Une marée orange en France pour défendre la chasse et la ruralité

Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France, le 18 septembre 2021. (Photo, AFP)
Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France, le 18 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 18 septembre 2021

Une marée orange en France pour défendre la chasse et la ruralité

  • En août, le Conseil d'Etat a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne «oiseaux» de 2009
  • La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle

MONT-DE-MARSAN: A Mont-de-Marsan, comme à Amiens ou Redon, des milliers de personnes ont défilé samedi pour défendre les chasses traditionnelles d'oiseaux, jugées illégales par le Conseil d'Etat, un "monde rural menacé" et des "traditions en danger".

D'autres rassemblements étaient organisés samedi à Caen (Calvados), Charleville-Mézières (Ardennes) et Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence).

Au son des bandas et cors de chasse sous une pluie battante à Mont-de-Marsan, emmenés par des piboles (petites trompes) à Redon (Ille-de-Vilaine), soutenus par des élus locaux comme le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand à Amiens, des marées orange fluo -la couleur des vestes des chasseurs- ont envahi les rues.

"Il y a des enfants, des femmes, toutes les générations... Les chasseurs ont été le détonateur mais toute la ruralité est là", se félicite le directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues, à Mont-de-Marsan où un peu plus de 16 000 personnes ont défilé selon la préfecture.

Myriam, une Landaise, épouse de chasseur et de gaveur de palmipèdes, amatrice de corrida, veut pouvoir "transmettre ces traditions" aux jeunes générations. "Ce n'est pas que la chasse, c'est tout un art de vivre", glisse-t-elle. "Que les urbains nous foutent la paix!", dit un homme à côté d'elle.

"J'en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux. On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses traditionnelles, à l'alouette, la palombe...", déplore Eric, 47 ans, un autre Landais qui en a assez des "talibans du Paristan" et des "idéologues de la capitale".

"J’accompagne mon père quand je peux avec mon petit frère de 12 ans. J’aime voir le travail des chiens et j’apprécie d’être en famille. C’est aussi un moment où on décompresse, où on communie avec la nature", explique Jérôme Delalande, un chasseur de 42 ans venu de Loire-Atlantique jusqu'à Redon pour manifester(10 000 personnes selon la gendarmerie, 12 000 selon les chasseurs).

«Pompili, t'as rien compris!»

Partout, les agriculteurs défendaient aussi leurs traditions, comme à Redon Catherine Lallié, pour la Coordination rurale : "Les végétariens et les vegans n'ont pas à faire la police de l’alimentation. On se sent abandonnés par notre gouvernement et nos élus...", lance-t-elle.

"Pompili, casse-toi !", "Pompili, t’as rien compris, la chasse c’est toute ma vie", "Arrêtez d’emmerder les ruraux", proclamaient des pancartes à Amiens, fief électoral de la ministre de la Transition écologique où 12 000 chasseurs, pêcheurs et agriculteurs ont crié leur colère, selon la préfecture.

"Il faut respecter la ruralité et les ruraux", y a affirmé le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand, interpellant Emmanuel Macron : "Il dit qu’il soutient les chasses traditionnelles mais son gouvernement fait le contraire. Il faut arrêter le 'en même temps' qui est une blague hypocrite qui est de chercher à faire plaisir à tout le monde. Dans la vie, il faut faire des choix et avoir des convictions !  Moi, je suis aux côtés des ruraux". 

"On a en face de nous des démagogues. On ne demandera jamais à un vegan de manger de la viande, qu'on nous foute la paix ! Qu'on nous laisse vivre", a lancé à la foule le patron des chasseurs Willy Schraen, appelant à la création d'un grand ministère de la Ruralité, "pour s'y sentir enfin chez nous".

En août, le Conseil d'Etat a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne "oiseaux" de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d'oiseaux sans distinction des espèces capturées.

Dans la semaine, le gouvernement a toutefois mis en consultation plusieurs arrêtés pour ré-autoriser certaines de ces chasses, au grand dam des défenseurs de l'environnement. Une mesure interprétée comme un geste envers cet électorat très courtisé.

La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle, mais qui conduit à capturer aussi d'autres espèces d'oiseaux.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".