TACHKENT: La Libye pourrait augmenter sa production de pétrole à deux millions de barils par jour d’ici à la fin de l’année 2022 si la somme d’1,1 milliard de dollars (927 millions d’euros) est accordée au secteur, comme c’est prévu dans le budget, rapporte son ministre des Finances, Khalid al-Mabrouk.
«[Les exportations] ont atteint environ 1,2 million de barils par jour et je pense qu’elles continueront d’augmenter jusqu’à atteindre 1,3 million», déclare Al-Mabrouk dans l’entretien qu’il a accordé à Arab News en marge de la réunion annuelle de la Banque islamique de développement qui s’est tenue à Tachkent, la capitale ouzbèke. «Si ce rythme se poursuit, je pense que nous pourrons atteindre 2 millions de barils par jour avant la fin de l’année 2022.»
L’accord de paix signé entre les factions rivales – qui a abouti à la formation d’un gouvernement d’unité – est bénéfique pour le secteur du pétrole; toutefois, ces avancées sont compromises au moment où le Parlement rencontre des difficultés pour adopter un budget qui inclut des fonds destinés aux infrastructures.
La Libye aura du mal à maintenir les niveaux de production actuels, à moins que l’impasse budgétaire de quatre mois ne soit résolue, a confié son ministre de l’Énergie, Mohamed Oun, à Bloomberg le mois dernier.
Ce plan a pour objectif de porter la production pétrolière de la Libye à 1,4 million de barils par jour entre la fin de l’année 2021 et la mi-2022. Il a récemment été reporté en raison de l’absence de fonds gouvernementaux pour colmater les brèches des champs pétrolifères, des oléoducs et des ports pétroliers.
Si le budget était disponible, la Libye pourrait produire 1,6 million de barils par jour d’ici à 2023, et jusqu’à 2 millions en trois ans, aurait affirmé Moustafa Sanalla, président de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (National Oil Corporation ou NOC).
La Libye augmentera ses exportations de pétrole brut et de condensats à 1,24 million de barils par jour au mois de septembre – son plus haut niveau depuis trois ans – selon un programme de chargement préliminaire envisagé par Bloomberg le mois dernier.
«Le secteur pétrolier est confronté à un seul problème: les champs pétrolifères, certaines raffineries et certains ports nécessitent d’importants travaux d’entretien qui n’ont pas été effectués depuis dix ans», a déclaré samedi dernier Al-Mabrouk à Arab News.
«Le gouvernement d’unité nationale s’intéresse vraiment à ce secteur. Il a récemment injecté des fonds pour le préserver», révèle-t-il. «Plus de 5 milliards de dinars libyens [927 millions d’euros] ont été alloués au développement du secteur et nous n’attendons plus que l’approbation du Parlement.»
La Libye assiste également au retour des compagnies pétrolières internationales qui ont déserté le pays pendant la guerre civile après le renversement de Mouammar Kadhafi, en 2011, ajoute Al-Mabrouk.
«Par ailleurs, le pays a signé des contrats avec des sociétés internationales – américaines et allemandes, entre autres – dans le domaine de la prospection et de la production. Certaines entreprises qui ont quitté le pays pendant la guerre ou la révolution sont aujourd’hui de retour et comptent reprendre leurs activités. Le secteur se porte bien», poursuit-il.
Le secteur pétrolier libyen est également confronté à une potentielle perturbation en raison d’un différend qui oppose le président de la NOC et le ministre de l’Énergie; le mois dernier, Oun a tenté de démettre Sanalla de ses fonctions.
Ce dernier a refusé de se retirer. Il a souligné que seul le conseil des ministres était en mesure de le licencier ou de dissoudre le conseil d’administration de l'entreprise.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com