Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 06 septembre 2021

Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

  • Les putschistes ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains
  • Déjà le 19 juillet 2011, Condé, élu l'année précédente, était sorti indemne d'une attaque menée par des militaires

CONAKRY: Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche avoir capturé le président Alpha Condé, pris le contrôle de Conakry et "dissous" les institutions, lors d'un coup d'Etat qui pourrait sonner la retraite d'un vétéran de la politique africaine, mais condamné par la communauté internationale.

Aucun mort n'a été rapporté dimanche, malgré les crépitements intenses d'armes automatiques entendus dans la matinée dans la capitale de ce pays coutumier des confrontations politiques brutales. L'apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.

"Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...) de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions", dont le gouvernement, a déclaré, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d'un "Comité national du rassemblement et du développement" (CNRD), au côté de putschistes en uniforme et en armes.

Il a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d'Afrique de l'Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique.

Dénonçant la "gabegie", le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a promis d'"engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée", dans une déclaration à la télévision nationale qui a brièvement interrompu ses programmes.

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le président de la Guinée Conakry Alpha Condé après sa capture par des putschistes de l'armée. (Photo, AFP)

Les putschistes ont également diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité et Alpha Condé, 83 ans, en jeans et chemise froissée dans un canapé, refuse de leur répondre.

Dans la soirée, ils ont annoncé au journal télévisé un couvre-feu "à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national", le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère pour expédier les affaires courantes et celui des préfets, sous-préfets, et gouverneurs de région par des militaires.

En outre, ils "appellent les fonctionnaires à reprendre le travail dès ce lundi" et convoquent les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT), sous peine d'être considérés comme en "rébellion contre le CNRD".

 

La sélection du Maroc, bloquée à Conakry, «en sécurité»

RABAT: La sélection du Maroc, à Conakry où elle devait affronter la Guinée lundi en qualifications pour le Mondial-2022 de football, est "en sécurité", a indiqué dimanche un responsable marocain.

Les Lions de l'Atlas "sont en sécurité et se trouvent actuellement dans un hôtel un peu loin de la zone de tensions", a déclaré un responsable de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Mohamed Makrouf. 

"Les responsables marocains travaillent pour faire évacuer l'équipe aujourd’hui. Un avion est déjà à l’aéroport pour l’opération", a-t-il précisé. 

La Fédération marocaine de football est "en contact avec la FIFA pour savoir si le match sera reporté ou pas", a ajouté M. Makrouf.

«Libération immédiate»

"On tient tout Conakry et on est avec toutes les forces de défense et de sécurité pour enfin mettre fin au mal guinéen", a déclaré à la télévision France 24 le lieutenant-colonel Doumbouya, personnalité très peu connue jusqu'alors.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "fermement" condamné "toute prise de pouvoir" en Guinée "par la force du fusil", appelant "à la libération immédiate du président Alpha Condé".

Le président en exercice de l'Union africaine (UA) Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l'UA  Moussa Faki Mahamat "condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé" et appellent à une réunion d'urgence de l'organisation.

Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo, de son côté, "exige le respect de l'intégrité physique" du chef de l'Etat guinéen, sa libération immédiate et "le retour à l'ordre constitutionnel sous peine de sanctions".

 

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Des gens regardent un cadavre dans le quartier central de Kaloum à Conakry le 5 septembre 2021 après que des coups de feu aient été entendus. (Photo, AFP)

La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l'appel à "la libération immédiate et sans condition du président Condé", à l'instar du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell qui "invite tous les acteurs à agir dans le respect de l'Etat de droit, de l'intérêt de la paix et pour le bien-être de la population guinéenne".

A Conkary, de nombreux habitants de Conakry, notamment dans les banlieues réputées favorables à l'opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales.

"Nous sommes fiers des forces spéciales, honte à la police, honte à la milice de l'ancien président Alpha Condé, mort aux tortionnaires et aux assassins de notre jeunesse", s'exclamait un manifestant.

"Je ne pouvais pas imaginer qu'Alpha Condé allait quitter le pouvoir de mon vivant, tellement il m'a fait du tort", a confié Madiaou Sow, un chauffeur, lui imputant la mort dans des manifestations de sa soeur, son neveu et de son cousin.

Il faisait référence à la répression sanglante des manifestations de l'opposition et de la mobilisation contre l'adoption par referendum en 2020 d'une nouvelle Constitution, dont M. Condé a tiré argument pour briguer et obtenir un troisième mandat.

Dates-clés depuis l'indépendance

1958: indépendance

Le 2 octobre 1958, Ahmed Sékou Touré proclame l'indépendance, quelques jours après que la Guinée a refusé par référendum d'intégrer une "communauté" franco-africaine proposée par le général de Gaulle.

En janvier 1961, Sékou Touré est élu président. Le socialisme est proclamé en 1967.

1958-1984: Sékou Touré au pouvoir

"Père de l'indépendance" et héros tiers-mondiste, Ahmed Sékou Touré troque rapidement ses habits de dirigeant progressiste pour gouverner d'une poigne de fer pendant 26 ans un pays exsangue.

