégique bilatéral.

Cette conversation permet à Paris de solliciter un allié essentiel dans la zone, après une multitude de signaux favorables: vente de Rafale à l'Inde, opérations militaires conjointes dans l'océan Indien, ouverture à la marine indienne des bases françaises à Djibouti, aux Emirats, à la Réunion...

De plus, l'Inde, moins alignée que l'Australie et le Japon sur les Etats-Unis, permet à Paris d'espérer trouver en Delhi un allié pour essayer de tracer une voie alternative à la confrontation avec Pékin voulue par Washington.

L'épisode des sous-marins "est évidemment choquant. Cela secoue votre foi dans le partenariat. Vous ne pouvez atteindre des objectifs communs dans la région Indo-Pacifique sans une plateforme commune, dans un esprit de transparence et de confiance", a expliqué à l'AFP un haut diplomate indien basé à Paris.

L'Inde souhaite collaborer avec les démocraties de la région, "cela constitue la seule façon de bâtir un équilibre des pouvoirs et une sécurité à l'échelle de la région", convient pour sa part Brahma Chellaney, professeur d'études stratégiques au Centre for Policy Research (CPR), think-tank privé basé à New Delhi.

"Les accords de sécurité exclusifs (comme AUKUS, ndlr) militent contre cette vision", ajoute-t-il, relevant que la France constitue un allié "important" pour New Delhi, comme n'importe quelle autre démocratie.

Mais l'Inde devra jouer finement entre des équilibres complexes.

Car l'Australie aussi est un allié de New Delhi, qui ne saurait se laisser entraîner dans une dispute stratégiquement contre-nature et contre-productive. L'Inde est par ailleurs un partenaire industriel majeur de la France en matière d'armement et entend aller plus loin dans ce domaine avec Washington comme avec Londres et Canberra.

"Le pragmatisme de Modi pourrait jouer un rôle en aidant Macron à trouver le moment propice pour commencer à réduire l'affront" tel qu'il est vécu à Paris, estime Rory Medcalf, directeur du National Security College à l'Université Nationale d'Australie.

L'Inde, explique-t-il en substance, doit jouer sur les deux tableaux. Elle apprécie les volontés d'autonomie de la France et la solidité de la relation bilatérale.

Mais elle admet aussi la nécessité pour Canberra de se bâtir une dissuasion militaire forte face aux Chinois. Et garde dans ses petits papiers une alliance fondamentale avec les Etats-Unis de Joe Biden.

Le président américain réunit d'ailleurs vendredi à Washington les Premiers ministres australien, indien et japonais pour relancer un format diplomatique, le "Quad", qui végétait depuis plusieurs années. Une plateforme que Modi pourrait utiliser pour "soutenir le rôle des Français dans la région, tout en admettant de facto l'AUKUS comme une alliance digne d'intérêt", estime encore Rory Medcalf.  

Avec, en filigrane, la volonté de l'Inde de rester au cœur d'un jeu crucial pour sa sécurité.

Le sujet "viendra certainement dans nos conversations", a confirmé le diplomate indien en poste à Paris, selon lequel cette brouille ne saurait redéfinir des alliances éprouvées avec le temps, notamment entre la France et les Etats-Unis.

"Nous continuons d'espérer que tout cela va se résoudre convenablement", a-t-il assuré.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.