WASHINGTON : Google a temporairement bloqué un nombre indéterminé de comptes de messagerie du gouvernement afghan, selon une personne proche du dossier, alors que les craintes grandissent au sujet de la trace de papier numérique laissée par d'anciens responsables et leurs partenaires internationaux.
Dans les semaines qui ont suivi la prise de contrôle rapide de l'Afghanistan par les talibans et la chute du gouvernement soutenu par les États-Unis, des rapports ont souligné à quel point les données biométriques
https://theintercept.com/2021/08/17/afghanistan-taliban-military-biometrics
et les registres des salaires
https:// www.technologyreview.com/2021/08/30/1033941/afghanistan-biometri...
Et d’autres bases de données pourraient être exploitées par les nouveaux gouvernants pour traquer leurs ennemis.
Dans un communiqué publié vendredi, Google Alphabet Inc n'a pas confirmé que les comptes du gouvernement afghan étaient bloqués, affirmant que la société surveillait la situation en Afghanistan et «prenait des mesures temporaires pour sécuriser les comptes concernés».
Un employé de l'ancien gouvernement a déclaré à Reuters que les talibans cherchaient à obtenir les e-mails d'anciens responsables.
À la fin du mois dernier, l'employé a révélé que les talibans lui avaient demandé de conserver les données détenues sur les serveurs du ministère pour lequel il travaillait.
«Si je le fais, ils auront alors accès aux données et aux communications officielles des responsables précédents du ministère», a signalé l'employé.
L'employé a affirmé qu'il n’a pas cédé et s'est depuis caché. Reuters n'a pas identifié l'homme ou son ancien ministère par souci de sécurité.
Les archives des échangeurs de courriers accessibles au public montrent qu'une vingtaine d'organismes gouvernementaux afghans ont utilisé les serveurs de Google pour gérer les e-mails officiels, notamment les ministères des Finances, de l'Industrie, de l'Enseignement supérieur et des Mines. Le bureau du protocole présidentiel afghan a également utilisé Google, selon les archives, tout comme certains organismes gouvernementaux locaux.
La réquisition des bases de données et des courriers électroniques du gouvernement pourrait fournir des informations sur les employés de l'ancienne administration, les anciens ministres, les sous-traitants du gouvernement, les alliés tribaux et les partenaires étrangers.
«Cela fournira une véritable mine d'informations», a déclaré Chad Anderson, chercheur en sécurité pour la société de renseignement Internet DomainTools, qui a aidé Reuters à identifier quels ministères géraient quelle plate-forme de messagerie.
«Le simple fait d'avoir une liste d'employés sur une feuille Google est un gros problème», a-t-il averti, citant des rapports faisant état de représailles contre des fonctionnaires de l’Etat.
Les archives des échangeurs de courrier montrent que les services de messagerie de Microsoft Corp ont aussi été utilisés par plusieurs agences gouvernementales afghanes, dont le ministère des Affaires étrangères et la présidence. Mais on ne sait pas quelles mesures, le cas échéant, la société de logiciels peut prendre pour empêcher les données de tomber entre les mains des talibans.
Microsoft a refusé de faire des commentaires.
Anderson a jugé que la tentative des talibans de contrôler l'infrastructure numérique construite aux États-Unis valait la peine d'être surveillée.
Les renseignements tirés de cette infrastructure, a-t-il soutenu, «peuvent être bien plus précieux pour un gouvernement naissant que les vieux hélicoptères».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com