Son régime est responsable de la mort ou de la disparition de 50 000 personnes, selon les organisations des droits de l'Homme, et de l'exil de centaines de milliers d'autres.

1984-2008: Lansana Conté au pouvoir

Le 3 avril 1984, une semaine après la mort de Sékou Touré, un Comité militaire prend le pouvoir, dirigé par le colonel Lansana Conté qui dirige en maître absolu. Son régime fait face à une tentative de coup d'État en 1985 et à une mutinerie de soldats meurtrière en 1996.

Lansana Conté est élu président en 1993, puis réélu à deux reprises lors de scrutins contestés ou boycottés par l'opposition.

Début 2007, de grandes manifestations hostiles au "système Conté" sont réprimées, faisant plus de 180 morts selon les ONG.

2008: coup d'État

Le 23 décembre 2008, des militaires prennent le pouvoir sans effusion de sang au lendemain du décès de Lansana Conté. Le gouvernement renversé fait allégeance à la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité ouvrent le feu dans un stade où sont rassemblés des milliers d'opposants. Au moins 157 personnes sont tuées, plus d'une centaine de femmes sont violées.

En décembre, Moussa Dadis Camara est blessé par balle à la tête par son aide de camp.

2010: Condé, 1er président démocratiquement élu

En janvier 2010, le général Sékouba Konaté, président par intérim, signe avec Moussa Dadis Camara un accord prévoyant un scrutin présidentiel.

Le 7 novembre, l'opposant historique Alpha Condé devient le premier président démocratiquement élu. 

Le 19 juillet 2011, il sort indemne d'une attaque menée par des militaires contre sa résidence de Conakry.

Il est réélu le 11 octobre 2015, au terme d'un scrutin émaillé de violences et d'accusations de fraude.

2013: épidémie d'Ebola

Fin 2013, débute en Guinée l'épidémie la plus meurtrière de fièvre hémorragique Ebola, qui provoque jusqu'en 2016 la mort de plus de 2 500 personnes dans le pays.

2019-2020: 3e mandat de Condé

À partir d'octobre 2019, la perspective d'un troisième mandat de M. Condé en 2020 génère une contestation qui fera des dizaines de morts civils. Une nouvelle Constitution invoquée par M. Condé pour briguer un 3e mandat est adoptée le 22 mars 2020 lors d'un référendum boycotté par l'opposition.

Alpha Condé est déclaré large vainqueur de la présidentielle du 18 octobre 2020, malgré les protestations de son principal challenger Cellou Dalein Diallo et d'autres adversaires qui crient à la tricherie.

«Beaucoup de morts pour rien»

"Nous allons réécrire une Constitution ensemble, cette fois-ci, toute la Guinée", a assuré le chef des putschistes, déplorant qu'il y ait eu "beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes".

Les principaux dirigeants de l'opposition, sollicités par l'AFP, n'ont pas souhaité s'exprimer.

Mais le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a pris acte de "l'arrestation du dictateur" et des déclarations des militaires sur la Constitution.

Tôt dans la matinée, des tirs nourris d'armes automatiques avaient retenti sur la presqu'île de Kaloum, centre névralgique de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires. 

"J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires", a déclaré à l'AFP une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. 

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, prononçant un discours suite à la capture du président. (Photo, AFP)

Depuis des mois, le pays, parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.

M. Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée après des décennies de régimes autoritaires.

Des défenseurs des droits humains fustigent sa dérive autoritaire remettant en cause les acquis du début.

M. Condé se targue d'avoir fait avancer les droits humains et d'avoir redressé un pays qu'il dit avoir trouvé en ruines.

Les putschistes annoncent un couvre-feu dans tout le pays

Les officiers des forces spéciales qui ont capturé le président guinéen Alpha Condé et proclamé la dissolution des institutions ont annoncé dimanche l'instauration d'un couvre-feu dans tout le pays "jusqu'à nouvel ordre" ainsi que le remplacement des gouverneurs et préfets par des militaires dans les régions.

Les militaires ont aussi dit convoquer les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT) à Conakry, dans un second communiqué qu'ils ont lu dans la soirée à la télévision nationale.

"Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion" contre le comité instauré par les putschistes pour diriger le pays, a déclaré le groupe d'officiers en treillis et béret et sans arme apparente, et non pas tenue de combat et casque comme lors de la première apparition télévisée plus tôt dans la journée.

"Le couvre-feu est instauré à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national et ce jusqu'à nouvel ordre", ont annoncé les militaires, laissant supposer qu'il était permanent. Ils ont cependant appelé les fonctionnaires à se rendre au travail lundi.

Ils ont pressé "toutes les unités (militaires) de l'intérieur (du pays) de garder la sérénité et d'éviter les mouvements vers Conakry".

Ils ont aussi dit vouloir "rassurer la communauté nationale et internationale que l'intégrité physique et morale de l'ancien président n'est pas engagée. Nous avons pris toutes les mesures pour qu'il ait accès à des soins de santé".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.