LOS ANGELES: Impôts excessifs, défense des citoyens modestes face à une "élite" perçue comme méprisante et combinarde, libertés individuelles bafouées par les autorités: tels sont les thèmes de campagne des candidats conservateurs qui espèrent remplacer le gouverneur démocrate de Californie à la faveur d'un improbable référendum organisé mardi.
"Le plus grand défi pour la Californie en général, c'est l'intrusion du gouvernement", lance Larry Elder, favori des sondages et des électeurs républicains pour prendre les commandes de l'Etat dans l'éventualité où le référendum débouche sur un "oui" à la révocation du gouverneur Gavin Newsom.
"Je suis un libertarien avec un petit +L+", répète à l'envi cet Afro-Américain de 69 ans, avocat de formation et provocateur avide de reconnaissance. Né dans un quartier défavorisé du sud de Los Angeles, celui qui se fait appeler "le Sage de South Central" est depuis plus de vingt ans un animateur radio célèbre dans les cercles ultra-conservateurs pour ses prises de position populistes et plus récemment son soutien inconditionnel à Donald Trump.
Son programme de campagne ressemble à ses éditoriaux à l'emporte-pièce: il est contre le salaire minimum, contre les aides sociales et l'assurance santé publique néfastes à la libre concurrence, contre la discrimination positive dont il a pourtant lui-même bénéficié pour aller à l'université...
Mais on n'y retrouve pas les déclarations les plus polémiques qu'il a pu faire par le passé, sur les femmes par exemple. Se référant à une étude, il écrivait en 2000 dans Capitalism Magazine que "les femmes en savent moins que les hommes sur les questions politiques, économiques et l'actualité".
«Des ordres d'en haut»
Sa force de conviction et sa personnalité ont conquis beaucoup d'électeurs désabusés par l'impact sanitaire et économique du Covid-19, qui apprécient aussi le fait qu'il n'appartienne pas au sérail.
"Il ne souhaite absolument pas faire partie d'une élite de politiciens qui donnent des ordres d'en haut sans tenir compte des réalités de la vie des gens", dit à l'AFP Lynn Frank, 67 ans, une auditrice de longue date.
Même point de vue pour Amy Olsen, 43 ans et patronne d'une PME à Fresno, dans le centre de la Californie. "Je pense qu'il a des solutions réelles à des problèmes comme le système éducatif, le coût de la vie très élevé, la pénurie d'eau, les feux de forêt destructeurs, le nombre croissant de sans-abri et les obligations abusives de porter le masque et de se faire vacciner", égrène-t-elle, reprenant la liste des principaux griefs faits par ses détracteurs au gouverneur Newsom.
Pour de nombreux partisans de la révocation, les élus démocrates, Gavin Newsom en tête, semblent en effet coupables de tous les maux qui frappent la Californie, encore plus depuis la pandémie.
"Je tiens Newsom pour responsable du confinement le plus strict imposé dans tous les Etats-Unis. Ces confinements ont contraint des petites entreprises à fermer pour toujours", s'indigne Amy Olsen.
La même rengaine est reprise par la trentaine de candidats conservateurs sur les rangs, avec des couplets plus ou moins extrémistes et pétris de religion sur le prix de l'essence, de la vignette automobile, la libre concurrence, famille, patrie, etc.
Aucun n'allie l'aura et la stature d'Arnold Schwarzenegger, qui l'avait emporté à l'issue d'un référendum similaire en 2003.
«Ruée vers l'or»
Crédité d'environ 5% des voix dans les sondages, l'ancien maire républicain de San Diego, Kevin Faulconer, promet "la plus grande baisse d'impôts de l'histoire de la Californie pour les classes moyennes". Un autre outsider, l'homme d'affaires John Cox, fait de son côté miroiter un cadeau fiscal de 30 milliards de dollars.
Icône transgenre et membre du clan Kardashian, Caitlyn Jenner (1% des voix dans les derniers sondages) joue comme beaucoup d'autres candidats sur la fin du "rêve américain" et la nostalgie d'une Californie où tout était, selon elle, possible.
Larry Elder lui-même assure mener "une bataille pour l'âme de la Californie" tandis que le micro-candidat Ted Gaines pleure sur le fait que "la Californie ne pourrait tout simplement plus connaître une Ruée vers l'or aujourd'hui, le gouvernement l'étoufferait immédiatement" avec des régulations et des taxes.
"Plutôt que de s'adapter à la nouvelle réalité, les républicains régressent vers une sorte de Californie mythique d'un passé qui n'a jamais vraiment existé", analyse dans le Los Angeles Times le stratège républicain Mike Madrid, qui ne croit guère au succès de ce référendum.
"Ils se voient comme les derniers défenseurs de Fort Alamo."