PERM: Les habitants de Perm, dans le centre de la Russie, étaient sous le choc et endeuillés mardi, au lendemain d'une fusillade dans une université qui a fait six morts et 24 blessés.
Dès la matinée, froide et brumeuse, les habitants sont venus se recueillir et déposer des fleurs et des bougies près d'une des entrées du campus de cette cité de l'Oural comptant un million d'habitants où un étudiant a ouvert le feu lundi.
C'est « un choc, une douleur, notre université est notre maison », raconte Ksenia Pounina, enseignante, le visage derrière un masque noir.
Une de ses étudiantes a été blessée par une balle dans le ventre et a été opérée, confie-t-elle: « nous espérons vraiment que tout ira bien pour elle ».
Le recteur, Dmitri Krassilnikov, a fait un discours devant les portes de l'université, dénonçant un « acte d'une violence monstrueuse » et d'une « absurdité profonde ».
Au total, cinq jeunes -- quatre femmes et un homme âgés de 18 à 26 ans -- ont été tués, ainsi qu'une ex-docteure de 66 ans venue avec son petit-fils.
« C'est très dur pour toute la ville. C'est important pour nous d'être ensemble aujourd'hui », indiquait Ekaterina Nabatova, ancienne étudiante venue rendre hommage aux victimes.
« Des tirs et des cris »
Lundi après-midi, un homme vêtu de noir et coiffé d'un casque s'est dirigé vers le campus, fusil à la main. Des images montrant des étudiants sauter par les fenêtres au milieu de cris de panique et de tirs d'arme à feu ont largement circulé sur internet.
Le tireur présumé a ensuite été blessé et maîtrisé par la police.
Selon Irina Mochevskaïa, doyenne de la faculté de chimie, un plus grand nombre de morts a pu être évité car les étudiants étaient alors cloîtrés dans les laboratoires et amphithéâtres. Ils ont même bloqué les portes avec des barricades alors que le tireur tentait d'entrer en tirant dessus.
« D'abord, j'ai vu des gens courir, puis j'ai vu le tireur. J'ai dit aux étudiants de s'éloigner des fenêtres et de se coucher par terre. Quelques secondes plus tard, le tireur est passé devant notre amphithéâtre. Il y a eu des tirs et des cris dans le couloir », a raconté Iouri Aïdarov, conseiller du recteur de l'université.
Le Comité d'enquête a confirmé que l'auteur était un étudiant, sans pour autant l'identifier ou évoquer de mobile pour son crime.
Des médias locaux ont publié des images et le nom d'un homme de 19 ans ayant posté un texte sur les réseaux sociaux et dans lequel il explique vouloir tuer un maximum de gens car il aime infliger le mal.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé qu'il s'agissait « manifestement d'un jeune homme avec des problèmes psychiques », excluant ainsi toute motivation politique ou religieuse.
« Un grand malheur »
Selon le Comité d'enquête, le tireur était armé d'un fusil de chasse acquis en mai, soit avant un durcissement de la législation sur le port d'armes décidé à la suite d'une précédente fusillade meurtrière dans une école.
Selon un dernier bilan, l'individu a tué six personnes et en a blessé 24, dont neuf sont dans un état grave, certains ayant été transportés à Moscou par avion spécial.
Le président russe Vladimir Poutine a regretté lundi « un grand malheur pour tout le pays », appelant les forces de l'ordre à faire la lumière sur les motivations du tireur.
Les fusillades dans les établissements d'enseignement ont longtemps été rares en Russie, mais elles se sont multipliées ces derniers temps, le président russe dénonçant même un phénomène importé des Etats-Unis et y voyant un effet pervers de la mondialisation.
Dans la précédente affaire de ce type, le 11 mai 2021, un homme de 19 ans avait ouvert le feu dans son ancienne école à Kazan, dans la république russe du Tatarstan (centre), faisant neuf morts.
Le jour même, Vladimir Poutine avait ordonné un passage en revue des règles concernant le port d'armes.