LONDRES: Mardi, la radio publique belge RTBF a publié une interview avec le cerveau présumé des attaques terroristes de Paris, enregistrée alors qu’il fuyait la France au lendemain du massacre de 2015.
Charlotte Legrand, journaliste de la RTBF, avait interviewé des conducteurs en 2015 lorsque la police inspectait les cartes d’identité et fouillait les voitures aux points de contrôle entre la France et la Belgique, peu après les attentats.
La journaliste avait à l’époque interrogé «trois jeunes hommes de type maghrébin», sans connaître leur identité. Il s’agissait de Salah Abdeslam, principal suspect des attentats, et de ses deux complices, qui se trouvaient dans une voiture contrôlée par la police.
Abdeslam et 19 autres personnes sont accusées d’avoir planifié et exécuté les attentats de 2015 au Stade de France, dans des bars, des restaurants et dans la salle de concert du Bataclan. Des attaques coordonnées qui avaient fait 130 morts et 490 blessés.
«Je ne me souviens ni de la marque de la voiture ni de sa couleur», a expliqué la journaliste. «Il y avait trois jeunes qui semblaient très fatigués, le visage chiffonné. Celui à l’arrière était emmitouflé dans une espèce de doudoune ou un duvet.»
«Ils n’étaient pas spécialement sympathiques, mais ils ont répondu à mes questions, le temps que leurs cartes d’identité soient contrôlées», a-t-elle raconté.
Au moment de l’interview, le nom d’Abdeslam n’avait pas encore été communiqué à la police, et les hommes ont été autorisés à poursuivre leur route. «Quand ils ont récupéré leurs papiers, ils ont coupé court à la conversation, et ont remonté leur vitre», a-t-elle ajouté.
À l’époque, Charlotte Legrand a monté la vidéo de quatre-vingt-dix secondes, où l’on peut entendre l’interview des trois hommes, et n’y a plus repensé, jusqu’à ce que les détails de la fuite d’Abdeslam, avec ses complices Mohamed Amri et Hamza Attou, commencent à émerger.
«Quand on vu les images des caméras de surveillance de la station-service où Salah Abdeslam se trouve avec Amri et Attou, on a commencé à comprendre», a-t-elle expliqué. Leurs soupçons ont été confirmés lorsqu’Abdeslam a été arrêté à Bruxelles en 2016.
Abdeslam, ainsi que 14 autres suspects, sont entendus mercredi dans le plus grand procès pénal jamais organisé en France.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com