Arrestations et intimidations, l’étau se resserre autour des opposants bélarusses

L’opposante au régime du président Loukachenko, Maria Kolesnikova (Photo, Sergei GAPON/AFP).
L’opposante au régime du président Loukachenko, Maria Kolesnikova (Photo, Sergei GAPON/AFP).
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Arrestations et intimidations, l’étau se resserre autour des opposants bélarusses

  • Maria Kolesnikova et Maxime Znak sont incarcérés à Minsk
  • La prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch affirme que des inconnus cherchent à l'intimider en permanence

MINSK : Deux opposants majeurs dont Maria Kolesnikova, qui a refusé mardi son exil forcé du Bélarus, sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité nationale », a annoncé Minsk mercredi, un mois après le début de la contestation visant le président Alexandre Loukachenko.

Maria Kolesnikova et Maxime Znak, membres du « conseil de coordination » formé par l'opposition pour promouvoir une transition du pouvoir et négocier le départ du président, risquent jusqu'à cinq ans de prison selon ce chef d'accusation. Ils sont incarcérés à Minsk.

Ils sont accusés d'avoir mené « des actions visant à déstabiliser la situation » au Bélarus et à « porter atteinte à la sécurité nationale », a annoncé dans un communiqué le Comité d'enquête, chargé des principales affaires criminelles.

Maxime Znak, 39 ans, a été arrêté mercredi matin : il aurait dû participer à une visioconférence depuis son bureau mais ne l'a jamais rejointe, ayant seulement envoyé à la place le mot « masques », selon son groupe d'opposition qui a une publié une photo de cet avocat conduit par des hommes masqués et en civil.

Après son arrestation, la seule des sept membres de la direction du « conseil de coordination » toujours en liberté au Bélarus est la prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch. Tous les autres ont soit été arrêtés, soit contraints à l'exil.

« Loukachenko a peur »

Svetlana Alexievitch, 72 ans, a affirmé que des inconnus cherchaient à l'intimider mercredi en traînant autour de chez elle et l'appelant au téléphone. « Ils sonnaient constamment à l'interphone », a-t-elle déclaré aux journalistes, montrant deux bus garés devant chez elle.

Elle a reçu le soutien de diplomates européens, notamment roumain, lituanien et suédois qui se sont déplacés à son domicile pour la soutenir.

Mardi, l'opposition a fait état du rocambolesque « enlèvement » par les autorités de l'opposante Maria Kolesnikova, disparue lundi et qui s'est échappée d'une voiture la transportant avec deux autres opposants, et a déchiré son passeport pour empêcher un exil forcé en Ukraine.

« Maria est de bonne humeur, prête au combat, elle ne nie pas les actes dont on l'accuse », a déclaré son avocate, Lioudmila Kazak : « Elle confirme qu'elle a déchiré exprès son passeport pour rester au Bélarus ».

Minsk affirme au contraire qu'elle avait été jetée dans les mains des forces de l'ordre par ses camarades.

La cheffe de file de l'opposition bélarusse, réfugiée sous la menace en Lituanie dans la foulée du scrutin du 9 août, a dénoncé les « enlèvements » de Kolesnikova et Znak et réclamé leur « libération sans délai ».

« Loukachenko a peur des négociations et essaye de paralyser le travail du conseil de coordination (...) Il n'y a pas d'alternative aux négociations », a-t-elle estimé dans un communiqué.

Elle a rencontré mercredi à Varsovie le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, avant de donner un discours devant la diaspora bélarusse, assurant que Loukachenko « n'est plus légitime aux yeux des gens ».

Malgré la répression des manifestations et les pressions contre les opposants, la rue continue de se mobiliser, réunissant tous les dimanches depuis quatre semaines plus de 100.000 personnes à Minsk.

« Notre pays a été kidnappé, les meilleurs ont été kidnappés. Mais des centaines d'autres viendront », a déclaré Svetlana Alexievitch dans un communiqué : « Loukachenko dit qu'il ne parlera pas avec la rue (...) Ce n'est pas la rue, c'est le peuple ».

Appel aux Russes

Tikhanovskaïa a lancé mercredi un appel aux Russes à soutenir dans sa « lutte pour la liberté » le peuple bélarusse, et à ne pas croire à la « propagande » prétendant que les adversaires d'Alexandre Loukachenko sont anti-russes. « A aucune étape, cela n'a été une lutte contre la Russie », a-t-elle dit, alors que Loukachenko a accusé ses détracteurs d'être pilotés par les Occidentaux et d'user du Bélarus comme tremplin pour déstabiliser Moscou.

Alexandre Loukachenko a répété mercredi qu'il ne partira pas sous la pression, mais a aussi évoqué pour la première fois une éventuelle présidentielle anticipée. Celle-ci reste toutefois liée à un vague projet de réforme constitutionnelle, sans aucun calendrier.

Après avoir accusé Moscou de chercher à l'écarter, M. Loukachenko a effectué un virage à 180 degrés, plaidant désormais pour le soutien russe.

Il s'est entretenu à plusieurs reprises avec le président russe Vladimir Poutine, qui a promis d'envoyer des troupes si la contestation devait dégénérer en violences. Un sommet entre les deux hommes est prévu bientôt.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.