13-Novembre: un premier enquêteur à la barre, déjà interrompu par Abdeslam

Sur les bancs des parties civiles, des sanglots ont éclaté, des mains se sont serrées. Dans le box, les accusés ont gardé la tête baissée et Salah Abdeslam le silence. (Photo, AFP)
Sur les bancs des parties civiles, des sanglots ont éclaté, des mains se sont serrées. Dans le box, les accusés ont gardé la tête baissée et Salah Abdeslam le silence. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 14 septembre 2021

13-Novembre: un premier enquêteur à la barre, déjà interrompu par Abdeslam

  • Tentaculaires, les investigations menées en Europe et au-delà ont permis de reconstituer la préparation et le déroulement des attaques pilotées par le groupe Etat islamique
  • Les rescapés des attentats et les proches des victimes auront la parole fin septembre et pendant cinq semaines pour mettre leurs mots sur cette nuit d'horreur

PARIS : Le procès des attentats du 13-Novembre est entré lundi dans le vif du sujet avec le premier témoignage d'un enquêteur des services français de l'antiterrorisme, interrompu au bout de quelques minutes par le principal accusé Salah Abdeslam.

Commissaire de police, "Sdat 99", l'identification sous laquelle il dépose, est chargé de présenter l'enquête. Costume sombre, chemise rose, débit rapide, il s'exprime à la barre sous couvert de l'anonymat mais sans masque.

Dès le début de son exposé devant la cour d'assises spéciale, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre 2015, Salah Abdeslam, se met à hurler, sans micro, depuis le box des accusés: "c'est quand qu'on aura la parole ?!"

"Monsieur Abdeslam, si vous continuez vous allez sortir du box", le prévient, calmement mais fermement, le président Jean-Louis Périès. Il doit s'y reprendre à plusieurs fois avant que le Franco-marocain de 31 ans ne finisse par se taire.

L'intervention intempestive de l'accusé, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, n'a pas perturbé l'enquêteur.

En détails, il décrit les "défis" d'une "enquête sans précédent" avec des "constatations simultanées sur huit scènes de crime", tout en procédant "à une collecte minutieuse de toutes les traces d'indices qui peuvent être microscopiques".

Plus de 1 000 enquêteurs ont été mis sur le pont, et confrontés à des "scènes indicibles", précise le policier, "dans un schéma de course contre la montre" et de "risque de sur-attentat".

Enquête tentaculaire

Son intervention, prévue sur plusieurs heures, doit être suivie des questions des avocats généraux, des avocats des parties civiles et de la défense. Mardi, il cèdera la barre à la juge antiterroriste belge Isabelle Panou.

Tentaculaires, les investigations menées en Europe et au-delà ont permis de reconstituer la préparation et le déroulement des attaques pilotées par le groupe Etat islamique (EI), qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis.

Même si des questions demeurent, les enquêteurs sont parvenus en quatre ans à identifier commanditaires, planificateurs, artificiers, convoyeurs et intermédiaires de la cellule, ainsi que leur parcours de la Syrie à la Belgique puis la France, via la route des migrants.

Mercredi et jeudi derniers, les deux premiers jours du procès-marathon étiré sur près de neuf mois ont été consacrés à l'appel des plus de 1 800 parties civiles déjà constituées et à l'enregistrement de centaines d'autres, victimes des attentats les plus meurtriers jamais perpétrés sur le sol français. 

Largement muet depuis son arrestation en mars 2016, le seul survivant des commandos Salah Abdeslam y a fait une entrée tonitruante en multipliant les provocations.

Se présentant comme un "combattant de l'Etat islamique", il s'est octroyé la parole pour dénoncer ses conditions de détention, dédouaner trois de ses coaccusés puis demander si "les victimes en Syrie pourront avoir la parole". 

Retour sur une nuit d'horreur

Vendredi, le magistrat a répertorié les nombreux témoins appelés à déposer, avant de débuter, avec ses deux premières assesseures Frédérique Aline et Xavière Siméoni, la lecture du rapport qui résume les 547 tomes du dossier.

Pendant sept heures, leur récit a replongé le prétoire dans les détails de la soirée sanglante qui a traumatisé la France, de l'enquête qui a suivi et de cerner le profil des 20 accusés.

Dans les termes cliniques caractéristiques de ces rapports, le président a raconté les déflagrations des "kamikazes" autour du Stade de France puis les claquements des kalachnikov qui ont mitraillé les terrasses des bistrots d'abord, la fosse de la salle de concert du Bataclan ensuite.

Dans un lourd silence, il a énoncé les prénoms, les patronymes et l'âge des victimes. Une près du Stade de France, 39 sur les terrasses parisiennes, 90 au Bataclan. "Baptiste C., 24 ans, Aurélie de P., 33 ans, Cécile M. épouse Z., 31 ans"...

Sur les bancs des parties civiles, des sanglots ont éclaté, des mains se sont serrées. Dans le box, les accusés ont gardé la tête baissée et Salah Abdeslam le silence.

Les rescapés des attentats et les proches des victimes auront la parole fin septembre et pendant cinq semaines pour mettre leurs mots sur cette nuit d'horreur, évoquer le souvenir de ceux qu'ils ont perdus et décrire les maux de leur vie d'après.

Les accusés ne devraient pas être interrogés sur le fond du dossier avant le mois de janvier. 

Onze d'entre eux, dont Salah Abdeslam, comparaissent détenus. Trois comparaissent libres sous contrôle judiciaire. Six autres sont jugés par défaut, dont le commanditaire présumé de l'opération Oussama Atar et les "voix" françaises de sa revendication, Fabien et Jean-Michel Clain, tous les trois présumés tués lors d'une frappe occidentale en Syrie.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.